C'est la grande rentrée à la CGEM. Hier se tenait en effet au siège du patronat le conseil d'administration de la rentrée, l'occasion pour marquer l'entame du véritable travail de la CGEM sous l'ère de Miriem Bensalah. Il faut dire que depuis l'élection de cette dernière en mai dernier, l'attention avait jusque là été surtout portée sur l'élaboration des propositions de la CGEM pour la loi de finances 2013. Maintenant que c'est fait, le nouveau bureau de la CGEM entame la phase consacrée aux missions des différentes commissions durant le mandat actuel. C'est ainsi que le conseil d'administration a validé le plan d'action des différentes commissions. Ces dernières «élaboreront et mettront en œuvre la stratégie de travail du patronat pour les 3 prochaines années, pour une CGEM visionnaire, force de proposition sur les problématiques stratégiques du pays et des entreprises», indique-t-on auprès de la CGEM. En gros, les axes de travail adoptés par le conseil prennent principalement l'air d'une répartition sur les différentes commissions des grands axes retenus par le nouveau bureau de la CGEM lors de son investiture. PME, Communication, climats des affaires... l'agenda s'annonce chargé. Ce dernier devra être détaillé lors du prochain conseil national de l'entreprise (CNE), que le conseil d'administration de la CGEM a programmé pour le 27 septembre courant. Sur le volet Loi de Finances 2013, également inscrit à l'ordre du jour, le conseil d'administration a retenu «la synthèse des propositions pour la loi de finances 2013», comme l'un des points à l'ordre du jour du conseil national de l'entreprise, programmé. La feuille de route du patronat est donc toute tracée pour les trois prochaines années. Il reste maintenant juste à rallier l'ensemble des membres de la CGEM à la même cause. À ce niveau, la tâche ne s'annonce pas si facile que cela. Déjà ce premier conseil de la rentrée a été l'occasion pour certains de prouver que la nouvelle présidente, bien qu'elle ait fait l'unanimité à son élection devra rester vigilente quant à quelques grincements de de dents qui commencent à se faire entendre en coulisses. Selon des sources bien informées, quelques fédérations auraient exprimé leur déception et auraient critiqué la manière de faire de la nouvelle présidente et auraient vu d'un mauvais œil le fait qu'elles ne soient pas assez impliquées en amont et pas assez mises en avant lors de certaines rencontres officielles. A titre d'exemple, la récente audience accordée par le ministre de l'Economie et des finances à Miriem Bensalah où cette dernière a préféré être accompagnée par les ténors de son bureau (patrons de banques ou d'opérateurs télécoms), «oubliant» de convier des présidents de fédérations professionnelles. Ce genre de critiques sont habituelles pendant la période qui suit la prise de fonction de tout nouveau président de la CGEM, en attendant que les uns et les autres s'habituent à son style. Certes, la conjoncture actuelle ne facilite pas la tâche à Bensalah mais en même temps, elle fait en sorte que les attentes des opérateurs économiques sont grandes et que tout le défi est de garder la cohésion de groupe pour une plus grande efficacité. Commissions PME La commission PME, l'un des domaines où le nouveau bureau accorde une attention particulière, devra s'atteler au développement des rencontres régionales et sensibiliser les PME-PMI marocaines sur les programmes d'appui, les réalisations de la CPME-CGEM et les sensibiliser aux meilleures pratiques internationales (benchmarking). L'action de sensibilisation concernera également l'importance d'adopter les nouvelles dispositions sur les délais de paiements. De plus, le nouveau président de la commission PME, Saad Hamoumi et son équipe devront renforcer le développement de l'innovation et la R&D au sein des PME-PMI marocaines et mettre en place l'observatoire national de la PME-PMI. Sur le plan de la communication, là encore le programme est chargé. D'abord, il s'agit d'élaborer une stratégie de communication sur la base des grandes orientations et du plan d'action de la CGEM, ainsi que de structurer la communication en interne et mettre en réseau les différentes sources d'informations. Assurer une redistribution fluide et cohérente de l'information, constituer une équipe permanente en vue d'opérationnaliser la stratégie de la Commission communication, renforcer la communication externe et mettre en relief les différentes actions au niveau sectoriel et régional, sont autant d'axes sur lesquels devra se concentrer la commission PME. Commission juridique et des règles de médiation Pour Hicham Naciri, président de la commission juridique et des règles de médiation, les trois prochaines années seront principalement axées sur l'élaboration et la finalisation des propositions de réformes législatives, ainsi que sur les procédures et formalités à simplifier, en vue d'améliorer le climat des affaires. La commission se fixe également comme objectif la constitution d'une plateforme de conseil pour la CGEM, ses fédérations et ses commissions et répondre aux besoins de réalisation, ainsi qu'au suivi des travaux juridiques. En outre, les axes de travail fixés par le Conseil d'administration tenu hier, incluent la participation à la dynamisation et à la mise en œuvre du partenariat public/privé, ainsi que la représentation de la CGEM au sein de l'instance instaurée pour le dialogue national portant sur la réforme de la justice. Notons par ailleurs que Hicham Naciri et son équipe devront participer au renforcement du recours aux règles d'arbitrage et de médiation, comme modes alternatifs de résolution des litiges et assurer la représentation de la CGEM au sein des centres de médiation partenaires de la CGEM. Commission coordination régionale L'agenda sera chargé dans cette commission. La priorité a été mise dans la mise en place d'un «think tank» dédié aux régions au sein du patronat, ainsi que d'un système de suivi de l'information statistique régionale. Il s'agira également pour cette commission d'harmoniser les communications interne et externe des antennes patronales régionales, et d'assurer le suivi et l'extension de l'organisation régionale. La Commission coordination régional se chargera également du renforcement des partenariats régionaux et internationaux institutionnels et privés, ainsi que de la consolidation des outils de financement des PME régionales. L'équipe prévoit également l'organisation des rencontres phares et des missions B to B dans les régions du royaume. Le renforcement du recours aux règles de médiation dans les régions comme mode alternatif de résolution des litiges, sera également de mise. Commission développement relations sud-sud La coopération sud-sud sera en effet également parmi les chantiers du patronat. La commission en charge de ce dossier compte ainsi intensifier les affaires marocaines, ainsi qu'inciter et promouvoir, dans leurs opérations commerciales, les investissements dans d'autres économies du continent. L'objectif est de saisir les opportunités de coopérations Sud-Sud et de contribuer à l'amélioration du cadre institutionnel des échanges. L'idée est également de pouvoir mener des opérations de prospection d'investissement sur ces marchés partenaires Commission économie verte Le patronat ne s'intéressera pas uniquement au business. L'environnement et le développement durable seront également au centre des affaires sur les trois prochaines années. Cela devrait se réaliser à travers l'accompagnement de l'opérationnalisation de la Charte nationale de l'environnement et du développement durable, ainsi que l'accompagnement des stratégies nationales dans les secteurs liés à l'économie verte et visant la création de richesses et d'emplois «verts». La Commission économie verte se chargera également de la formulation du point de vue des entreprises sur les nouveaux textes réglementaires, en matière de protection de l'environnement. L'organe compte également mener des propositions pour une fiscalité verte accélérant le développement de l'économie verte, et développer ainsi le processus d'engagement volontaire en matière de développement durable. La commission s'évertuera également à faciliter l'accès des entreprises aux financements dédiés à la protection de l'environnement et à l'économie de ressources. Par ailleurs, le développement de partenariats au niveau national et international est aussi dans le programme, ainsi que le renforcement du Centre marocain de production propre (CMPP). Commission emploi et relations sociales L'emploi est et restera à coup sûr l'un des plus grands dossiers du nouveau patronat sur les trois prochaines années. La commission dédiée à cette problématique de tous les temps compte en tout cas miser sur le développement d'une flexibilité d'un marché du travail responsable. Elle compte également faire aboutir le pacte national pour l'emploi, et lancer l'observatoire de l'emploi et de l'employabilité. Sur le volet social, aussi, les idées et ambitions ne manquent pas. La commission compte ainsi organiser un sommet social et travailler pour l'instauration d'un dialogue social direct et durable. Elle vise également à faire voter le droit de grève, et d'adapter le code du travail à la réalité économique nationale. Commission logistique La logistique sera certainement l'une des commissions les plus en vue durant le mandat actuel. Le plan d'action de cette dernière semble en effet bien chargé. Ce sera évidement la stratégie nationale pour la logistique qui devrait s'accaparer l'attention. Ainsi, la commission prévoit de travailler de concert avec l'AMDL, pour l'établissement des différents contrats d'applications, ainsi que de coordonner l'action de l'AMDL avec le département de l'Industrie pour l'intégration de la stratégie logistique dans les schémas nationaux P2I. L'accompagnement des PME dans leur localisation sera également dans ce sens d'actualité. Par ailleurs, la commission a inscrit parmi ses objectifs l'intégration de la vision régionale via un rapprochement avec les différentes représentations dans les régions. La dynamisation de la mise en œuvre des différentes mesures inscrites dans la stratégie et son plan d'action, l'intégration des propositions des professionnels dans cette stratégie et la mise en place de l'observatoire de la logistique sont les autres grands axes sur lesquels devra se pencher la commission présidée par Mohamed Talal. Commission partenariat grandes entreprises/PME La Commission chargée du partenariat entre les grandes entreprises et les PME devrait veiller à participer à la création d'un cadre favorable permettant aux grands comptes de bénéficier de gains de compétitivité en intégrant dans leur chaîne de valeur des PME innovantes, ainsi que l'accompagnement des PME en vue d'étendre leurs marchés, de se développer dans de bonnes conditions, dans le but d'atteindre la taille critique. C'est du moins ce qu'inscrit le patronat à l'ordre du jour du plan d'action de cette commission. Par ailleurs, il est prévu de concrétiser cela via la définition des problématiques et la caractérisation de la population concernée et le recensement des études existantes et le diagnostic de la relation PME /grandes entreprises. Une fois cette tâche accomplie, la commission pourra s'atteler sur la mise en œuvre d'une expérience pilote avec des donneurs d'ordre volontaires, avant un déploiement général. Notons que ce sera finalement Mohamed Bekkali qui assurera la vice-présidence de cette commission. Commission communication Il semble que la nouvelle présidente de la CGEM veuille faire de la communication le fer de lance de sa stratégie et ceci en partant des grandes orientations et du plan d'actions de l'organisation patronale. En interne, l'accent est mis sur la structuration de l'information tout en mettant en réseau ses différentes sources et en assurant sa redistribution de manière fluide et cohérente. La communication externe n'est pas en reste. Toute la priorité est accordée à un meilleur développement des outils performants (médias, édition, événements, web et digital..). Sans omettre l'importance de l'élaboration des messages et la mise en relief des différentes actions au niveau sectoriel et régional. De quoi garantir une meilleure ouverture de la CGEM sur son environnement externe. Seulement, pour réussir cette mission, une équipe permanente est à constituer en vue d'opérationnaliser la stratégie de la Commission communication. Commission coordination des conseils d'affaires La Commission coordination des conseils d'affaires prône l'efficacité. Elle s'est fixée comme actions prioritaires durant la période 2012-2015 d'assurer un rôle de coordination transversale avec les divers Conseils d'affaires régionaux, afin de veiller à l'efficience des actions déployées, en cohérence avec les orientations générales définies par la CGEM. Elle promet aussi d'œuvrer avec les Conseils d'affaires Maroc-pays européens, pays africains et pays arabes pour faire du Maroc une plateforme de commerce vers l'Afrique et les pays arabes ainsi que le redéploiement industriel tourné vers l'Europe, et ceci dans l'objectif de faire du Maroc une plateforme financière et un centre de décisions tourné vers l'Afrique. Ce n'est pas tout, cette commission s'engage à coopérer avec les Conseils d'affaires Maroco-européens pour l'édification économique du statut avancé du Maroc avec l'Union européenne ainsi qu'avec les Conseils d'affaires maghrébins à la construction d'un ensemble économique intégré du Maghreb. Le renforcement des relations économiques et des échanges commerciaux avec les USA et les économies des BRICS figure aussi parmi les priorités de cette commission pour le renforcement de la compétitivité industrielle du Maroc. Commission compensation industrielle et accès aux marchés publics Faciliter aux entreprises l'accès aux marchés publics et favoriser la mise en place d'un cadre législatif imposant la compensation industrielle se trouvent à la tête des priorités de la Commission compensation industrielle et accès aux marchés publics. Celle-ci se propose dans ce cadre d'instaurer la notion de préférence nationale dans le cadre de la révision du décret régissant les marchés publics et de mettre en place un observatoire économique de l'achat public. Dans la même lignée, elle promet de rechercher de nouveaux partenaires en vue d'organiser des B to B autour des grands projets structurants (TGV, centrales,...), tout en garantissant une meilleure inclusion des entreprises nationales dans le cadre des marchés régis par des partenariats publics-privés (PPP). Commission banques/entreprises L'amélioration de la relation des banques et des entreprises est inscrite en tête des priorités de la CGEM, vu qu'une commission spécifique lui a été dédiée. Cette dernière prévoit ainsi dans son plan d'action l'amélioration du dialogue PME-banques, en créant une passerelle entre les deux univers et en créant avec l'aide du GPBM un pole d'experts pouvant accompagner les PME qui le souhaitent dans la mise en place de leur financement. Parallèlement, la commission vise l'accompagnement des fédérations sectorielles pour comprendre les besoins spécifiques de leur industrie, ainsi que pour veiller à structurer avec les banques des produits spécifiques, adaptés par secteur/taille d'entreprise. Enfin, il est question d'instaurer un accompagnement des grandes politiques sectorielles nationales en proposant en partenariat avec les banques, des modes de financement structurés sur mesure. Fiscalité C'est l'une des commissions les plus importantes et qui pèse lourdement dans la vie de la CGEM. Chapeautée par Abdelkader Boukhriss en tant que président et Jaouad Hjiej en tant que vice-président, la commission fiscalité devra travailler sur l'amélioration et la simplification du système fiscal national. Un système qui est souvent critiqué par les entreprises marocaines, notamment à cause de sa lourdeur procédurale. Elle devra bien évidemment aussi participer aux débats et réflexions autour des questions fiscales : projets de lois de finances et circulaires, assises fiscales... La commission aura à sa charge l'organisation d'évènements en relation avec l'actualité fiscale. Il s'agit aussi d'assurer une veille et une anticipation de l'environnement fiscal, tout en diffusant une information régulière aux membres. Formation professionnelle Mohamed Slassi Senoussi (président) et Toufik Cherradi (vice président) auront la lourde tâche de piloter la commission formation professionnelle. Celle-ci se chargera, en outre, de la refonte des mécanismes des CSF, un système en panne depuis des années déjà et qui ne profite nullement aux entreprises malgré que celles-ci y versent des taxes (www.lesechos.ma). Sur ce point, la commission devra «œuvrer pour la mise en place d'un dispositif institutionnel efficient en charge du développement en cours d'emploi des qualifications des ressources humaines au service de la compétitivité de l'entreprise marocaine». Ce n'est pas tout, puisque cette commisson a également en charge la contribution à la reformulation du système national des certifications (diplômes) dans le but de le rendre pertinent. Ce qui devrait en principe, comme le souligne la CGEM, «répondre aux besoins de l'emploi et à l'inclusion sociale». Investissement, compétitivité et émergence industrielle La mission confiée à cette commission, conduite par Mohamed Fikrat (président) et Nouzha Taariji Marrakchi (vice-présidente), consiste à «contribuer à la mise en place d'un environnement attractif et à une visibilité suffisante favorisant les investissements pour les entrepreneurs nationaux et internationaux. Pour cela, la commission est appelée à élaborer «des propositions concertées», tout en participant aux plans d'actions nécessaires avec les différents partenaires des entrepreneurs. Elle devra aussi assurer la promotion de la compétitivité des entreprises marocaines et l'émergence industrielle. Ethique et bonne gouvernance Pour cette commission, il s'agit de faire comprendre au monde des affaires aussi bien actuel que futur, «que la transparence est un levier pour une performance globale et pérenne des entreprises, en formant et informant les entrepreneurs sur les enjeux et les risques de la corruption». Il est également question de développer et de promouvoir, avec les pouvoirs publics, des mécanismes de prévention et de sanctions (Codes, RSE, portail Stop corruption...). Le pilotage de cette commission a été confié à Zakaria Fahim, en tant que président et à Bouchra Ghiati en tant que vice-présidente. Exploitation des ALE et relations internationales «Améliorer, en concertation avec le gouvernement, la préparation, le suivi et la mise en œuvre des accords de libre-échange entre le Maroc et ses partenaires». C'est l'une des missions dont se chargera la commission exploitation des ALE et relations internationales, à la tête de laquelle on trouve Younès Zrikem (président) et Nawal Elaidaoui (vice-président). Là, il faut bien rappeler que la plupart des ALE signés par le Maroc sont décriés aujourd'hui par les entreprises locales. Cette commission s'occupera de la promotion et de l'accompagnement des accords de libre-échange à travers notamment le renforcement de l'offre exportable et l'appui de la logistique à l'exportation. Une logistique qui reste très faible et nullement compétitive. La commission devra également «réaffirmer et renforcer les choix stratégiques du pays dans le domaine des relations économiques internationales», via l'activation et la mise en oeuvre réelle du statut avancé.