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Une rentrée à quitte ou double
Publié dans Les ECO le 28 - 08 - 2012

L'heure de vérité est intensément proche pour Benkirane et son équipe. La rentrée gouvernementale s'annonce en effet préoccupante pour le gouvernement, bien que les ministres n'aient pas eu droit au repos durant la saison estivale. Face à un été surbooké, le chef d'orchestre, Abdelilah Benkirane, avait décidé de priver ses hommes de vacances, histoire de pousser tout le monde à se pencher sur les dossiers chauds de la rentrée, et de les finaliser au moment opportun. Voici venue l'heure fatidique.
Le cabinet dirigé par le PJD semble se retrouver à la croisée des chemins pour convaincre et sauvegarder sa popularité acquise dans le sillage des législatives de novembre dernier, ou tout simplement, décevoir et perdre davantage de soutiens, aussi bien au niveau des couches défavorisées, qu'auprès des acteurs économiques et autres observateurs et analystes. Loi des finances 2013, élections locales et renouvellement de la Chambre des conseillers, bonne gouvernance, réformes de l'éducation et de la justice, relance du dialogue social sont, entre autres, les dossiers brûlants qui vont servir d'indicateurs de taille sur la capacité de l'actuelle coalition gouvernementale à gérer les affaires publiques. Pour certains de ces dossiers, le chemin est à baliser, alors que pour d'autres, c'est l'heure de les «liquider».
La particularité de la prochaine loi des finances est qu'elle doit porter la marque de l'actuelle équipe, contrairement à celle héritée du gouvernement sortant, et qui continue de «retarder» la concrétisation de certaines attentes au niveau de la politique économique déclinée par la coalition gouvernementale. On pense logiquement à la réforme de la Caisse de compensation, aux nouvelles orientations de la politique macro-économique (va-t-on se contenter de réformes de courte durée en cette période de crise, ou enfin mettre en place une vision plus globale, et de longue durée ?), sans oublier l'accroissement du taux de croissance... qui devait atteindre les 7% à l'horizon 2015, si l'on se rappelle encore de certaines promesses électorales. Il est un autre dossier majeur qui attire toutes les attentions, c'est la réforme de la justice, en gestation depuis le mois de mai dernier. Les conclusions de la Haute instance sont attendues en ce mois de septembre prochain. Un mois de septembre qui devrait aussi ouvrir la voie à la fin des fameuses tractations sur les nominations aux postes de responsabilités dans l'administration publique. La divulgation des futurs noms des directeurs d'entreprises et d'offices publics devrait permettre de savoir si réellement le gouvernement aura pu réussir à placer «ses hommes », ou s'il laissera les «déçus du changement» continuer à soutenir bec et ongles que tout est dicté «d'en haut»...
Nouveau souffle
À l'entame de ce nouveau match dont le coup d'envoi sera donné dans quelques semaines, il faudra, de toute évidence, pour Benkirane et Cie, faire preuve de beaucoup d'endurance, après les prolongations de l'été. En dehors de la bonne gestion de ces dossiers, l'équipe actuelle sera appelée à rectifier le tir sur bien des points. À commencer par la cohésion au sein du navire gouvernemental, qui, il faut le reconnaître à fait défaut lors des huit premiers mois du mandat. À l'approche des élections locales de juin prochain, il faudrait probablement s'attendre à ce que ce scénario se poursuive. Il est une autre épine qu'est la communication. Les nombreux impairs des ministres du PJD, avec leurs fréquents «démentis» et «revirements» n'en finissent pas d'amuser, mais aussi de dépiter une opinion publique qui s'interroge toujours sur la capacité réelle des camarades de Benkirane à assurer leurs charges.
En politiciens madrés, le chef de gouvernement et ses hommes ont certainement appris à s'inspirer de leurs expériences pour éviter les innombrables pièges qui se trouvent sur leur chemin. Plus qu'une nécessité, il s'agit là d'une urgence pour se maintenir. Les élections qui s'annoncent peuvent aussi servir de stimulateur, face à l'obligation de résultats. Les électeurs s'attendent à un discours plus réaliste, fini le populisme des années de l'opposition. C'est dire que Benkirane et son équipe ont moins d'un an pour convaincre, bien qu'ils ne soient qu'à l'entame de leur quinquennat.
Equations à plusieurs inconnues
Loi de finances - Ça passe ou ça casse
C'est certainement le dossier le plus brûlant de la rentrée. La loi de finances 2013 devra porter les empreintes de l'équipe Benkirane, contrairement à celle de 2012, héritée du gouvernement El fassi. Elle constitue sans conteste un indicateur de taille sur la capacité de l'actuelle coalition gouvernementale à mettre en application son programme économique. Réformer la Caisse de compensation, limiter le déficit budgétaire, assurer le suivi des grands chantiers, redonner la confiance aux investisseurs nationaux et étrangers, redresser le taux de croissance... les attentes et promesses à réaliser sont nombreuses. Mais ce n'est pas tout. Avec la crise économique, il s'agit pour le cabinet Benkirane, de démontrer toute son inspiration afin de limiter la casse. Le tout, dans l'obligation d'impulser une politique économique à long terme pour le pays, et de redessiner le cadre législatif, conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution. Sur ce dernier point, l'adoption de la loi organique de finances est très attendue, bien que sa mise en œuvre définitive nécessite au moins trois à cinq ans. Les différentes rencontres tenues avec les professionnels des différents secteurs doivent déjà avoir permis au ministre de l'Economie et des finances, Nizar Baraka, de fixer les grands axes de la loi de cadrage.
Dialogue social - Nouvelle approche
Ils font partie du lourd héritage laissé par le gouvernement El Fassi et dont continue de souffrir l'équipe actuelle : les accords d'avril 2011 signés avec les centrales syndicales. Il s'agit à présent pour le cabinet dirigé par le PJD, d'entrer dans la seconde phase d'application des «acquis» obtenus par les organisations syndicales dans un contexte très favorable de «Printemps arabe». Il s'est engagé à s'y atteler, mais ne satisfait pas encore les syndicalistes, qui brandissent depuis, une autre série de revendications. Il s'agit de la loi sur la grève, de la loi sur les syndicats, de la caisse de l'indemnité pour perte d'emploi et du traitement de l'article 288 du Code concernant la liberté du travail. Le mois de septembre, devant marquer la reprise des négociations entre le gouvernement et les partenaires sociaux, donnera une idée sur le climat social durant l'année à venir. Tout d'abord, il faudra faire revenir à la table des négociations les «syndicats de l'opposition», à savoir la FDT (Fédération démocratique du travail) et la CDT (Confédération démocratique du travail), absents des rounds de négociations depuis l'automne dernier. De toute évidence, le gouvernement a intérêt à relancer le dialogue, au risque de faire face à nouveau à la paralysie des services publics lors de la saison écoulée.
Echéances électorales - Bilan d'étape
2013, année d'élections. D'abord au niveau des collectivités locales avec les communales et les régionales, puis le renouvellement de la Chambre des conseillers où le chef de gouvernement continue de souffrir de la majorité de l'opposition. Le scrutin communal servira d'antichambre de la Chambre haute du Parlement. Après son report d'un an, à juin 2013, cette échéance électorale constituera un véritable baromètre du maintien ou non de la popularité de Benkirane et de ses camarades. Une sorte de «midterm» à la marocaine qui attend encore que le chemin soit balisé, aussi bien par le ministère de l'Intérieur que par les partis politiques. En plus de l'adoption d'une série de lois relatives à la tenue des élections locales, c'est la mise en œuvre des recommandations de la Commission consultative de la régionalisation (CCR) qui pose problème. Le nouveau découpage à 12 régions proposé par la CCR, au lieu des 16 actuelles, peine à avoir l'assentiment de l'ensemble des formations du landerneau politique nationale, aussi bien du côté de la majorité que de l'opposition. Le gouvernement tarde encore à se prononcer clairement sur le sujet, tout en sachant que c'est un passage obligé pour aller vers les prochaines échéances électorales. Des scrutins à valeur de test pour Benkirane et cie.
Education nationale - Nouveau départ
Le gouvernement l'a envisagée et le roi l'a encouragée. La réforme de l'éducation ne devrait donc être qu'une question de temps et de stratégie. D'autant plus que le débat coïncide avec la fin, cette année, du programme d'urgence entamé en 2009. C'est l'un des «grands chantiers de mandat» de l'équipe Benkirane. Le ministre de l'Education nationale, Mohamed El Oufa, et son homologue de l'Enseignement supérieur, Lahcen Daoudi, ont de quoi meubler leur temps en cette veille de rentrée scolaire et universitaire. Le défi est de sortir le système éducatif national de sa léthargie, tout en conciliant fond et forme. Autrement dit, doter ce système d'infrastructure de qualités suffisantes, tout en assurant un bon niveau du contenu des programmes scolaires. Dans le supérieur, il s'agit surtout de parvenir à l'adéquation entre formation et besoins du marché, afin de lutter contre le chômage. Une démarche qui requiert certainement une très large implication de l'ensemble des acteurs concernés, aussi bien dans le cadre public que privé, sans oublier bien sûr le tissu associatif. Le gouvernement pourra certainement faire appel aux recommandations du Conseil économique et social, qui vont dans ce sens.
Réforme de la Justice - L'heure de vérité
«Il ne s'agit nullement de retouches ou de quelques améliorations, mais de réformes profondes». Mustapha Ramid semble y croire fermement. L'actuel garde des sceaux est déterminé à réussir à mettre en œuvre une vraie réforme de la justice. La Haute instance du dialogue national sur la justice, installée en mai dernier par le roi, devra incessamment rendre ses conclusions, afin de proposer ses «remèdes» à ce gros corps malade qu'est la justice marocaine. Cette réforme, survenue après l'érection de la justice en un pouvoir indépendant par la nouvelle Constitution, ne devrait pas proposer plus de deux choses : une véritable indépendance de la justice vis-à-vis des autres pouvoirs, et l'assainissement de ce département gangréné par la corruption.
Rentrée parlementaire - Obligation de résultat
Depuis son installation en décembre dernier, le Parlement a adopté moins de 25 projets de loi... et une seule proposition de loi. Les lois organiques prévues par la Constitution, mêmes les plus attendues comme celles sur la régionalisation et les finances, sont restées lettre morte. La fin de la toute dernière session extraordinaire a ouvert le débat sur le bilan des premiers mois de l'actuelle législature. Tous l'ont jugée en deçà des attentes, vu les nombreuses urgences. La responsabilité est partagée entre le gouvernement et les parlementaires qui, il faut le reconnaître, ne se sont pas distingués en matière de propositions de loi. Seuls une vingtaine de textes (propositions) ont atterri sur la table des 8 commissions depuis l'installation du nouvel hémicycle. La session d'automne qui démarre en octobre prochain, marquera peut-être une rupture.
Gouvernance - Transparence oblige
Quelle suite sera réservée aux différents dossiers polémiques qui ont défrayé ou qui continuent de défrayer la chronique, et ayant impliqué d'anciens responsables d'établissements publics ? Il s'agit entre autres du rapport de la Commission parlementaire sur l'OCE (Office de commercialisation et d'exportation), de l'affaire Mezouar et du directeur du Trésor, Ahmed Bensouda. Sans parler des prochains rapports qui porteront la signature du tout nouveau président de la Cour des comptes, Driss Jettou. L'opinion publique attend le PJD au tournant. Le parti de la lampe avait en effet construit son aura sur son fameux refrain de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Autre sujet qui retient l'attention en cette veille de rentrée : la nomination des futurs dirigeants des grands établissements publics. Ce sera l'occasion de savoir si, réellement, le gouvernement a son mot à dire sur la question.
Au Parlement aussi, ça chauffe
En dehors de la rentrée gouvernementale, il y en a une autre, très attendue, la parlementaire. En effet, face aux nombreux projets de loi qui attendent sur la table de l'Exécutif, la rentrée risque de démarrer sur un tempo très soutenu à l'hémicycle. Si la session est en principe consacrée à l'adoption du budget de l'Etat pour 2013, d'autres projets sont dans le circuit : loi organique des finances, mais aussi les lois organiques sur la régionalisation, sans parler de la loi électorale... les députés n'auront pas de temps à perdre. Cela risque de bousculer les règles habituelles au niveau du pouvoir législatif en cette période. En effet, la session d'octobre était d'habitude consacrée au vote du projet de loi de finances. Face à l'urgence qui s'impose, on risque donc d'assister à une séance «fourre-tout». De quoi accélérer la cadence de vote des différentes lois au niveau du Parlement, dont le bilan de la précédente session fait l'objet d'un véritable débat, vu les quelques dizaines de projets de lois approuvés.


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