Dans le cadre du programme e-gov, deux types de projets ont été identifiés, les « must-have » (projets prioritaires) et les projets transactionnels et intégrés. « De nombreuses réalisations (watiqa.ma, e-consulat, prise de rendez-vous en ligne, services SIMPL de la DGI…) ont vu le jour et de nombreux projets clés ont été lancés (CREOL, réclamations en ligne…). On compte actuellement 10 projets opérationnels, 8 en cours, dont 4 sont en phase de déploiement pilote », nous déclare la direction de l'Economie numérique en charge du plan Maroc Numeric 2013. Egalement, des feuilles de route sont à l'étude pour de nouveaux projets identifiés comme prioritaires. Ce qu'il reste à faire Actuellement, la direction travaille sur une analyse de la structure de l'Online Service Index du dernier rapport de l'ONU (UN eGov Survey) qui a révélé, pour rappel, que sur les différents critères retenus, le score du Maroc peut être sensiblement amélioré via le développement des services transactionnels. De même, il ne suffit pas de lancer des services sur Internet, le plus dur est de consolider les progrès réalisés entre 2010 et 2011 et les pérenniser (processus de contrôle de la disponibilité des sites et services et de la mise à jour des contenus) et améliorer l'accès des usagers à l'administration (sites portail, accès mobile, compte unique usager…). De plus, une refonte est en cours de réalisation afin de distinguer les services entre eux, le site statique (purement informationnel), le site à formulaire, le site pour les réclamations, le e-service avec délivrance de documents administratifs (livrés le cas échéant à domicile), le site de simulation (comme le permis blanc), le site transactionnel (avec paiement)… Là où ça bloque « Un service e-Gov n'atteindra sa vitesse de croisière qu'avec un accès démocratisé aux TIC et des citoyens capables de les utiliser. Il s'agit d'un tout systémique où les politiques publiques s'imbriquent », nous lance un expert. Et c'est là où le bât blesse. Dans le dernier UN eGov Survey, le Maroc accuse un énorme retard sur l'index « Human Capital Index ». Même avec des ordinateurs à 3 000 dirhams, les analphabètes et les ruraux auront du mal à se familiariser avec ce genre de services. Sur le volet public, si des retards étaient accusés, ils seraient dus principalement à la mauvaise gouvernance de nos administrations publiques. « Je crois que le principal blocage réside dans la multiplicité des intervenants dans chaque projet. Les motivations et les priorités sont différentes. De plus, nous ne savons pas l'état d'avancement de chaque département. C'est compliqué de communiquer entre nous », nous confie une source qui travaille sur ce programme. Sur ce point bien précis, Chakib Benmoussa a déclaré des recommandations au gouvernement durant le e-Gov Summit organisé récemment à Rabat par Microsoft. Finie l'ère Chami ! Et pour ne pas rassurer sur le respect du calendrier du plan, une source au sein du ministère des Nouvelles technologies nous déclare: « L'actuel ministre n'est pas très TIC . Il faut attendre parfois des journées pour avoir un feedback de la part du ministre. Avec Ahmed Reda Chami, l'ancien ministre, le feeling était là et les interactions étaient immédiates ». Quoi qu'il en soit, Boubker Seddik Badr, directeur de l'Economie numérique, croit en l'opérationnalisation du plan et le respect de la deadline, puisqu'il nous confie que le plan Maroc Numeric sera bien effectif fin 2013, selon l'échéancier. Qui vivra verra ! Témoignage Chakib Benmoussa, Président du Conseil économique et social (CES). Ce qu'il faut faire La technologie est un puissant levier pour l'amélioration des services publics. Toutefois, il faut avoir une approche dont le point de départ reste le citoyen. Il faut connaître ses besoins. Il ne suffit pas de reproduire les procédures telles qu'elles existent puis de les automatiser. Il faut chercher dans l'efficacité de ces procédures. Par ailleurs, il convient de mettre le doigt sur la nécessité d'avoir une coordination plus forte entre les différents départements qui travaillent sur certains projets. Il faut avoir une transversalité efficace et des arbitrages doivent être faits pour réussir les projets de l'e-gov. Pour que les administrations communiquent entre-elles, elles doivent avoir des identifiants uniques. Chez nous, au Conseil économique et social, nous avons opté pour des solutions informatiques telles l'Intranet, la vidéoconférence ou encore la messagerie instantanée afin d'interagir entre-nous.