C'est en principe ce lundi que le groupe parlementaire du PAM devra statuer sur la question de la motion de censure, que le parti du tracteur menace de déposer contre le gouvernement Benkirane. L'idée a été récemment évoquée par le secrétaire général du parti, Mustafa Bakkoury. «Il ne s'agit pour le moment que d'une déclaration d'intention en attendant la suite des évènements», a confié aux Echos quotidien, Mehdi Bensaid, député au titre du PAM à la Chambre des représentants. Selon d'autres sources proches du parti, le groupe parlementaire du PAM au sein de la première Chambre se penchera dès ce début de semaine pour juger de l'opportunité de ce recours et éventuellement décider de la suite du processus. «Il s'agit dans un premier temps et une fois que les députés du parti décideront de s'approprier l'initiative, d'engager des discussions avec les autres composantes de l'opposition», explique Bensaid qui explique cette démarche par le fait que le PAM à lui seul, ne pourrait aller au bout du dépôt de la motion. Selon les dispositions de la Constitution, en effet, le dépôt d'une motion de censure à la première Chambre est conditionné par la signature d'au moins 1/5e de ses membres. Contacté par Les Echos quotidien, un autre député de l'opposition nous a d'ailleurs confirmé que son parti n'a pas encore été saisi sur la question. Ce que confirme une source au sein du PAM qui nous a confié que ce n'est qu'après la décision du Parti et du groupe parlementaire, que les autres partis de l'opposition seront sollicités. «Nous allons d'abord soumettre l'initiative aux secrétaires généraux des différents partis de l'opposition, pour requérir leurs avis et décider ensemble d'agir collectivement pour le dépôt et la discussion de la mise en cause de la responsabilité gouvernementale». La semaine s'annonce donc décisive pour le PAM et l'opposition dans son ensemble. Il s'agira en effet de la première action commune d'envergure pour l'opposition et de la première épreuve pour le gouvernement Benkirane. Pour le PAM, le défi sera de rallier les autres partis à sa cause, ce qui semble acquis d'avance selon la direction du parti. Bakkoury a, en tout cas, affirmé que «dès que les conditions seront réunies, le PAM ne tardera pas à présenter la motion de censure». À l'évidence, c'est l'accord des autres Partis qu'attend la direction du PAM pour mettre sa menace à exécution. Calculs politiciens L'initiative du PAM n'aura de toute évidence aucune chance d'aboutir. La majorité gouvernementale, forte de ses 217 membres n'a en effet rien à craindre. C'est du reste, une issue à laquelle semble consciente l'opposition. Au PAM pourtant, on n'en démord pas. Pour le secrétaire général du parti du tracteur, le principal but de cette action vise à tirer la sonnette d'alarme sur les dysfonctionnements enregistrés, après plus de 6 mois d'exercice. C'est ce que confirme d'ailleurs, le député Mehdi Bensaid qui s'appuie sur la dernière réunion de la commission des Finances, au cours de laquelle «les ministres de l'Economie et du Budget ont tous reconnu leur échec sur plusieurs dossiers qui constituent des préoccupations majeures pour les Marocains». Pour le PAM donc, l'enjeu n'est pas de voir la motion aboutir à l'issue du vote, mais de contraindre le gouvernement, surtout son chef à s'expliquer devant le Parlement. Après les deux sorties d'Abdelilah Benkirane au cours desquelles l'opinion était restée largement sur sa faim, le débat sur une éventuelle motion de censure semble l'occasion opportune pour un débat de fonds sur des questions dont les députés savent que le gouvernement manque encore de visibilité. Parmi les sujets importants, la régionalisation avancée, les élections communales ou la lutte contre le chômage des jeunes. Une fois la liste des 1/5e des députés constituée, le principe pour le dépôt de la motion de censure sera acquis même si pour le reste, la suite est connue d'avance. Sauf que cette fois, les enjeux sont ailleurs. Selon les dispositions de la nouvelle Constitution, la mise en cause de la responsabilité gouvernementale par le vote d'une motion de censure est du ressort de la première Chambre. L'article 105 stipule que celle-ci n'est recevable que si elle est signée par le cinquième des membres composant la Chambre. La motion n'est approuvée dans ce cas qu'à l'issue d'un vote pris à la majorité absolue. Pour la seconde Chambre, où l'opposition est majoritaire et le PAM en position de force, elle ne peut qu'interpeller le gouvernement par le moyen d'une motion signée, également, par le cinquième des membres la composant. Néanmoins, au vu de la configuration politique du Parlement, notamment à la première Chambre, le PAM aurait sûrement mieux fait de déposer une motion de défiance à la Chambre des conseillers où les débats, véritables enjeux de l'heure, s'annoncent plus animés au vu des dernières sorties de Benkirane au Parlement. Cependant, même si le PAM sait d'avance que sa motion ne risque pas de passer, le vote qui sanctionnera les discussions permettra de sonder l'homogénéité de la majorité gouvernementale.