Trois ans après son lancement et à quelques mois de sa clôture, qu'advient-il de la stratégie nationale pour la société de l'information et de l'économie numérique, baptisée Maroc Numeric 2013 ? Lancée en 2009, sous la tutelle du ministère du Commerce, de l'industrie, et des nouvelles technologies alors chapeauté par Ahmed Réda Chami, la stratégie était en fait née sous l'impulsion du discours du Trône du roi Mohammed VI, qui appelait alors le gouvernement à «adopter une nouvelle stratégie dédiée aux secteurs de l'industrie et des services, ainsi qu'au développement des nouvelles technologies». Il faut dire que le constat de l'époque n'était pas bien flatteur. En 2008, le Maroc se classait en effet au 140e rang de l'indice e-gouvernement des Nations-Unies, ou UN e-Gouvernement Survey, sur les 192 pays que comptent les nations unis. Heureusement, en 2012, le Maroc figurait cette fois-ci à la 56e place du même indice. Une preuve, s'il en fallait une, que le plan Maroc Numeric 2013 a porté en partie ses fruits.En dépit du changement de gouvernement, il semble que la transition n'a pas eu le temps de ralentir la cadence déjà bien entamée des réalisations de Maroc Numeric 2013. «Près de trois ans après son lancement, Maroc Numeric 2013 porte une dynamique soutenue de réalisations. Il y a eu un gros travail sur chacune des actions prioritaires de la stratégie. Nous sommes dans les temps pour la plupart des projets, mais le cap doit être maintenu. Des apports concrets se mesurent à différents niveaux, en étroite collaboration avec l'ensemble des ministères et établissements publics concernés», confie ainsi un responsable au ministère. Doté d'une enveloppe globale de 5,2 MMDH, Maroc Numeric 2013 doit donc positionner le Maroc comme un leader des nouvelles technologies (TIC). Pour cela, différents ministères ainsi que le privé, ont été mis à contribution pour élaborer ensemble le contenu de la stratégie. Celui-ci repose sur quatre «priorités stratégiques». Le programme Injaz a équipé plus de 60.000 étudiants La première de ces stratégies concerne la transformation sociale et vise à permettre l'accès aux TIC au plus grand nombre. Deux nouvelles initiatives phare ont été lancées dans cette optique. Il s'agit tout d'abord du projet Injaz qui consiste à équiper 80.000 élèves ingénieurs et assimilés d'un ordinateur portable et d'une connexion Internet, l'ensemble subventionné à 85% par l'Etat avec un plafond à hauteur de 3.600 DH. Jusqu'à aujourd'hui, et alors que 3 éditions d'Injaz ont déjà eu lieu, plus de 60.000 étudiants ont pu bénéficier du programme. La généralisation du programme à l'occasion de l'édition 2011-2012 à l'ensemble des étudiants de deuxième cycle de l'enseignement supérieur, et non plus seulement aux étudiants ingénieurs, aura permis d'équiper 37.000 étudiants en une seule année. D'ici 2013, et afin d'atteindre l'objectif initialement fixé des 80.000 étudiants, 20.000 étudiants supplémentaires devront donc être équipés du package Injaz lors de l'édition 2012-2013. Toujours dans le cadre de la priorité stratégique «transformation sociale», il est également prévu l'équipement de 400 centres d'accès communautaires (CAC), qui permettront aux populations isolées de bénéficier d'un centre équipé d'ordinateurs reliés à Internet. Identifiés parmi les sites de l'Entraide nationale et du programme INDH, 100 sites attendent toujours d'être équipés. Quant au programme Genie, il a déjà permis à près de 3.000 établissements scolaires d'être équipés en TIC. D'ici 2013, l'ensemble des établissements doivent subir le même sort. 136.000 ressources numériques ont en outre été acquises, adaptées à chaque cycle universitaire, sans oublier la mise en place du portail TICE. Environ 150.000 formations aux TIC ont été proposées au corps enseignant, aux directeurs, ou encore aux inspecteurs. E-Gov, le numérique utile au quotidien La deuxième priorité que prévoit Maroc Numeric 2013 vise la mise en place de «services publics orientés usagers». En bref, il s'agit d'un e-gouvernement facilement accessible aux citoyens et aux entreprises grâce à 89 services opérationnels, dont quarante services transactionnels tels que l'état civil, ou le paiement de la taxe d'habitation. 38% du budget global alloué à Maroc Numeric 2013, pour les 5 ans de sa validité sont d'ailleurs destinés à cet important chantier. «Tous les projets eGov prévus sont lancés et connaissent des niveaux différents de réalisation. On compte à ce jour 10 projets opérationnels, 8 en cours, dont 4 sont en phase de déploiement pilote», précise-t-on auprès du ministère de tutelle. Parmi les services d'ores et déjà opérationnels, nous pouvons citer les e-Déclarations sociales, le e-consulat via passeport.ma, la certification électronique, ou encore le paiement des différents impôts et taxes (Simpl-IR, Simpl-IS, Simpl-TVA). Actuellement en phase pilote, la prise de rendez-vous en ligne dans les hôpitaux et le premier guichet unique de commande en ligne de documents administratifs (www.watiqa.ma) facilitent déjà la vie de nombreux citoyens. Quant aux projets actuellement en cours, nous pouvons citer la Création d'entreprise en ligne (CREOL), la dématérialisation de la commande publique, ou encore le SIE-Education. À noter en outre, que des feuilles de route sont à l'étude pour de nouveaux projets identifiés comme prioritaires, et la plupart du temps proposés et notés par les usagers eux-mêmes. Moussanada, Infitah, Rawaj Troisième «priorité stratégique» de Maroc Numeric 2013, l'informatisation des PME. Moussanada TI, subvention de l'Etat à hauteur de 60% du besoin identifié en matière de TIC, et plafonné à 400.000 DH par PME, a ainsi pour but de dynamiser des secteurs à fort enjeu PIB, tels que le textile, l'automobile ou encore l'agroalimentaire. Pour l'heure, le programme a profité à plus de 200 PME bénéficiaires, pour environ 700 demandes reçues. Au profit des TPE, le programme Infitah a été lancé pour les sensibiliser aux apports des TI. À l'issue des séances de sensibilisation gratuites organisées dans les Chambres de commerce et d'industrie et service (CCIS), Infitah octroie ainsi un permis numérique permettant d'accéder au «Pack Infitah», composé d'un ordinateur portable, d'un logiciel de gestion de la facturation et d'une année de connexion internet 3G à un prix subventionné à hauteur de 1.500 DH, ainsi qu'à des offres avantageuses de solutions informatiques et de financement. «À fin 2011, nous avons enregistré plus de 2.200 inscriptions pour 2.000 permis numériques délivrés et 300 packs vendus», résume-t-on au ministère. L'accélération de l'informatisation des PME s'appuie aussi sur la mise en place de plateformes de dématérialisation des échanges des documents commerciaux, entre les grands donneurs d'ordres et les PME fournisseurs. Une convention a été signée avec l'OCP dans ce sens et le projet est en cours de réalisation. Maroc Numeric 2013 accompagne également le plan RAWAJ pour la modernisation du commerce de proximité, en proposant un pack Rawaj TI, composé d'une caisse enregistreuse, imprimante et balance électronique à des prix subventionnés. 100 MDH pour l'industrie numérique Enfin, dernière «priorité» que comporte la stratégie Maroc Numeric 2013 : le soutien à l'industrie des technologies de l'information, qui s'appuie principalement sur un fonds d'amorçage de 100 MDH, issus d'une convention entre l'Etat et quatre établissements financiers (CDG, Attijariwafa bank, BCP et BMCE). 25 MDH ont déjà été injectés au travers de 7 participations, notamment dans Mydeal.ma, livremoi.ma, ou encore soukaffaires.ma.