Le service bancaire est en train de changer de visage au Maroc. À lire le rapport sur la supervision bancaire, publié mardi dernier par Bank Al-Maghrib (BAM), la priorité que semble s'être fixée le secteur, est de pousser l'accès aux services financiers dans ses derniers retranchements. De fait, l'année 2009 a été marquée par l'accélération du déploiement de la stratégie «Low Income Banking», à savoir que plusieurs établissements bancaires ont développé de nouveaux canaux de distribution de proximité ciblant les populations à bas revenus et les très petites entreprises. Les banques ont en conséquence pu capter une nouvelle clientèle grâce à des offres de produits et services adaptés en termes de produits et de tarification de services. Bank Al-Maghrib ne manque pas aussi d'anticiper la forte concurrence qui devrait s'installer sur ce segment avec l'entrée en lice de la banque fraîchement agréée de Barid Al-Maghrib, Al Barid Bank. «L'agrément bancaire accordé à Poste Maroc est venu pour donner une impulsion à la stratégie du Low Income Banking», reconnaît-on au sein de la Banque centrale. En effet, cet établissement, déjà doté d'un réseau des plus importants, vise à bancariser les segments de la population à bas revenus dans les zones rurales et périurbaines. Et on n'en est pas à un nouveau service près, puisque 2009 a également connu le recours à des solutions innovantes, telle le Mobile Banking, que certains établissements ont déjà adoptées. Mais développer de nouveaux canaux ne suppose pas pour autant de négliger ceux plus traditionnels, car Bank Al-Maghrib note aussi un effort soutenu pour développer le réseau bancaire classique. Aussi, au cours des trois dernières années, les banques ont relevé la cadence d'ouverture de guichets. Les agences additionnelles ouvertes ont, en effet, atteint 1.091, soit autant d'unités créées durant les dix années précédentes. Spécifiquement, les banques ont procédé, au cours de 2009, à l'ouverture de 400 nouveaux guichets, contre 390 en 2008. En intégrant les 887 guichets de la banque postale dédiés à l'offre des services financiers, le réseau bancaire compte, désormais, 4.425 points de vente. En conséquence, la densité bancaire, mesurée en rapportant le nombre de la population totale au nombre de guichets bancaires, s'est renforcée pour atteindre 7.100 habitants par guichet. Notons néanmoins que l'implantation bancaire demeure caractérisée par une forte concentration au niveau des principales agglomérations urbaines, le monde rural n'accueillant que 13% du réseau bancaire. Parallèlement au renforcement du réseau bancaire, le nombre total des comptes ouverts auprès des banques s'est inscrit en hausse de 10%, à près de 15 millions. Cette évolution a permis de porter le taux de bancarisation global à 47% (42% si l'on compte uniquement les comptes des résidents). Et on ne devrait pas en rester là. En effet, «cette dynamique devrait se poursuivre au vu de la percée opérée par les services bancaires en 2009 et compte tenu des stratégies déployées pour bancariser de nouveaux segments de la population», soutiennent les analystes de BAM. Une autre tendance lourde observée sur l'année 2009 concerne un mouvement de concentration. Celui-ci touche spécifiquement le secteur des métiers des financements spécialisés où on a répertorié trois opérations de fusion-absorption. 84 établissements financiers répertoriés au Maroc Il s'agit spécifiquement dans les secteurs du crédit à la consommation, du crédit-bail (fusion-absorption entre Chaabi Leasing et Maroc Leasing) et du microcrédit (Fondation Zakoura et fondation Banque Populaire pour le microcrédit). Rappelons également au passage la création de deux nouveaux établissements de crédit: la banque postale donc, mais aussi une société spécialisée dans le financement des petits agriculteurs et petits exploitants agricoles porteurs de projets lancée par le Crédit agricole du Maroc. De même, le secteur des sociétés intermédiaires en matière de transfert de fonds a accueilli deux nouvelles entités dans ses rangs. En prenant en considération ces reconfigurations, le champ de contrôle de Bank Al-Maghrib couvre donc à présent 84 établissements répartis entre 19 banques, 36 sociétés de financement, 6 banques offshore, 12 associations de microcrédit, 9 sociétés intermédiaires en matière de transfert de fonds et enfin la Caisse centrale de garantie et la Caisse de dépôt et de gestion. Notons aussi qu'avec l'avènement de la banque postale l'actionnariat public devient, à fin 2009, majoritaire dans 6 banques et 5 sociétés de financement, sachant qu'il détient des parts significatives dans 6 autres établissements de crédit. Pour sa part, l'actionnariat étranger reste majoritaire dans 7 banques et 10 sociétés de financement et dispose de parts significatives dans 8 autres établissements de crédit. Dernier fait marquant, les banques ont renforcé leur positionnement aux plans régional et continental. En effet, dans le cadre de la stratégie de recherche de nouveaux relais de croissance, d'accompagnement des opérateurs marocains et de proximité auprès des Marocains résidant à l'étranger, les établissements bancaires ont accéléré leur déploiement sur l'échiquier régional et continental au cours de ces dernières années. Ainsi, en l'espace de cinq ans, le nombre des implantations des banques à l'étranger a presque doublé. Au total, elles disposent, à fin 2009, de 18 filiales, 71 agences et succursales et 58 bureaux de représentation. 1 million de cartes bancaires de plus en 2009 Parallèlement au développement du réseau bancaire, le nombre de cartes bancaires s'est accru de plus d'un million d'unités pour s'établir à 6,3 millions. L'usage de ces cartes continue d'être dominé par les opérations de retrait dont le nombre s'est établi à 119,2 millions, en augmentation de 19% par rapport à 2008. Le montant global de ces retraits s'est chiffré à 101 milliards de dirhams, en hausse de 18,9%. Pour sa part, le nombre d'opérations de paiement a augmenté de 20,2% à 8,1 millions pour une valeur globale de 5,1 milliards, soit une croissance de 22,4%. L'attrait que connaît aujourd'hui l'usage des cartes bancaires nécessite l'élargissement du parc des guichets automatiques bancaires. Leur nombre, se renforçant de 515 nouvelles installations, a atteint 4.144 unités, soit un guichet pour 7.600 habitants, représentant un cinquième du nombre enregistré il y a 10 ans.