La grande distribution compte bien renforcer son positionnement dans un secteur où elle ne représente que 13% du chiffre d'affaires, avec près de 15 milliards de DH en 2011. Nul n'ignore en effet la course enclenchée par les opérateurs à l'ouverture des points de vente. Le nombre des grandes surfaces a été multiplié par dix ces dix dernières années et le meilleur est encore à venir. Selon les analystes de Sogebourse, le secteur se fixe «un objectif de quelques 600 unités tous formats confondus à l'horizon 2020». Pour Label'vie par exemple, l'objectif de sa stratégie est d'ouvrir 9.000m2 de surface de vente additionnelle, avec une plus grande couverture du territoire national. Il en est de même pour Marjane, qui ambitionne d'ouvrir 40 magasins entre 2012 et 2014. Mais est-ce suffisant pour concurrencer les commerces traditionnels ? Observateurs et analystes sont convaincus que ce sera principalement le hard discount qui permettrait à ce secteur de concurrencer les canaux traditionnels. La révolution introduite par l'opérateur turc BIM n'en est que la parfaite illustration. Jamais en effet les grandes surfaces n'auraient cru pouvoir rivaliser avec les épiceries du coin, avant l'installation de BIM au Maroc. Du coup, c'est une nouvelle tendance qui est en train de s'emparer du secteur de la grande distribution. Déjà pour l'opérateur turc, on parle aujourd'hui de multiplier par 5, voire par 6, le nombre de points de vente au Maroc sur les prochaines années. Label Vie, forte de son partenariat avec le français Carrefour, n'a pas attendu longtemps pour répondre à cette pression concurrentielle, en lançant en début d'année son premier magasin hard discount, Carrefour Maxi. Cette tendance s'explique principalement par l'importance que représente le facteur prix dans ce secteur. Il reste maintenant à savoir si le hard discounter présente en effet les prix les moins chers ou si c'est juste un effet de communication. En l'absence de statistiques officielles sur les prix dans le secteur de la grande distribution, un site spécialisé s'est récemment prêté au jeu du comparatif via une enquête sur le terrain. Sur un panier de produits sélectionnés, il s'est en effet avéré que la différence de prix chez un discounter comme BIM pouvait atteindre jusqu'à 8%. Le seul hic est que les discounters ne proposent généralement pas de tous les produits que pourrait proposer une enseigne dite «normale». C'est ce qui permet d'ailleurs à des mastodontes historiques comme Marjane ou Acima de maintenir leurs parts de marché, malgré les différences de prix avérées. Ce sera donc le véritable enjeu qu'auront à relever les opérateurs de la grande distribution, dans un contexte aussi concurrentiel : marier prix attractivifs et offre complète. En attendant, force est de souligner que la modernisation du secteur de la distribution passe également par le degré d'implication des pouvoirs publics. À ce titre, notons que les autorités de tutelle prévoient la création de 15 centres commerciaux à travers le pays, qui pourraient abriter 3.000 magasins de franchise et contribueraient à doter le secteur d'un total de 450.000 emplois. La question de l'encouragement de la construction de nouveaux hypermarchés ainsi que des solderies et des magasins d'usine est également abordée. Sans parler de l'ouverture vers l'Afrique, pari lancé par quelques enseignes.