On l'aura bien compris : trois années après la mise en place du Pacte national pour l'émergence industrielle, le bilan ressort mitigé. En tout cas, avant même l'entame des troisièmes assises de l'industrie, le ministre du Commerce et de l'industrie a clairement fait savoir qu'en dépit des avancées réalisées, l'heure est à la prudence car des risques conjoncturels planent toujours. À ce titre, le bilan dressé par Abdelkader Aâmara ne manque pas de soulever les points sur lesquels la vigilance est plus que jamais de mise. «Si nous parlons de vigilance, c'est pour interpeller l'ensemble des parties prenantes, gouvernement et acteurs privés, sur la nécessité de se pencher sur les pistes de résolution des problématiques relevées», précise Aâmara. Ces problématiques sont d'abord liées au volet du foncier. Le pacte Emergence a en effet prévu la création de plusieurs zones industrielles. Or, dans les faits, les pouvoirs publics se sont vus confrontés à la non-disponibilité du foncier. On se rappelle déjà qu'il y a quelques jours, le chef de gouvernement évoquait ce problème lors de son passage au Parlement. Et Aâmara d'insister que «malgré les efforts déployés, nous risquons de nous retrouver bientôt face à des problèmes de foncier dans des zones où la demande est très forte». L'exemple le plus significatif dans ce domaine est d'ailleurs celui de Casablanca. D'où justement l'explosion du phénomène de la spéculation. Auprès de la tutelle, si les pistes de solutions sont au stade de la réflexion, il faudra néanmoins attendre les résultats du diagnostic des disponibilités de foncier, notamment celui de l'Etat avant de décider de la manière la plus adéquate de sa mise à disposition des industriels intéressés. «Il faudra également favoriser l'attractivité de nouvelles zones où la pression sur le foncier se fait moins sentir», ajoute Aâmara. Au-delà du foncier, le manque de compétences spécialisées est un autre point nodal. Avec l'élan de certains secteurs, les craintes sont formulées aujourd'hui auprès des opérateurs sur une éventuelle carence de compétences. La crainte à ce niveau est qu'il y ait une surenchère sur les ressources disponibles, ce qui risquerait d'impacter significativement la compétitivité de l'industrie marocaine (voir aussi ECO-PME de l'édition de demain des ECO). Enfin le troisième point qui inquiète la tutelle est lié au financement des PME. «Il faut lancer la réflexion et revoir le programme pour faciliter l'accès de ces entreprises aux financements», reconnaît le ministre. Quoiqu'il en soit et en attendant que des solutions concrètes soient trouvées à ces trois axes, le pacte émergence devrait se poursuivre en misant sur les différents métiers mondiaux du Maroc. Ces métiers, dont la liste devait être rallongée après ces assises, ont globalement signé jusque-là des performances à deux chiffres. Certains ajustements seront toutefois nécessaires, à l'instar du textile où le ministère tentera de faire profiter les opérateurs de la nouvelle tendance mondiale. Par ailleurs, pour ce qui est du secteur de l'électronique où les performances sont plutôt restées modestes, les autorités espèrent attirer de nouveaux grands acteurs capables de créer une croissance plus soutenue. Pour l'automobile et l'aéronautique les choses semblent aller bon train.