Après Moody's, c'est au tour de Fitch Ratings de réviser la note du Maroc à la baisse. Elle s'attend également à ce que le royaume continue à s'endetter après avoir puisé dans la LPL en négociant notamment un nouvel accord de précaution avec le FMI dans les prochains mois, et reconduise son euro-obligation à cinq ans d'un milliard de dollars dont l'échéance arrive en octobre. Des perspectives négatives qui reflètent le coup dur porté à l'économie marocaine par le choc de la pandémie de coronavirus, provoquant la plus forte contraction du PIB en 25 ans. En effet, selon Fitch, le PIB du Maroc devrait se contracter de 4,5% en 2020. Une baisse liée à l'aggravation attendue du contexte extérieur pour cause de perturbations de l'activité dans les secteurs non marchands et ceci suite à un arrêt de deux mois ayant pour objectif d'endiguer la propagation de la pandémie. À cela s'ajoute le peu de pluviométrie enregistré pendant l'essentiel de la saison agricole, lequel aura un impact négatif sur le PIB agricole. La forte contraction du PIB est également exacerbée par «l'augmentation marquée des déficits extérieurs et budgétaires et des ratios d'endettement du Maroc», souligne l'agence de notation. La baisse des exportations, du tourisme, des transferts de fonds et de l'IDE entraînera un doublement du déficit du compte courant à 8,3% du PIB en 2020. Pour Fitch, les recettes du compte courant seront plus particulièrement affectées par une contraction de 7% de l'économie de la zone euro. Ceci dit, l'agence pense que la baisse des prix des produits énergétiques, l'arrêt des investissements à forte intensité d'importations et l'augmentation des subventions étrangères vont permettre de limiter la détérioration du solde du compte courant à 5% du PIB en 2021, à condition d'une reprise du tourisme et d'une augmentation de la capacité d'exportation manufacturière. Selon l'agence de notation, le déficit du compte courant sera principalement financé par des emprunts extérieurs, ce qui portera la dette extérieure nette à 27% du PIB en 2021 contre 16,8% en 2019, ce qui était déjà supérieur à la médiane BBB actuelle de 8%. Fitch prévoit que les emprunts publics auprès des créanciers officiels couvre environ les deux tiers des déficits du compte courant accumulés en 2020-2021. «Le gouvernement a tiré la totalité des 3 milliards de dollars disponibles au titre d'une ligne de précaution et de liquidité (LPL) auprès du FMI en avril, c'est la première fois que le Maroc a utilisé la facilité depuis qu'il a conclu un accord LPL avec ledit fonds en 2012», rappelle l'agence. Elle s'attend donc à ce que le gouvernement cherche un nouvel accord de précaution avec le FMI dans les prochains mois et reconduise son euro-obligation à cinq ans d'un milliard de dollars venant à échéance en octobre.