Après que l'Istiqlal ait confirmé son entrée au gouvernement, les trois partis formant la majorité actuelle procèdent aux arbitrages pour compléter leur union, en cherchant d'abord une forte assise parlementaire. Le MP donne des signes positifs, tandis que l'hésitation de l'USFP s'atténue après l'entrée de l'Istiqlal. La seconde manche des pourparlers pour former le nouveau gouvernement s'annonce la plus cruciale pour le chef de gouvernement désigné, Abdelilah Benkirane. Après la décision attendue de l'Istiqlal de participer au nouvel Exécutif, les yeux sont actuellement braqués sur les quatre autres partis qui sont toujours concernés par l'adhésion à la nouvelle majorité, dont deux ont fixé la date du 29 octobre pour décider de leur statut durant le mandat 2016-2021. Si L'Istiqlal et l'USFP n'ont pas eu besoin d'un long temps de réflexion pour livrer leurs conclusions tirées des élections, le ton des sorties médiatiques des leaders des deux partis est resté pratiquement le même, avec une grande implication des deux formations durant et après la rencontre avec le leader du PJD sur le positionnement dans le nouvel échiquier parlementaire. L'USFP choisit son camp Lors de la dernière réunion du bureau politique du parti de la rose, tenue le 21 octobre, le parti a estimé que la priorité devra être donnée, durant les concertations pour la formation du nouveau gouvernement, «aux programmes et aux projets dans l'objectif d'immuniser le choix démocratique, la mise en œuvre de la constitution et la satisfaction des demandes du peuple», comme indiqué dans le compte rendu de cette réunion. «L'USFP opère toujours ses choix selon les exigences de la construction démocratique et ne peut que se ranger du côté nationaliste et démocratique, que ce soit pour militer pour le respect des droits de l'Homme ou pour œuvrer à une plus grande justice sociale qui garantit la dignité et l'égalité», selon le même communiqué. Cette allusion directe laisse en effet dégager un penchant au sein des membres du bureau politique vers l'entrée au gouvernement et qui devra davantage se renforcer après l'unanimité par laquelle le Conseil national de l'Istiqlal a approuvé la décision du Comité exécutif. Les deux partis avaient décidé de coordonner leurs actions durant cette étape de concertation, avec «une délégation» qui a été donnée à Hamid Chabat, non seulement pour discuter avec Benikrane de l'acceptation de former le gouvernement, mais également pour choisir les alliés. Le MP demeure optimiste Le bureau politique du MP a également laissé la porte ouverte avant la réunion extraordinaire de son Conseil national prévue le samedi prochain. Un exposé, au sujet de sa rencontre avec le chef de gouvernement nommé, a été donné par Mohand Laenser après le tête-à-tête avec Benkirane et qui a permis aux «membres du bureau politique du parti d'avoir une vue exhaustive et précise sur la teneur de ses entretiens avec Abdelilah Benkirane», indique un communiqué du bureau politique du MP. Les dirigeants du parti ont «passé en revue l'expérience du gouvernement sortant et la contribution du Mouvement populaire à sa réussite, ainsi que les dysfonctionnements qui auraient entaché cette expérience», ajoute la même source qui ne donne pas d'indices supplémentaires sur les intentions du vote des membres du Conseil national, attendu dans quelques jours. De son côté Laenser a souligné, durant cette réunion d'évaluation, que «la nécessité de prendre en considération les priorités du parti et de ses militants dans la perspective d'une éventuelle participation au gouvernement», tout en soulignant que «la décision de participer ou non au gouvernement demeure l'une des prérogatives du Conseil national du parti qui se réunira le 29 octobre courant». Le RNI sort enfin de son mutisme Après la formation d'un groupe parlementaire commun entre le RNI et l'UC, les deux partis ont scellé leur statut partagé lors de ce mandat, que ce soit au sein de la majorité ou de l'opposition. Si l'Istiqlal a voulu anticiper, le RNI a préféré temporiser en vue de pouvoir décider en ayant une visibilité sur la nature de l'alliance gouvernementale qui est en train de prendre forme. La session extraordinaire du parti de la colombe sera cruciale dans la mesure où elle décidera également du sort de l'UC, dont le SG Mohamed Sajid semblait vouloir tourner la page de 20 ans dans l'opposition. Pourtant, s'il est difficile d'évaluer l'impact de l'optimise et de l'enthousiasme de l'UC sur la décision des membres du petit parlement du RNI le samedi prochain, le RNI semble avoir tous les arguments en vue de rejoindre un gouvernement élargi, tel que cela découle de la démarche adoptée par le PJD durant la 1re manche des concertations.