Maroc Numeric ira au-delà de 2013. C'est l'annonce faite en grande pompe par Mounia Boucetta, Secrétaire générale du ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, à l'occasion de la tenue des deuxièmes Assises des utilisateurs des systèmes d'information. Le ministère envisage, en effet, de lancer un bilan de la stratégie Maroc Numeric 2013, pour analyser les avancées réalisées, mais surtout pour déterminer une nouvelle feuille de route pour poursuivre la stratégie de promotion de l'usage des technologies de l'information. «Il s'agit d'établir un bilan exhaustif, pour mieux cerner les marges de progrès et mettre en place la feuille de route de l'après 2013», souligne Boucetta. Pour cette dernière, le défi dans le cadre de la stratégie numérique du Maroc est de développer une filière des technologies de l'information locale, en soutenant la création et la croissance des acteurs locaux et en faisant émerger des pôles d'excellence. En attendant la concrétisation de cet espoir, force est de constater que le gouvernement mise beaucoup sur la mobilisation des acteurs privés pour le développement de la stratégie. Pas plus tard que le 10 octobre courant, le chef de gouvernement a consacré une audience à Jean Philippe Courtois, vice-président de Microsoft corporation, pour débattre, entre autres, des moyens que pourrait mettre le groupe américain à disposition du Maroc pour soutenir la stratégie de dématérialisation de l'administration publique, ainsi que des moyens à même d'assurer une meilleure mobilisation des talents pour le développement des IT (Information technology). Le même jour, c'était au tour de Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique accompagné d'une quinzaine de présidents d'universités, de s'asseoir autour de la table avec le numéro 2 de Microsoft. En effet, cette rencontre a eu pour objectif de mettre le cloud à la disposition des étudiants des universités marocaines. C'est dire le rôle qu'ont à jouer les acteurs privés dans le cadre du développement d'un Maroc numérique. Par ailleurs, l'heure est aujourd'hui clairement à la refonte du modèle de développement des IT au Maroc. C'est du moins ce qui ressort de l'analyse de Ouafa Kathir, directrice d'IDC. Selon l'experte, le Maroc mise aujourd'hui beaucoup plus dans l'infrastructure que les autres pays du monde. Plus de 77% des budgets IT dans le royaume sont dédiés aux infrastructures, alors que dans les autres pays du monde cela ne dépasse pas les 55%. Disons qu'il est aujourd'hui davantage question de s'intéresser à d'autres solutions, comme le cloud computing, qui permet aux entreprises, particulièrement aux PME, de s'intégrer plus facilement dans l'économie numérique. «Ce n'est pas en finançant l'équipement en PC portables que l'on peut aider une PME, mais plutôt en mettant en place des solutions hybrides pour le cloud par exemple, qui leur permettent de réduire sensiblement leurs coûts», insiste Ouafa Kathir. Ouafa Kathir, Directrice d'IDC. «Il serait important d'insistersur l'aspect continuité» Les Echos quotidien : Quelle analyse faites-vousde l'évolution du secteur des IT au Maroc ? Ouafa Kathir : Tout d'abord, concernant le volet lié à la croissance, le marché a enregistré une évolution estimée à 12% et nous pensons que cette tendance va se maintenir jusqu'à la fin de l'année. Le marché est par ailleurs caractérisé par une transformation de l'offre et de la demande, notamment au niveau des métiers DSI où les professionnels tendent davantage vers l'innovation, pour trouver des solutions à forte valeur ajoutée. Nous constatons également l'émergence du cloud computing et de solutions offrant la mobilité. Comment voyez-vous le déploiement de Maroc numeric 2013 et quels peuvent être les points sur lesquels il faut s'atteler à l'avenir ? Je pense que la démarche suivie par les équipes qui veillent sur l'économie numérique est intelligente. Aujourd'hui, on parle d'un bilan d'étape qui leur permettra de concevoir l'approche à adopter à l'avenir et cela est indispensable. Ce bilan devrait leur permettre d'identifier les bonnes pratiques. Maintenant, il serait important d'insister sur l'aspect continuité. Cela ne sert à rien de construire une nouvelle stratégie totalement déconnectée de l'ancienne. C'est là l'élément central sur lequel il faudra se pencher. On dit que le Maroc investit un peu trop dans les infrastructures IT. Pensez-vous qu'il faille aujourd'hui freiner cette dynamique ? Pas du tout ! L'investissement en infrastructures est très important. Cependant, nous avons pu constater qu'il existe des solutions intelligentes qui permettent de réduire le coût de l'investissement en infrastructures. Nous savons tous que l'un des soucis majeurs des entreprises, qu'il s'agisse de grandes structures ou de PME, est de maîtriser leurs coûts. Passer à l'outsourcing serait donc une solution adéquate pour les entreprises marocaines.