À contexte exceptionnel, performance exceptionnelle. Cet adage s'applique parfaitement à la situation des finances publiques au terme du premier mois de l'année. Avec un solde du Trésor positif de 691 MDH à fin janvier (- 891 MDH à fin janvier 2011) et un excédent global de 3,49 MMDH (contre -2,38 MMDH), l'Etat a redressé la situation de déficit enregistré à la même période de l'année dernière. Peut-on crier victoire ? Certainement pas, car cette performance est réalisée dans un contexte assez particulier. En l'absence d'une loi de finances 2012, le budget du mois de janvier a été, pour rappel, proportionnel à celui de l'année écoulée, avec notamment la suspension de certains grands projets d'investissements, et une «maîtrise forcée» du budget de fonctionnement, en attendant que le nouveau gouvernement propose sa version de loi de finances. Dans cette lignée, la baisse des dépenses est normale, qu'elles soient ordinaires ou d'investissements. «Les dépenses du budget général ont atteint 21,7 MMDH à fin janvier 2012, en baisse de 20,2%», fait savoir la Trésorerie générale du royaume (TGR). Ce repli s'explique par une baisse de l'investissement, et des charges de la dette budgétisée, de 12,5% et de 68,3% respectivement, conjuguée à une quasi-stagnation des dépenses de fonctionnement. Les salaires, ça pèse ! Pour cette dernière catégorie, il y a lieu de souligner que l'Etat a dû débourser, en janvier, 13,1 MMDH, dont 9,5 MMDH ont concerné les seuls traitements et salaires. Ce poste, qui a connu une augmentation de 19,4% a été certes, compensé par la baisse des dépenses de matériels, qui ont reculé de 28,4%, mais annoncent cependant la couleur du poids des concessions sociales faites par l'ancien gouvernement sur les caisses de l'Etat. La TGR explique dans son bulletin statistique que la hausse des dépenses salariales est directement imputable à l'effet des recrutements et des promotions opérés durant cette période ainsi qu'à la hausse des salaires de 600 DH, décidée dans le cadre du dialogue social. En dépit de cette hausse, les dépenses du budget général ont été cantonnées à 21,7 MMDH à fin janvier 2012, en baisse de 20,2% par rapport à janvier 2011. Dans ces conditions, les engagements de dépenses, y compris celles non soumises au visa préalable d'engagement, se sont élevées à 26,8 MMDH, soit à un taux global d'engagement de 10% contre 12%, un an auparavant. Le taux d'émission sur ces engagements s'est élevé à 84% à fin janvier 2012 contre 85% à fin janvier 2011. Par ailleurs, le constat révélé par la TGR est d'autant plus reluisant que sur le même mois de janvier, l'Etat a pu engranger 15,3 MMDH de recettes ordinaires, soit 8,5% de plus qu'à fin janvier 2011. «Ceci est dû à la hausse des recettes fiscales de 10,2%, et à la baisse des recettes non fiscales de 39,9%», explique-t-on auprès de la TGR. Au niveau fiscal, il y a d'abord lieu de souligner que la direction a significativement contribué à renforcer les caisses de l'Etat. À ce titre, les droits de douane, la TVA à l'importation et la TIC sur les produits énergétiques ont généré 4,6 MMDH à fin janvier 2012, en hausse de 15,8% par rapport à leur niveau à fin janvier 2011. Parallèlement, le fisc n'a pas de quoi se plaindre puisqu'il a pu bénéficier de la hausse de 52,7% des contributions à l'IS, suite notamment au versement par la CDG de 351 MDH, au titre de la retenue sur les profits de placements à revenus fixes de sa clientèle. Concernant l'impôt sur le revenu, la hausse de 20,8% est venu confirmer l'ascension que connaissent les recettes fiscales en raison principalement de l'impact de la hausse des salaires, décidée à partir de mai 2011.