Une manière d'éviter que le fossé séparant les pro et anti PAM ne se creuse au sein de son parti. Abbas El Fassi : «Le parti de l'Istiqlal est le seul qui décide quand il faut répondre et quand il ne le faut pas». Plus d'une semaine après les propos de Abdelilah Benkirane lors du dernier congrès du MP, le parti de l'Istiqlal a enfin daigné les commenter. Il l'a fait, bien entendu, à sa manière, le dimanche dernier lors de la deuxième session de son Comité central tenu à Rabat. Et comme c'est d'usage dans ce genre de circonstances, c'est le secrétaire général du parti de la Balance qui se devait de réagir et exprimer la position de sa formation sur cet incident. Fidèle à sa manière, Abbas El Fassi a tenté de ménager la chèvre le chou, évitant toute prise de position au risque de le payer très cher dans un proche avenir. Forcé d'évoquer les déclarations de Benkirane lors du dernier congrès du Mouvement populaire, le SG du parti de la balance a souligné que «de nombreux communiqués, déclarations et prises de position sont publiés chaque jour et le parti de l'Istiqlal est le seul qui décide quand il faut y répondre et quand il ne le faut pas». La raison de ce comportement, selon le SG du PI : «nous accordons la priorité au débat sur des questions importantes qui engagent l'avenir du pays ou concernent le vécu des citoyens et nous refuserons toujours de nous mêler à des discussions qui ne servent pas les intérêts du pays». Et d'ajouter : «nous réaffirmons ici que nous respectons tout le monde à quelque niveau que ce soit et (…) que nous respectons les diverses composantes de l'opposition». La messe est dite. Abbas El Fassi refuse donc de prendre cause et effet en faveur des déclarations de Benkirane, de même qu'il n'entend pas être une caisse de résonance des communiqués du Bureau politique du PAM. Par ailleurs, lors de la séance du 15 juin des questions orales à la Chambre des conseillers, Hakim Benchemache, le président du groupe PAM, a appelé ouvertement, dans un «droit d'informer», le Premier ministre à «sortir de son silence» et de «dénoncer la position de Benkirane». Cinq jours après cet appel, Abbas El Fassi donne une explication qui ne satisfait pas les protagonistes de cette affaire mais qui a le mérite de préserver les intérêts de l'Istiqlal tant avec le PAM qu'avec le PJD. Deux formations qui se vouent une haine viscérale. Sur la même longueur d'onde, l'USFP ne s'est pas prononcée sur cette affaire. C'est dire que les socialistes et les istiqlaliens tiennent à préserver leur indépendance de ton et d'action vis-à-vis du PAM. Un message à l'adresse du Tracteur qu'ils sont deux partis à part en prévision d'éventuels changements sur l'échiquier politique. La position de l'Istiqlal est somme toute prévisible, étant donné son histoire et sa proximité avec le PJD. Les deux partis se proclament de la même matrice conservatrice. Le PAM ne l'est pas. Mais les réalités politiques ne sont pas si étrangères à cette prise de position. Bon nombre d'observateurs s'accordent à dire que le PAM montre ces derniers temps des signes d'essoufflement qu'ils attribuent à l'absence de Fouad Ali el Himma, le fondateur du parti. En agissant de la sorte, Abbas El Fassi a évité également que le fossé séparant les pro et anti PAM ne se creuse au sein de son parti. Une manière de reporter la confrontation entre deux tendances diamétralement opposées. La position de l'Istiqlal est somme toute prévisible, étant donné son histoire et sa proximité avec le PJD. Les deux partis se proclamant de la même matrice conservatrice. La colère des amis du PAM Immédiatement après ces propos, le Bureau politique du PAM a publié des communiqués dénonçant la nouvelle sortie de Benkirane. Les RNI, MP, UC et même le PPS de Nabil Benabdellah se sont joints à la colère du PAM. L'Istiqlal et l'USFP, eux, ont préféré s'abstenir de soutenir cet élan anti-PJD. Face aux cascades de déclarations, Benkirane a été obligé de s'expliquer. Le 21 juin, c'était donc au tour du secrétariat général du PJD et en l'absence de Benkirane, de donner sa version des faits et d'exprimer sa surprise de la cabale anti-PJD.