■ La FNBTP accuse certaines entreprises étrangères de concurrence déloyales avec des soumissions non correctes. ■ La présence d'entreprises étrangères permet de hisser le niveau du marché, surtout en matière de qualité et de technicité. On assiste de plus en plus à la pénétration des entreprises étrangères dans le marché du BTP marocain. Il y a plusieurs raisons qui expliquent ce phénomène. D'abord l'ouverture du Maroc aux firmes internationales puisque le pays est signataire des accords de libre-échange de l'OMC et avec l'Union européenne. Il y a aussi une forte demande, l'Etat ayant lancé de vastes chantiers en même temps et dans plusieurs régions du Royaume. Malgré leur développement, les entreprises nationales n'arrivent pas encore à satisfaire les besoins du pays. Elles n'ont pas encore atteint la taille critique pour couvrir tout le territoire, en plus de la question de la technicité et des compétence. Certains projets comme Tanger Med, le TGV, le Tramway ou les autoroutes, nécessitent un savoir-faire de pointe et une capacité financière qui ne sont pas toujours disponibles chez les firmes locales. Ceci dit, les associations et les représentants du secteur du BTP estiment toujours qu'il n'y a pas de mécanismes favorisant l'entreprise nationale, contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays. La Fédération nationale du BTP (FNBTP) par la voix de son président Bouchaib Benhamida, a toujours avancé que «malgré une concurrence rude d'entreprises étrangères, les sociétés nationales ont réalisé des projets d'envergure dans tous les domaines du BTP sans la moindre défaillance, contrairement à beaucoup de leurs concurrentes étrangères. Pas un grand projet réalisé par les entreprises marocaines n'a connu de retard ou de défaillance». En effet, certains projets ont connu quelques perturbations sinon l'arrêt avant d'être repris par d'autres sociétés à travers un nouvel appel d'offres. L'exemple type est celui de l'élargissement de l'autoroute Casablanca-Rabat à trois voies confié dans un premier temps à une société portugaise. Celle-là, sous l'effet de la crise financière et économique en Europe, a fait faillite et était dans l'incapacité d'achever le projet. Il a été attribué par la suite à une société turque. Mais il faut dire que cet axe a connu au moins une année de retard avec les désagréments causés aux usagers de ce tronçon. Mais pour l'Administration marocaine, on précise que «les entreprises marocaines sont favorisées si elles sont à égalité d'offres avec une entreprise étrangère». L'idée est de chercher l'intérêt général. Même les entreprises étrangères sont tenues de sous-traiter avec des entreprises marocaines pour les grands projets. Par ailleurs, il faut préciser qu'il y a des projets nécessitant un financement étranger où le bailleur de fonds exige qu'une ou des entreprises de ce pays réalisent totalement ou partiellement le projet. Mais un autre fait saillant, évoqué par les professionnels marocains, est relatif à l'existence d'une sorte de dumping exercé par les entreprises étrangères, notamment turques et chinoises qui, du fait de plusieurs formes de soutien et de subvention de la part de leurs Etats sont pratiquement les moins disantes dans les appels d'offres et décrochent facilement les marchés. «C'est une concurrence déloyale qui menace le tissu national du BTP», a déploré Benhamida avant de préciser que ces entreprises pratiquent des prix inconcevables pour décrocher les marchés ; soit elles sont aidées par leur gouvernement et de ce fait elle sont dans un dumping déloyal, soit elles cassent les prix et se retrouvent incapables d'achever les projets avec ce que cela induira comme conséquences». Pour remédier à cette situation la nouvelle loi sur les marchés publics prône plus de transparence mais une simplification des procédures, en réduisant au maximum les entraves, notamment les documents demandés. Sur la base des pièces à fournir, il y a plusieurs façons d'invalider les offres car l'entreprise une fois adjudicataire peut fournir les éléments nécessaires. Les sociétés marocaines évoquent toujours la problématique des recours devant la commission dédiée qui regroupe le département concerné ou l'ordonnateur et le maître d'ouvrage dont l'avis reste seulement consultatif et non d'exécution. La Fédération a toujours prôné que cette tâche soit confiée à un organisme indépendant. Par ailleurs, il faut noter que les entreprises étrangères sont bien structurées et bénéficient d'un large soutien de leur gouvernement comme des subventions pour l'acquisition du matériel. Il y a aussi un financement à des taux nuls ou compétitifs et la réalisation de certains services comme les études gratuitement. ■ Dossier réalisé par C. J. L. B.