Notre secteur bancaire se porte bien, mais son développement ne peut se poursuivre sans porter un intérêt particulier au développement de la bancarisation, chose dont les établissements bancaires semblent avoir pris conscience. Et pour y voir plus clair, le cabinet SIA Conseil, spécialisé dans le consulting financier, vient de mettre à jour son étude sur la question. D'emblée, on constate que les nouvelles projections annoncent un taux de bancarisation de 62% à l'horizon 2015, «le taux de bancarisation volontariste devrait s'établir à 62% sur l'ensemble de la population marocaine contre 60% dans le cas du scénario tendanciel», expliquent les consultants de SIA. Et ce serait le scénario volontariste, tablant sur un taux qui est le plus probable, en raison de la tendance observée durant ces trois derniers exercices. «Les réalisations pour l'année 2009, caractérisées par l'ouverture des agences bancaires de Barid Al-Maghrib, améliorent le potentiel de bancarisation pour les années à venir», soutient-on au sein du cabinet de conseil. En effet, le lancement d' Al Barid Bank n'a pas manqué de booster le taux de bancarisation du Maroc, celui-ci atteignant 47% fin 2009 contre 34% à peine en 2004. Ce score ressort même supérieur aux estimations initiales qui tablaient sur un taux de 45%. Au terme des six premiers mois de 2010, le taux de bancarisation a atteint 49% et devrait, selon la banque centrale, dépasser 50% en fin d'année. Cette tendance haussière, les spécialistes l'attribuent d'abord à la poursuite de la dynamique des implantations bancaires. «Le réseau bancaire était constitué de 4.425 guichets à fin 2009, contre 3.138 en 2008, ce qui s'explique notamment par les 887 guichets de Barid Al Maghrib transformés en guichets bancaires pour la nouvelle banque postale», ajoute-t-on au sein de SIA Conseil. Et selon les dernières données de Bank Al-Maghrib, le renforcement du réseau s'est poursuivi durant le premier semestre 2010 pour atteindre 4.519 guichets à fin juin dernier. Dans ce contexte, le nombre de guichets par tête d'habitant s'inscrit en nette baisse. Depuis 2007 à fin juin 2010, cet indicateur est passé de 11.337 guichets par habitant à 6.900, alors que les projections tablent sur un ratio de 4.500 habitants par guichet à l'horizon 2015 en marge d'une extension de 75% du réseau. Ceci dit, les consultants ayant initié cette étude notent qu'en dépit des améliorations précitées, certains points restent négatifs dans l'évolution du système bancaire et méritent plus d'attention. Il s'agit, d'abord, des disparités relevées entre les zones urbaines et rurales. Ces dernières n'affichent en effet qu'un taux de bancarisation de 6% à fin 2009 et n'abritent que 13% du réseau bancaire. En d'autres termes, les zones rurales affichent un ratio de 23.392 habitants par guichet bancaire, contre 4.675 dans les milieux urbains. «Toutefois, ces résultats sont en nette amélioration par rapport à l'année précédente», relativisent les experts. Par ailleurs, il est à souligner que la révision des prévisions du taux de bancarisation à la hausse aurait été plus soutenue s'il n'y avait pas eu la difficulté à générer des créations de comptes bancaires dans les zones où les dernières agences ont ouvert. C'est notamment le cas des régions où la densité de la population est moindre, sans oublier que certains persistent à être réticents au système bancaire. Il est à noter que dans les milieux bancaires, on estime souvent qu'une nouvelle agence ne peut être rentable qu'au-delà de sa troisième année d'activité. «Cela ne doit en rien décourager les efforts de bancarisation qui sont entrepris et qui constituent un moteur essentiel du développement économique de ces régions», insistent les consultants. Il est en effet bien admis que le royaume ne peut prétendre à poursuivre son développement économique et améliorer son attractivité sans conserver la cadence de bancarisation dont il a fait preuve ces dernières années. Et c'est dans ce sens que les banques sont appelées à maintenir leurs plans stratégiques et leur conquête de l'ensemble du territoire national malgré les difficultés qui peuvent naître lors des premières années d'exercice des nouvelles agences. Pour ce faire, les recommandations de SIA Conseil sont on ne peut plus claires. Les banques sont, en effet, appelées à proposer des moyens de paiement adaptés aux différentes couches de la population, et faciliter l'accès aux services financiers à travers l'extension du réseau d'agences en zone rurale. Ce dernier volet représente en outre un levier pertinent dans la stratégie de conquête de part de marché des banques. Il est également question de développer de nouvelles offres, principalement destinées aux clients peu ou non bancarisés. Dans ce sens, le low income banking est amené à se développer davantage, soit par le biais du réseau bancaire classique ou à travers les guichets de transfert de fonds. Le mobile banking est également un moyen de renforcer la bancarisation et les banques devront se pencher sur le lancement de partenariats banques-télécoms. C'est dire que malgré les réalisations probantes du système bancaire ces dernières années, le chemin reste encore long afin d'assurer au Maroc un taux de bancarisation digne des standards internationaux.