Les déclarations des chefs de partis politiques avant la tenue du scrutin ont mis en avant la nécessité de participer massivement aux élections, avec un optimisme prudent pour la plupart des leaders politiques sur les résultats du scrutin. A la veille du scrutin, et à l'occasion de leurs sorties médiatiques, les dirigeants des grands partis politiques, en lice pour le double scrutin législatif et régional, ont affiché des réactions qui mettent en exergue l'impératif de réussir le pari de ces échéances électorales. Surtout que celles-ci interviennent dans un contexte historique pour le pays, en lutte, depuis mars 2020, contre la propagation de la pandémie du Covid19. Le SG du PJD, Saâd Eddine El Otmani, dans sa dernière tournée effectuée à Azrou, a laissé entendre que le PJD parie sur «la nécessité de convaincre les citoyens, qui devront assumer leur rôle à travers le vote et le choix des candidats les plus proches de leurs soucis». Le chef du gouvernement sortant a aussi appelé les électeurs à voter massivement pour son parti tout en insistant sur l'importance de participer au scrutin. Pour sa part, le leader du parti de la colombe, Aziz Akhannouch, a déclaré, durant le dernier meeting électoral, tenu dans la région de l'Oriental, que le RNI «a présenté un programme réaliste et exhaustif qui répond aux attentes des citoyens». Durant ses interventions dans plusieurs villes de la région de l'Oriental, le n°1 du RNI a insisté sur l'offre de son parti, basée sur «les conclusions tirées des chiffres relatifs aux attentes de près de 300.000 citoyens, et qui sera réalisable quand le parti aura eu la confiance des électeurs pour la gestion des affaires publiques». Si la réaction des deux leaders, au sein du gouvernement sortant, a été marquée par la retenue, celle du chef du PAM a été, quant à elle, plus catégorique. «Le PAM remportera les élections », a indiqué Abdellatif Ouahbi lors de sa dernière rencontre électorale à Sidi-Kacem, avant d'ajouter que «la compétition sera rude, mais le travail accompli au sein de l'ensemble des circonscriptions devra donner l'avantage au PAM», a-t-il ajouté. La confiance, affichée par le leader du parti du tracteur, a été émise avec la remarque qu'«aucune ligne rouge, en matière d'alliances électorales, ne sera tracée, de même que les alliances locales seront gérées de manière séparée». De son côté, le leader de l'Istiqlal a été optimiste, quant au changement à opérer durant le prochain mandat. Pour le SG du parti de la balance, «les prémices du changement ont commencé avec les élections des chambres professionnelles, et la forte participation aux opérations d'inscription aux listes électorales marquera une coupure avec le mandat précédent », a-t-il précisé durant sa dernière sortie à Rabat. Les scénarios probables, sauf grande surprise, donnent le PJD, le RNI, le PAM et l'Istiqlal comme grands favoris. Si les deux premiers partis partagent l'expérience d'avoir mené conjointement la majorité gouvernementale, les deux autres, à savoir le PAM et l'Istiqlal, abordent le scrutin avec un objectif bien précis, celui de réaliser une «alternance politique». Pour plusieurs observateurs, le profil du prochain Chef du gouvernement reste incertain, même après la proclamation des résultats, du fait que son mandat «n'est pas uniquement à vocation interne, mais internationale également », précise un analyste, sous couvert d'anonymat. Pour lui, l'essentiel est que «la formation du nouveau gouvernement devra se faire de manière rapide pour être au rendez-vous de l'ouverture de la session parlementaire, prévue le 8 octobre prochain». Le taux de participation reste, quant à lui, un enjeu majeur, qui devrait tirer profit de «l'amélioration du seuil de la confiance des citoyens dans la gestion publique durant la crise sanitaire», a-t-il tenu à préciser. Il faut dire aussi que la mobilisation nationale, engendrée par la crise sanitaire, pourrait être un élément à même de conforter le taux de participation durant le scrutin. Et ce, sans oublier que le prochain mandat «sera marqué par la mise en œuvre du Nouveau modèle de développement dont le gouvernement aura la charge », dixit le même analyste. Enfin, le seuil électoral, qui a été révisé, devra avoir un impact direct sur le nombre total des sièges qui pourraient être remportés, et qui ne devront certainement pas dépasser 90, selon les prévisions établies dans ce sens. Programme électoral : le RNI dresse une vision pour le prochain mandat La bataille autour des programmes électoraux a atteint son paroxysme durant la campagne électorale, dans le but de définir devant les électeurs des objectifs bien précis pour le prochain mandat. L'évaluation des programmes des 4 grands partis favoris pour le scrutin montre que le RNI a capitalisé sur son expérience au gouvernement en vue de tracer plusieurs feuilles de route portant sur le pôle social et les stratégies sectorielles, mais aussi sur le parachèvement du plan exécutif pour la mise en œuvre du Nouveau modèle de développement. Ainsi, pour le RNI, «la destruction de centaines de milliers d'emplois causée par la crise sanitaire a renforcé l'urgence de mettre en œuvre une politique budgétaire favorable à la croissance et à l'emploi». Pour atténuer l'impact de la crise, le parti de la colombe compte mettre «immédiatement en œuvre un plan de relance de l'activité, incluant notamment un vaste programme de travaux publics. Cette réponse conjoncturelle sera accompagnée d'une nouvelle génération de plans sectoriels dans l'agriculture, la pêche, l'industrie, le tourisme et l'artisanat», selon l'engagement qui a été donné par le parti. C'est pour dire que le programme électoral du parti de la colombe se base sur l'hypothèse d'une éventuelle participation au prochain gouvernement dans l'objectif de parachever les chantiers en cours, essentiellement dans les pôles ministériels que le parti a géré durant le mandat qui s'achève, en attendant de voir l'apport de la nouvelle ingénierie gouvernementale qui sera adoptée après le verdict des urnes. Younes Bennajah / Les Inspirations ECO