L'Espagne et les Pays-Bas cèdent chaque année des parts sur le marché communautaire européen de la tomate fraîche en faveur du Maroc et la Turquie. Bien que la production espagnole et hollandaise de tomates ait baissé, les producteurs de ces deux pays se tournent de plus en plus, vers des légumes plus rentables et vers la tomate transformée pour éviter la concurrence des pays tiers. Tout au long des cinq dernières années, l'Espagne et les Pays-Bas cèdent, chaque année, des parts sur le marché communautaire européen de la tomate en faveur du Maroc et la Turquie qui sont des pays tiers. C'est du moins ce qui ressort des chiffres préparés par Hortoinfo à la base des données du service statistique Euroestacom (Icex-Eurostat) et le Tarif intégré des communautés européennes (TARIC). En se référant au premier semestre de chaque année, les productions espagnoles et hollandaises de tomate ont respectivement baissé, de 117,92 et 77,56 millions de kilos, soit un recul de plus de 27 et 21%. Par contre, les acheminements à l'export du Maroc et la Turquie, ont enregistré respectivement un accroissement de 35,44 et 25,8 millions de kilos, soit l'équivalent d'une hausse frôlant les 15 et 34%. Bien que ces données ne concernent que les premiers semestres des cinq dernières années (de janvier à juin), soit une partie du calendrier de production et d'exportation, les principaux producteurs de fruits et légumes en Europe, notamment l'Espagne, la France et les Pays-Bas..., se tournent de plus en plus, vers des légumes plus rentables, en plus de la tomate transformée, pour éviter la concurrence des pays de l'UE, mais aussi des pays tiers. À cela s'ajoute, la sortie du marché britannique de l'espace communautaire européen. La production marocaine améliore son score Toujours selon les mêmes chiffres, entre le 1er janvier et le 30 juin 2021, l'Espagne a vendu 310,86 millions de kilos de tomates sur le territoire communautaire, contre 428,27 millions de kilos vendus durant la même période de 2017. De leur côté, les Pays-Bas ont vendu durant cette même période l'équivalent de 290,87 millions de kilos de tomates dans l'UE au cours des six premiers mois de cette année, contre 368,43 millions de kilos en 2017, soit un écart de l'ordre 77,56 millions de kilos en comparaison avec 2021. Pour sa part, le Maroc a intensifié ses exportations de tomates vers l'UE, avec une augmentation constante au cours des six premiers mois des cinq dernières années. Le volume de tomates marocaines vendues dans l'UE au premier semestre 2021 a augmenté de 15,85% par rapport aux ventes des cinq dernières années, atteignant presque les ventes réalisées par les Pays-Bas. Au premier semestre 2021, le Maroc a vendu 262,84 millions de kilos de tomates aux Etats membres de l'UE, contre 227,4 millions de kilos en 2017. Toutefois, bien que la production marocaine ait progressé puisque le marché européen est demandeur, il faut souligner que les quantités qui ne paient pas de taxe sont en stagnation alors que celles qui paient le droit de dédouanement sont en nette évolution. Pour la Turquie, ses ventes de tomates ont diminué jusqu'en 2019, alors qu'elles ont commencé à rebondir depuis le premier semestre de cette année (2019). En analysant les cinq dernières années, la Turquie a augmenté ses exportations de tomates vers l'UE de 34,6 %, soit 25,8 millions de kilos de plus, passant de 74, 86 millions de kilos en 2017 à 100,66 millions de kilos au cours des six premiers mois de l'année 2021. Le marché communautaire importera 664.000 t en 2021 Par ailleurs, la Commission européenne (CE) a publié son habituel rapport sur les perspectives à court terme des marchés agricoles relevant de l'Union européenne. Ce rapport, dont les prévisions correspondantes à l'été 2021 stipulent que le marché communautaire européen importera l'équivalent de 664.000 tonnes de tomates fraîches en 2021, soit une progression de l'ordre de 7% par rapport à la saison précédente de 2020. S'agissant de l'export, les pays connus pour leur proximité agricole avec l'UE exporteront une quantité égale à 350.000 tonnes de tomates, en baisse d'environ 21% de ce qui a été expédié l'année dernière. Dans cette perspective, le rapport révèle que le Maroc, en tant que pays tiers, demeure le premier exportateur, hors continent européen, qui approvisionne le marché communautaire européen en tomates. En se référant toujours à ce rapport, le Maroc totalise 70% des exportations à l'UE alors que les exportations en provenance de Turquie représentent l'équivalent de 17% durant la période oscillant entre janvier et avril 2021, soit une progression de 36% par rapport à la même période l'année 2020. S'agissant des exportations marocaines, elles se sont stabilisées, d'après le rapport. 5% de baisse durant les cinq dernières années L'autre fait marquant de ces perspectives à court terme, c'est que les exportations de tomates fraîches de l'UE devraient encore s'inscrire dans un trend baissier au cours de l'année 2021. À cet égard, la Commission européenne prévoit que la production de tomates fraîches diminue de 2% en 2021, représentant une baisse de 5% par rapport aux cinq dernières années, en raison du recul de 10% de la production en Espagne, qui est le principal producteur de tomates de l'UE. À cela s'ajoute, un recul en France de l'ordre de 2%. Dans le détail, les exportations de tomates fraîches de l'UE, en baisse depuis 2013, devraient atteindre 350.000 tonnes en 2021, soit un recul de 21% en 2020. Cette forte baisse est due essentiellement au repli des exportations vers le Royaume-Uni à hauteur de 37% en janvier-avril 2021, en comparaison avec la même période de l'année dernière. Pour rappel, le marché britannique demeurait le plus grand débouché commercial d'exportation de l'UE à hauteur de 52%. Yassine Saber / Les Inspirations ECO