Le passage de Benkirane à la deuxième Chambre, pour quoi faire deux semaines après le grand oral du président du gouvernement devant la Chambre des représentants ? Non seulement l'instance présidée par Mohamed Cheikh Biadillah a besoin d'une réponse claire pour ses délais de renouvellement, mais il s'agit d'activer un principe constitutionnel relatif au contrôle de l'Exécutif. La séance de demain, qui n'a pas encore dévoilé son ordre du jour, sera dominée par le calendrier du renouvellement de la Chambre des conseillers, lequel fonctionne toujours avec un règlement intérieur qui n'a pas été adapté à la nouvelle Constitution. Benkirane aura en face de lui non seulement l'opposition du PAM, du RNI et de l'UC, mais aussi et surtout des syndicats, dont deux formations importantes que sont la CDT et la FDT, bien représentés. «Le dialogue social sera aussi présent», souligne un conseiller du groupe fédéral qui s'attend à «un débat franc du chef de gouvernement sur les enjeux du dialogue social, lequel doit dorénavant concerner la sauvegarde du pouvoir d'achat des ménages». Concernant l'organisation des prochaines élections, c'est le ministre de l'Intérieur qui devra aujourd'hui apporter des réponses claires devant la Chambre des représentants, ce qui devra laisser à Benkirane le soin de motiver le choix qui a été effectué, lequel n'a pas opté pour la tenue des prochaines régionales avec les lois anciennes. Si le calendrier du renouvellement de la seconde Chambre paraît être clair pour les quatre partis de la majorité formant le gouvernement, les concertations avec les partis de l'opposition n'ont pas encore commencé. Le ministère de l'Intérieur n'a pas, pour sa part, avancé sur la préparation des nouvelles lois. Un motif qui s'avère être suffisant pour la programmation de la séance des questions mensuelles demain à la seconde Chambre. C'est donc le temps que prendra la concertation avec les partis politiques qui se trouve être à l'origine du report inévitable du futur scrutin. Au sein de la Chambre des conseillers, la date de l'organisation des élections doit être fixée en prenant en compte des facteurs comme l'approche du mois du Ramadan ou les vacances scolaires. La Chambre des conseillers reste pour sa part divisée sur la question du report, et ce sont des sujets comme la mise en place de la parité, qui est une obligation constitutionnelle, que les partis ne peuvent plus esquiver. Faut-il rappeler que le décret qui fixera la date de la fin du mandat de l'actuelle Chambre des conseillers a été déposé au Parlement en avril, sans qu'un véritable compte à rebours n'ait pu commencer ? La mouture du décret laisse entendre que la majorité a voulu être soucieuse de la «meilleure gestion du temps pour permettre d'organiser les prochaines échéances dans de bonnes conditions», souligne le projet de décret actuellement soumis à l'appréciation de la commission de l'Intérieur, présidée par l'istiqlalien Saïd Dour et qui «devra être validé par la Chambre des représentants durant cette session de printemps», propose le projet. Une équation très délicate à résoudre pour Benkirane et sa majorité qui seront les grands perdants, si report il y a, des prochaines élections locales.