Le tourisme a été un des secteurs les plus impactés par la crise sanitaire Covid-19 et continue de souffrir de la dégradation de la situation sanitaire. Craignant pour leur avenir, les professionnels tirent la sonnette d'alarme et demandent un énième coup de pouce. Les sociétés hôtelières et les établissements touristiques au Maroc bénéficient d'une fiscalité avantageuse. Les opérateurs jouissent d'un taux de TVA réduit et d'une réduction d'impôt sur les sociétés pour la part de leur chiffre d'affaires en devise. Néanmoins, l'activité hôtelière est soumise à des taxes locales spécifiques. Il s'agit de la taxe de séjour à ajouter à la facture de vente à la charge du client, de la taxe de promotion touristique qui se calcule sur chaque nuitée et chaque personne et de la taxe de débit des boissons qui s'applique sur les exploitants des cafés, de bars de salons de thé et en général par tout débitant de boissons à consommer sur place. Des prélèvements «marginaux» en cas de boom touristique. Seulement voilà, depuis deux ans, rien ne va dans le secteur. La Covid-19 s'est emparée des opérateurs, qui malgré les nombreux avantages fiscaux, dont ils bénéficient jusqu'ici, n'en peuvent plus. Selon les estimations d'une revue de recherches en tourisme, rien que pendant le mois de mars 2020, le pays a perdu une centaine de milliers d'arrivées. Les pertes que subira le secteur entre 2020 et 2022 sont ainsi évaluées à 138 MMDH. Des prévisions qui se précisent, malgré les tentatives de relances marquées par les fermetures et réouvertures des établissements hôteliers. Ce qui ne rassure guère les opérateurs. Ils demandent une énième fois un coup de pouce fiscal alors que la pandémie continue de se propager dans le pays. C'est le cas notamment des professionnels de l'Oriental qui, craignant des faillites en masse, tirent la sonnette d'alarme en réclamant un moratoire fiscal sur les taxes locales. «Ce que nous craignons, c'est que le secteur se retrouve incapable de faire face à la crise actuelle», alerte Youssef Zaki. Selon le président du CRT de l'Oriental, «les mesures proposées par le gouvernement aux opérateurs sont certes à saluer, mais elles demeurent insuffisantes face aux énormes défis auxquels le secteur du tourisme fait face». Il propose ainsi «un moratoire fiscal sur les taxes locales afin de donner un nouveau souffle à l'activité touristique». Pour Zaki, qui avait pourtant bien accueilli le plan de relance de l'Office national marocain du tourisme, présenté en avril dernier à Casablanca, saluant dans la foulée «un travail bien fait qui devait épargner le Maroc de se retrouver à la traîne au moment de la réouverture des frontières et de la reprise mondiale du secteur touristique», il est nécessaire d'accorder aux professionnels un délai. Il milite également pour une cessation de ce qu'il considère comme un harcèlement de la part des compagnies d'assurance «qui ne proposent aucune offre solidaire» en ces temps durs et d'incertitude. Ces supplices viennent s'ajouter au long chapelet de doléances des professionnels qui s'inquiètent pour leur avenir. Hamid Bentahar, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), indiquait récemment qu'il était «indispensable que nous obtenions le prolongement des mesures de soutien à l'emploi et aux entreprises touristiques jusqu'à fin décembre 2021». Pour rappel, pour soutenir le secteur et garantir sa relance en sortie de crise, un contrat-programme, avait été signé le 6 août 2020. Face à la persistance de la crise sanitaire et la dégradation du contexte économique, il a été procédé à l'actualisation des dispositions de ce contrat-programme à travers un avenant ayant pour priorité la préservation des emplois et du tissu économique. Le document prévoyait 21 mesures dont le prolongement du dispositif d'indemnité forfaitaire destinée aux employés du secteur jusqu'au 31 mars 2021. Il était également prévu de faire bénéficier, pour la première fois, les salariés des établissements touristiques sous contrat avec des entreprises d'intérim de l'indemnité forfaitaire, ainsi que certains cas particuliers, notamment le personnel ayant été en arrêt de travail pour raisons médicales en février 2020. Compte tenu de la crise inédite que traverse le secteur, tous les partenaires ont été mobilisés pour veiller à la bonne exécution des termes de cet avenant au contrat-programme. Mais, après plusieurs mois de ballottement entre arrêts et reprises, aucune filière du secteur ne s'est vue épargnée. Tous, voyagistes, guides, hôteliers, restaurateurs, transporteurs touristiques...subissent les effets massifs de la crise. Khadim Mbaye / Les Inspirations ECO