Pour les membres du bureau politique du PAM, Mustapha Bakkoury est l'homme qu'il faut. Contrairement à ceux qui qualifient cette élection de grande surprise, au congrès national extraordinaire que le parti du tracteur a tenu, le week-end dernier à Bouznika, l'ex-patron de la CDG et actuel président du directoire de l'Agence marocaine de l'énergie solaire a été le candidat favori de la compétition. Face à deux adversaires de poids léger, des jeunes du parti représentant Kariat Ba Mohamed et Safi, Bakkoury avait toutes ses chances de décrocher le siège du secrétaire général du parti, d'autant que l'un des deux concurrents a fini par se retirer. Pourquoi Bakkoury « Bakkoury est l'un des fondateurs du PAM et de sa première charte. Son expérience professionnelle et politique nous a convaincu qu'il dispose de toutes les qualités requises pour mener à bien le projet du PAM », explique au « Soir échos » la députée Milouda Hazib, membre du bureau politique du parti. Il est vrai que Bakkoury n'était pas des plus assidus aux réunions du parti comme d'autres d'ailleurs, mais sa réputation et son implication dans la création du PAM lui ont valu le respect et la confiance des militants PAMistes. « C'est un très bon gestionnaire ! » tient à préciser cette députée pour qui, cet élément reste essentiel à la mission que Bakkoury se voit confier. « Aujourd'hui, nous traversons une phase nouvelle et décisive pour l'avenir du pays. Le PAM veut améliorer ses structures et ses actions afin d'en être à la hauteur et parvenir à jouer un rôle constructif », révèle Milouda Hazib. Opposition oblige ! Dans les rangs de l'opposition, le PAM estime qu'il doit s'imposer par sa vigilance. « Nous devons nous assurer que le gouvernement tiendra ses promesses. Et dans ce but, nous sommes appelés à contrôler méticuleusement l'action gouvernementale pas à pas et contribuer à son succès », estime ce membre du bureau politique du PAM. Et de souligner que le parti veillera, en premier, au respect de la constitution. « C'est un projet social collectif que le gouvernement du PJD doit réaliser dans le respect des libertés de chacun. Malheureusement, sur ce point, nous avons toujours des craintes. Nous ne doutons aucunement de la volonté du gouvernement de Benkirane, mais notre crainte est nourrie par les convictions personnelles des militants du PJD », reconnait Milouda Hazib. Le PAM compte donc sur la sagesse de Bakkoury pour conduire son tracteur sans détracteurs, car au gestionnaire qu'il est, on lui reconnait aussi une autre qualité, celle d'être l'homme des concessions. Benkiran et le PI absents Avec Hakim Benchammas, élu à la tête du conseil national du PAM à l'unanimité, le parti s'assure un duo d'enfer. Le député Benchammas a d'ores et déjà brillé sous la coupole du Parlement par son franc-parler et sa célérité. C'est lui qui a conduit la commission d'enquête sur l'office des exports qui a fait couler beaucoup d'encre. Il est également l'un des fondateurs du Mouvement pour tous les démocrates (MTD), suite auquel il a rejoint le PAM où il a été secrétaire général adjoint. Au congrès du PAM qui a vu la participation de plus de 300 personnes, le chef du gouvernement n'a pas été présent. Invité, il s'est excusé pour des raisons de santé mais a tenu à marquer le coup en déléguant le secrétaire général adjoint du PJD, Abdellah Baha dont la présence a eu l'effet d'un grand réconfort pour le PAM. Ce qui a plutôt déçu ce dernier, c'est l'absence totale du Parti de l'Istiqlal. Aucun de ses dirigeants n'a fait le déplacement contrairement aux autres partis venus très nombreux assister à la séance inaugurale du vendredi dernier. Pas de scandale ! « L'absence du PI témoigne d'un manque de maturité. Ce n'est pas une divergence d'opinion qui brise les relations entre les partis d'autant qu'il est impossible d'avoir un parti unique. Il faut comprendre que c'est dans la différence d'opinion que se trouvent la complémentarité et la richesse politique », estime ce membre du bureau politique du PAM. Au cours du déroulement du congrès, le soulèvement de quelques jeunes a attiré l'attention de l'assistance. Des jeunes venus de Berkane n'ont pas apprécié la présence du RNIste Anis Birou. « En fait, c'est un conflit dont l'origine remonte à la période de la campagne électorale à Berkane opposant le RNI au PAM. Cela dit, rien n'a dégénéré et tout est rentré dans l'ordre très vite », affirme la députée du PAM. Tourné vers l'avenir, le parti du tracteur veut tourner une page pour entamer une nouvelle vie. Le PAM a donc décidé pour cela d'une meilleure structuration offrant aux jeunes et aux femmes le droit de disposer de leur propre organisation au sein du parti. Le parti a opté pour un changement radical dans l'espoir de peser plus lourd, qualitativement parlant, dans la balance politique.