L'évolution du secteur du BTP pour 2013 est suspendue aux discussions sur le projet de loi de finances, ouvert la semaine dernière au Parlement. À la Fédération nationale du BTP, on n'y va pas par quatre chemins pour critiquer certaines orientations de ce projet, qui ne sont pas «favorables» au secteur. C'est le cas notamment dans le cadre du «partenariat public-privé que le gouvernement semble privilégier et qui risque de profiter davantage aux entreprises étrangères». L'auteur de ces propos, Bouchaib Benhamida, le président de la FNBTP, appelle à une «préférence pour les entreprises marocaines» pour sauver le secteur. Car, insiste-t-il, «à ce rythme, tout ce que nous [ndlr: les opérateurs Marocains] avons acquis comme expérience depuis des décennies risque d'être perdu». Actuellement, rappelle-t-il, la plupart des projets sont raflés par les filiales des multinationales et les dispositions de la loi de finances risquent de faire perdurer cette donne. On pointe également du doigt la concurrence féroce des PME européennes, à la recherche de débouchés au Maroc et dans les pays émergents, en raison de la saturation du marché européen, accentuée notamment par la crise économique. Le montant des micro-marchés remportés par ces PME étrangères fluctue actuellement entre 2 et 3 MMDH. À en croire les professionnels marocains, ces concurrents qui préfèrent s'approvisionner à l'étranger, n'hésitent pas à proposer des prix artificiellement plus bas que les opérateurs locaux. «Une concurrence déloyale» devenue une véritable source de préoccupation. Autre préoccupation plus vive chez les fabricants de matériaux de construction (béton, brique, marbre, carrelage, acier...), «l'inondation» du marché marocain par des produits étrangers. Conséquence logique de la levée des barrières douanières entre le Maroc et ses partenaires européens. Seulement, les professionnels locaux ont plus de mal à écouler leur production, au moment où ils avaient consentis d'importants investissements pour améliorer et augmenter leurs capacités de production. Face à toutes ces menaces sur l'avenir du secteur, les professionnels locaux ont essayé d'interpeller le gouvernement sur les dispositions du projet de loi de finances. Le département de Nizar Baraka a notamment reçu leurs «observations». Toutefois, les réponses reçues via le Secrétariat général du gouvernement (SGG) «ne sont pas claires et nous les interprétons comme une fin de non-recevoir», se désole Bouchaib Benhamida, qui ne cache pas ses «inquiétudes» pour l'avenir. L'espoir, pour la FNBTP, repose à présent sur les amendements attendus à l'issue des débats au sein de l'hémicycle pour faire mieux qu'en 2012. Une année au terme de laquelle la croissance du secteur devrait avoisiner les 4,5%. Actuellement, rassure le président de la FNBTP, «le secteur se porte bien et le carnet de commandes est bon». Le BTP est curieusement l'un des rares secteurs à afficher des indicateurs positifs si l'on se fie à la note de conjoncture pour le mois d'octobre, publiée récemment par la Direction des études et des prévisions financières du ministère de l'Economie et des finances. En effet, le secteur du bâtiment et des travaux publics est parvenu à tirer son épingle du jeu, grâce à la consommation de ciment, en hausse de 2,7% à fin août. La poursuite des investissements publics en 2013 dans le cadre des grands chantiers devrait contribuer à renforcer cette forme relative. En 2012, l'investissement public s'est établi à 188 MMDH, contre 167 MMDH en 2011. Cependant, pour les opérateurs nationaux, le secteur ne saurait vraiment bénéficier des enveloppes prévues pour les années à venir que si les pouvoirs publics «préfèrent» les entreprises locales à leurs concurrentes étrangères. Un pari difficile à gagner !