Le plan « Maroc Numéric 2013 » arrive à échéance. Il sera reconduit et modifié notamment sur le volet de la gouvernance et l'optimisation des ressources. Radioscopie de l'état d'avancement des principaux chantiers de ce plan et aperçu sur le devenir du programme. Par rapport au bilan définitif, actuellement, 22 services e-gov sont opérationnels et 14 sont en cours de réalisation. À une année de l'échéance du plan « Maroc Numéric 2013 », le ministère de l'industrie, du commerce et des nouvelles technologies envisage de mener un bilan exhaustif et documenté, « non seulement en vue de faire le point sur les réalisations, les défis rencontrés et les expériences réussies, mais aussi afin de déterminer les marges de progrès et les grandes orientations de l'après 2013 », a déclaré Mounia Boucetta, secrétaire générale du ministère lors des assises de l'ausim tenues la semaine dernière à Marrakech. Ainsi, Maroc Numeric ira bien au-delà de son échéance. « Le développement du secteur numérique, y compris infrastructures télécoms, devra perdurer en s'appuyant sur la vision initiale et des feuilles de route évolutives, et ce, dans le cadre d'un partenariat étroit avec l'ensemble des parties prenantes », confirme-t-elle. Si le plan Maroc Numéric 2013 va être réajusté et rallongé, il convient néanmoins de revenir sur les principales réalisations de ce plan. Plusieurs points ont été détaillés par Boucetta qui a profité de l'occasion pour faire également des recommandations et l'état d'avancement de chaque chantier du plan. Bilan de la « transformation sociale » Concernant la transformation sociale, plusieurs chantiers ont été initiés pour transformer la société marocaine en société d'information et de savoir. Parmi ces programmes, figure Injaz, qui ambitionne d'équiper plus de 117 000 étudiants en ordinateurs portables et/ou connexion internet. « En seulement 2 éditions, il a permis d'équiper plus de 26 000 étudiants ingénieurs et doctorants. « Injaz 3 » a bénéficié à plus de 37 000 étudiants et enfin la 4e édition sera quant à elle lancée en novembre prochain et vise environ 20 000 étudiants », précise Boucetta. Par ailleurs, le projet Nafid@ a équipé 150 000 enseignants en matériel informatique et connexions internet. Et ça ne s'arrête pas là, puisque le projet sera reproduit et optimisé pour une meilleure efficacité. Par ailleurs, le gouvernement a tenu à faciliter l'accès local aux TI grâce à l'équipement de 74 Centres d'Accès Communautaires Publics (CAC) et le déploiement en cours de 26 autres. Ce qui est en deçà des ambitions et de la demande actuelle. Ceci-dit, afin d'accélérer la cadence de réalisation des 300 entités restantes, le ministère prépare une nouvelle configuration du modèle économique. La phase 3 de « Génie » lancée prochainement Pour le programme « Génie » qui consiste à équiper l'ensemble des établissements scolaires de ressources multimédias, il a permis en quelques années l'équipement de la moitié des établissements visés, la formation de 70% du corps enseignant, l'acquisition de 82% de ces ressources numériques et la réalisation du portail national pour l'intégration des TIC dans l'enseignement (www.taalimtice.ma). « La phase 3 du programme est désormais actée et sera lancée très bientôt », promet la secrétaire générale du ministère. La transformation sociale, c'est également la fiabilité des infrastructures et l'accès à l'Internet Haut et Très Haut débit, qui a fait l'objet d'une étude présentée au Conseil d'Administration de l'ANRT. De plus, en vue de palier à la problématique de l'épuisement des adresses Internet IPv4, l'ANRT en étroite collaboration avec le ministère, a élaboré la stratégie nationale de migration vers l'IPv6. Cette dernière s'est traduite en un plan d'actions national pour soutenir cette transition. Cependant, « On ne peut évidemment prétendre à transformer en profondeur la société uniquement avec ses programmes, même s'ils restent nécessaires. Il faut les adapter en permanence avec un environnement déjà totalement connecté avec le monde », a souligné la même source. Qu'en est-il du « e-gov » ? Sur un autre registre, l'une des priorités de la stratégie Maroc Numeric 2013 est bien évidemment l'e-Gouvernement. Ce programme a pour objectif de mettre les TI au service du rapprochement entre l'administration, sur tout le territoire, et les besoins du citoyen et de l'entreprise, en termes d'efficacité, de qualité et de transparence. Par rapport au bilan définitif, actuellement, 22 services e-gov sont opérationnels et 14 sont en cours de réalisation. Parmi les projets suivis par le programme, relevons notamment la GID (la gestion intégrée de la dépense publique (www.gid.gov.ma), la commande en ligne de l'état civil avec www.watiqa.ma (portail de commande en ligne de documents administratifs), le paiement des taxes (www.tgr.gov.ma) et des impôts en ligne (www.portail.taxes.gov.ma), le registre du commerce en ligne (www.erc.ma), la dématérialisation de la commande publique (www.marchespubliques.gov.ma). Pour les services à venir, citons la commande du casier judiciaire sur www.watiqa.ma, le projet de réclamations sur Internet, la création d'entreprises en ligne (CREOL), le Cadre général d'interopérabilité (CGI), la Gateway gouvernementale, le projet de l'identifiant unique du citoyen et la Modernisation de l'état civil. Le programme « e-gov » sera modifié et réajusté Notons que ces réalisations ont permis au Maroc de gagner 48 places au niveau de l'indice qui évalue la qualité des services eGov « online services index » dans le dernier rapport « UN eGov Survey », publié en mars 2012. Toutefois, « les efforts doivent être maintenus sur le développement des téléservices », préconise Boucetta. De ce fait, le programme e-Gov sera davantage axé sur les projets à fort impact et réalistes, tout en adaptant les trajectoires des projets qui le nécessitent compte tenu du retour d'expérience et des récentes avancées technologiques. La transversalité des projets eGov répondrait ainsi sans doute à une technologie comme le cloud computing ou l'hébergement mutualisé. « Nous avons par ailleurs engagé une réflexion profonde sur l'optimisation de la mutualisation des moyens, qu'ils soient logiciels, matériels, humains ou financiers. Cette réflexion va mener à une refonte de la gouvernance de la gestion des projets eGov pour en améliorer l'opérationnalisation », confie Boucetta qui rajoute qu'une étude de faisabilité sera à ce titre lancée début 2013 pour un dimensionnement organisationnel, technique et financier du programme e-gov. Soutenir la compétitivité des entreprises Si le plan Maroc Numéric 2013 vise une transformation de la société marocaine en société d'information et de savoir, il ambitionne également de soutenir les entreprises en augmentant leur compétitivité. C'est ainsi que dans le cadre du programme « productivité des PME », les entreprises bénéficient d'un accompagnement pour faire de leur informatisation un véritable levier de compétitivité. Des solutions métiers, prêtes à l'emploi, sont ainsi proposées aux PME à fort potentiel (textile, cuir, agroalimentaire, BTP…) et des équipements adaptés sont mis à disposition des TPE. A titre d'exemple, dans le cadre du programme « Moussanada TI», qui vise à équiper 400 PME, à fin septembre 2012, il y a eu 269 bénéficiaires. « Il faut reconnaître que ce bilan reste faible par rapport au potentiel. Les clients de ces PME peuvent inciter à l'utilisation de solutions métiers fiables et de qualité. Pour cela et pour répondre au mieux aux attentes des PME, un nouveau modèle basé sur une approche fonctionnelle et non pas sectorielle a été lancé en juin 2012 », déclare Boucetta. En parallèle, il y a eu également le lancement, en collaboration avec l'OCP, de la réalisation de la plateforme de dématérialisation des documents commerciaux entre les grands donneurs d'ordres et leurs entreprises fournisseurs. L'objectif est d'intégrer 300 fournisseurs dans le projet. « L'équipement et le développement des usages TI sont réels au sein de nos PME. Les subventions qui leur sont accordées facilitent clairement le passage à l'acte TI. Nous devons réfléchir maintenant aux meilleurs moyens pour toucher un plus grand nombre d'entreprises », précise Boucetta. Priorité à la confiance numérique et le capital humain Ceci-dit, deux mesures sont à prendre en considération pour réussir le développement du secteur TI au Maroc, à savoir la confiance numérique et le capital humain.Pour répondre aux besoins qualitatifs et quantitatifs du secteur, une étude est en cours d'élaboration pour définir la stratégie de formation des profils TI en adéquation avec les besoins du marché du travail. Elle sera lancée au 1er trimestre 2013. La confiance numérique vise quant à elle l'instauration des conditions appropriées pour renforcer la confiance des citoyens pour l'utilisation des systèmes d'information. Dans ce sens, de nombreuses réalisations « public/privé » ont été enregistrées comme la mise à niveau et le renforcement du cadre juridique. L'objectif est de protéger les personnes physiques à l'égard des traitements des données à caractère personnel, soutenir le développement du commerce électronique et l'élaboration du Code du numérique. Egalement, la mise en place des structures organisationnelles avec entre autres la création du Comité stratégique de la sécurité des systèmes d'information, la CNDP (Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel), le lancement du ma-CERT (centre d'alertes des risques informatiques) ou encore le tiers de confiance avec Barid Al Maghrib (premier prestataire de certification électronique au Maroc). La secrétaire générale a également déclaré qu'actuellement un plan de communication pour la campagne de sensibilisation et des plans de formation sur la SSI à destination des élèves ingénieurs sont en cours d'élaboration. L'objectif est de promouvoir et de sensibiliser les citoyens à la sécurité des systèmes d'information. Un vaste chantier est donc en cours d'élaboration par le ministère afin de rallonger le plan Maroc Numéric. Une poursuite dans la durée qui va demander toutefois une véritable implication des départements concernés pour une meilleure efficacité de ces différents programmes. La TPE n'est pas en reste Le programme INFITAH a connu l'adhésion de 2 450 TPE. Ces dernières ont pu bénéficier de séances de sensibilisation aux TI, à travers les 26 CCIS (Chambres de commerce, d'industrie et de services) du royaume avec l'octroi d'un Permis numérique leur donnant droit à un PC, une connexion internet 3G pendant 1 an et une solution de gestion de la facturation à un prix subventionné. Pour l'équipement TI et logiciel du commerce de proximité, il y a le programme RAWAJ TI. Après une 1re phase pilote, les travaux de la phase de déploiement sont en cours de finalisation.