Que de supputations sur les principaux indicateurs économiques (croissance, inflation, déficit...) dans un contexte déjà en ébullition! La dernière question «chaude» en date concerne le déficit budgétaire. Certains pronostics ont en effet circulé ces derniers jours pour établir le niveau du déficit public à 9,2% pour 2012, contre 5% initiallement prévus dans la loi de finances 2012. Dès vendredi, la réaction du ministère de l'Economie et des finances ne s'est pas faite attendre. «Le déficit budgétaire sera maintenu à 5% du PIB... Ces projections erronées et ces déductions fausses ne sont pas basées sur les indicateurs réels de la conjoncture économique nationale des cinq premiers mois de l'année en cours», peut-on d'ailleurs lire sur un communiqué publié par le ministère en fin de semaine dernière. Une précision de taille, étant donné le gap entre les 9,2% et les 5% du département de Nizar Baraka. Arbitrages La précision du ministère, Baraka la conforte par plusieurs arguments. D'une part, il y a l'amélioration des recettes fiscales, sur un an, de 8,5% à 71,7 MMDH à fin mai 2012. Cette évolution est attribuée essentiellement à un accroissement de 9,7% de la fiscalité domestique, grâce à une augmentation de 22,7% des recettes de l'IR, sous l'effet de la décision de l'appréciation des salaires à partir de mai 2011 et à une amélioration de 1 MMDH des revenus de l'IS (+6% à 16,5 MMDH). D'autre part, il y a également la maîtrise du niveau des dépenses de fonctionnement et de la charge de la Caisse de compensation, «grâce aux mesures prises par le gouvernement pour la rationalisation des dépenses de l'administration», commentait à ce sujet le ministère dans son communiqué. À ce titre, il convient de préciser qu'au terme des cinq premiers mois de l'année en cours, les dépenses de fonctionnement ont bondi, sur une année de 22,6% à 76,7 MMDH, dont 40 MMDH ont concerné les traitements et salaires. Quant à la charge de compensation, elle a grimpé de 64,2% à 21,4 MMDH contre 13 MMDH à fin mai 2011. Or, ces chiffres pris pour référence, une question s'impose de fait: Pour combien de temps encore cette situation restera «toujours maîtrisable» , telle que la décrit le ministère des Finances ? Cela notamment avec une Caisse de compensation qui épuiserait ses réserves d'ici juillet prochain, et que même l'augmentation des prix des carburants ne permettra pas de soutenir (5 MMDH)? Aujourd'hui, des arbitrages s'imposent et rendent nécessaire le choix de solutions au financement de ce déficit, induit par une dépense de compensation qui devrait probablement dépasser les 40 MMDH, contre 32 MMDH prévus dans le cadre de la loi de finances 2012. L'évolution démesurée des cours de pétrole depuis le début de l'année et la contreperformance du secteur agricole, avec une campagne contenue à seulement 48 Mqx, sont les principaux facteurs qui ont déjoué les pronostics du gouvernement. Agir vite et de manière efficace Du moment que le chantier de la réforme de la Caisse de compensation ne sera pas achevé pour bientôt, que la privatisation d'une entreprise publique est peu probable (à fin mai 2011, la cession de 20% du capital de la BCP avait rapporté 5,3 MMDH au budget général) et que le recours à l'emprunt extérieur n'est pas à l'ordre du jour, il ne resterait au ministère des Finances qu'à se rabattre sur le budget alloué à l'investissement dans le cadre de la loi de finances 2012, lequel s'élève à 46 MMDH. Déjà à fin mai dernier, les dépenses d'investissement avaient chuté de 17,4% à 15,2 MMDH, soit un taux de réalisation limité à 26%. La couleur est bel et bien annoncée pour sauver la mise. C'est la solution la plus facile et la plus rapide pour faire face à la lourdeur de cette Caisse de compensation qui plombe le budget de l'Etat, car retraité de cette dernière, il pourrait ressortir à l'équilibre. Pour l'heure, le gouvernement planche sur plusieurs pistes pour une meilleure maîtrise des fondamentaux économiques et une gestion efficace de la dépense publique. Citons à ce titre le projet de restructuration de cette Caisse avec pour leitmotiv, un meilleur ciblage des populations éligibles aux subventions étatiques pour un maintien de leur pouvoir d'achat. Ce chantier n'est d'ailleurs pas facile à entreprendre, du moment qu'il est à forte connotation sociale... et politique aussi. En outre, il y a la réforme de la loi organique des finances actuellement sur les rails pour une rationalisation des dépenses étatiques, grâce à la mise en place d'indicateurs de contrôle et de suivi des différents programmes gouvernementaux. En attendant, le gouvernement se contenterait de mesures correctives rapides pour apaiser les tensions sur les finances publiques, sans que cela ne soit opéré au détriment des investissements. Les tensions inflationnistes, qui étaient jusque là maîtrisées, sont également à prendre en compte, surtout avec la récente augmentation des prix à la pompe de certains produits pétroliers.