Fitch estime que le Royaume gardera toujours un matelas confortable de devises en dépit des pertes Les responsables marocains observent les réserves de change comme du lait sur le feu. Lors de son dernier passage à la Chambre des représentants il y a quelques jours, l'argentier du Royaume s'est dit inquiet concernant la situation des réserves de change. Pourtant, l'agence de notation internationale Fitch Rating se montre plutôt confiante. L'agence estime les pertes en devise pour le Maroc au cours de cette période à 2,4 milliards de dollars US. «Compte tenu des CAD (déficit du compte courant) plus larges et de la flexibilité du taux de change toujours limitée, les réserves de change seront réduites à environ 22,9 milliards de dollars fin 2020, contre 25,3 milliards de dollars fin 2019», précise la même source. Et de poursuivre : «Les réserves de change fourniront toujours une couverture confortable à la fois par rapport aux paiements en compte courant, à six mois (médiane «BBB»: 6,6 mois), et aux besoins cumulatifs bruts de financement extérieur du Maroc, que nous estimons à 22,8 milliards USD en 2020-2021, en supposant un roulement de la partie à court terme composée principalement de crédits commerciaux». L'agence n'a cependant pas précisé si ses prévisions tiennent compte des mesures prises par les autorités financières du Royaume au cours des dernières semaines. Pour rappel, le Maroc avait décidé de retirer la totalité des 3 milliards de dollars mis à sa disposition par le FMI (Fonds monétaire international) dans le cadre de la LPL (ligne de précaution et de liquidité). De même, le pays s'apprête à effectuer une sortie à l'international dans les prochains moins. Dans ce sens, le Parlement vient d'autoriser l'Exécutif à dépasser le plafond des financements extérieurs fixé par la loi de Finances 2020. En effet, la Chambre des représentants a adopté le projet de loi relatif au dépassement du plafond de financement. Selon le ministre de l'économie, des finances et de la réforme de l'administration, Mohamed Benchaâboun, le projet de loi N°26.20 portant approbation du décret-loi n°2.20.320 du 13 Chaaban 1441 (7 avril 2020), relatif au dépassement du plafond des emprunts extérieurs, vise à parachever la procédure prévue dans l'article 81 de la Constitution, en soumettant le décret-loi précité au Parlement pour approbation au cours de la prochaine session ordinaire. Benchaâboun a indiqué que la procédure du dépassement du plafond de financement extérieur s'inscrit dans le cadre des mesures urgentes entreprises pour la lutte contre les impacts négatifs du coronavirus (Covid-19) sur tous les secteurs vitaux de l'économie nationale, notant que la situation des réserves en devises pourrait connaître un recul significatif, étant donné qu'un ensemble de secteurs, dont le tourisme, les investissements directs étrangers, les secteurs exportateurs et les transferts des Marocains résidant à l'étranger, outre les nouveaux métiers mondiaux du Maroc, ont été impactés. Abaissement Fitch Ratings a révisé les perspectives sur la notation du Maroc de stable à négative. Cela dit, la note du pays a été maintenue à BBB-. «Les perspectives négatives reflètent le coup durement porté à l'économie marocaine par le choc de la pandémie de coronavirus, qui provoquera la plus forte contraction du PIB en 25 ans, et provoquera une augmentation marquée des déficits extérieur et budgétaire et des ratios d'endettement du Maroc. L'ampleur du choc augmentera les risques à la baisse pour le profil de crédit souverain, malgré une réponse politique proactive conforme à l'engagement de longue date des autorités en faveur de politiques économiques prudentes», apprend-on auprès de l'agence précisant que la forte baisse des prix du pétrole, l'arrêt des investissements à forte intensité d'importations et l'augmentation des subventions étrangères apporteront un certain soulagement, limitant la détérioration du solde du compte courant.