«Le réveil du secteur privé doit faire partie intégrante du réveil arabe», a déclaré sans ambages Christine Lagarde, directrice générale du FMI, lors de la récente présentation d'un rapport sur le rôle de l'investissement étranger dans l'optimisation du potentiel économique du Maghreb. «Il n'y a aucun meilleur moyen pour y parvenir que par l'investissement, en ouvrant davantage vos économies aux nouvelles possibilités et en mettant à profit la sagesse et les ressources des autres pays et des autres régions», a lancé l'ancienne ministre française des finances à l'endroit des représentants des gouvernements des cinq pays membres de l'UMA, lors de la rencontre de Nouakchott, où le rapport a été présenté. Pour le FMI, qui fait désormais partie prenante du processus d'intégration économique des pays d'Afrique du Nord, «une société nouvelle a besoin d'une économie nouvelle». Le rapport, qui se démarque par une critique assez sévère de l'absence d'intégration pour la région, a ainsi plaidé pour que l'économie du Maghreb soit au service des peuples du Maghreb. «Il est plus que jamais nécessaire d'avoir une croissance économique forte et soutenue, une croissance solidaire, dont les fruits sont généreusement partagés, une croissance qui crée suffisamment d'emplois pour répondre aux aspirations des jeunes générations», souligne le document. Selon les experts de l'institution internationale, le modèle de développement économique jusque-là en place n'était pas à la hauteur puisqu'il n'a pas réussi à «créer un environnement propice fondé sur la justice et la transparence, qui puisse favoriser la promotion du secteur privé. C'est pourquoi, a insisté le FMI, le «réveil arabe» doit donc aussi conduire à un «réveil du secteur privé», en optimisant le potentiel productif du peuple maghrébin et en créant un environnement adéquat pour l'innovation, l'esprit d'entreprise, la créativité et l'emploi. Dans ce sens, l'investissement direct étranger est un élément essentiel de cette stratégie, puisqu'il peut propulser la croissance et enclencher un cercle vertueux, où l'accroissement de la productivité mène à la diversification de l'économie et à une plus grande résistance aux chocs exogènes. Climat des affaires et IDE Dans un rapport qui s'inscrit dans le même registre, les experts de l'UNICA/CEA ont relevé le fait que deux décennies après la signature du traité de Marrakech, la zone de libre-échange de l'UMA par exemple, initialement programmée pour 1992, en est encore au stade de projet. De ce fait, la sous-région continue d'accuser un déficit en termes de transformation structurelle de ses économies et la croissance de l'économie et celle des investissements productifs enregistrées durant la décennie 2000 n'ont pas été suffisantes pour absorber l'accroissement de la population active. Le rapport souligne que «tous ces défis structurels nécessitent d'interroger ensemble le processus d'intégration, pour une remise à niveau subséquente, afin de renforcer les capacités de résilience de ses pays membres aux crises et chocs exogènes et de leur permettre de se hisser au rang d'économies émergentes et viables». Pour le FMI, les pays du Maghreb ont l'obligation, pour faire face à ces défis, de multiplier les efforts pour «une plus grande intégration, internationalisation et diversification». Cela devrait passer par le renforcement de leur stabilité économique, la maîtrise de leurs coûts pour une meilleure compétitivité et l'amélioration de leur système éducatif. En bref, il s'agit de viser l'objectif commun d'améliorer le climat des affaires, pour créer les conditions propices d'une plus grande attractivité des IDE dans la région, en profitant de ses atouts stratégiques : position géostratégique et un marché de près de 100 millions de consommateurs.