«Le taux de bancarisation au Maroc devrait dépasser la barre des 60% à horizon 2014». C'est le pronostic de Sia Conseil, un cabinet de conseil en management français. Cette croissance marque en fait une révision à la baisse de précédentes prévisions émises par le cabinet qui prévoyait d'atteindre ce taux en 2013. Cette dernière année verrait donc le taux de bancarisation s'établir à 58% de bancarisation au lieu des 60% prévus initialement. Comment expliquer ce ralentissement, alors même que les banques mènent une politique volontariste, comme le prouve la dynamique d'ouverture de nouvelles agences dans laquelles elles se sont engagées ? L'explication des experts du cabinet : les agences connaissent un ralentissement en termes d'ouverture de comptes bancaires dans les zones où elles sont nouvellement implantées (régions moins densément peuplées, population plus réticente, besoin en services financiers moins prépondérants...). Ce n'est donc pas un problème de présence mais d'offre. Les analystes recommandent donc de développer plus de produits adaptés aux populations non encore bancarisées. Viser les pauvres Selon Guillaume Legoeffe, consultant à Sia Conseil, «les banques doivent tabler sur un effet de volume plus qu'un effet de prix». La tendance pourrait donc s'inverser, si les banques marocaines continuent à étendre leurs réseaux d'agences, mais également si elles intensifient leurs efforts de développement de moyens de paiement adaptés aux clients peu ou pas bancarisés. «Les banques devraient chercher à améliorer la pénétration d'offre du genre low-income-banking (LIB) et mobile-banking», spécifie encore Legoeffe. Ces offres sont destinées aux populations à revenus faibles, n'ayant jusque-là pas accès au système bancaire classique. Le low-income-banking ne nécessite pas d'apport de fonds de la part des clients, que ce soit en termes de revenu-plancher ou en termes de dépôts à effectuer sur le compte bancaire. Le m-banking permet aux clients d'envoyer et de recevoir des fonds, via un porte-monnaie électronique géré depuis leur téléphone portable. Le LIB a fait son apparition dans le paysage marocain en 2008, et est amené à se développer au Maroc, soit par le biais du réseau bancaire classique (cas du Groupe Banque Populaire (GBP) et de son offre «Al Hissab Al Chaâbi») soit à travers les guichets de transfert de fonds (cas de AWB qui s'appuie à partir de 2009 sur son réseau de points de vente Wafacash pour commercialiser son offre «Hissab Bikhir»). Le m-banking, lui, est né de partenariats banques-télécoms, comme BMCE-Méditel par exemple, ou encore la GBP, Attijariwafa bank et Maroc Télécom, qui proposent des produits comme «Mobicash». Et l'analyste de Sia Conseil de conclure : «Atteindre l'objectif de 60% de bancarisation à l'horizon 2014 permettra au royaume de conserver la cadence de bancarisation qu'il a su instaurer au cours de 5 dernières années, qui est un facteur clé de son développement, ainsi que de son attractivité». De la croissance quand même Si les prévisions montrent une croissance moins importante, il n'empêche que la croissance est toujours là, chiffres de l'exercice 2008 à l'appui. Ainsi, au lieu des 47% de bancarisation prévus pour 2008, le taux n'était en réalité que de 43%, alors il n'était que de 34% en 2004. L'évolution de l'implantation bancaire suit le même trend. Les prévisions faisaient état de 3.169 agences ouvertes dans le Royaume à fin 2008, alors que le nombre total s'élevait en fait à 3.138 guichets. On remarque, cependant, l'augmentation par rapport aux 2.748 agences à fin 2007. L'année 2008 a ainsi connu une moyenne de 400 ouvertures au cours de l'année, contre 300 en 2007 et 224 pour 2006. «À fin décembre 2008, les banques agréées marocaines offraient au pays un guichet pour 6.300 habitants, contre un guichet pour 6.700 habitants en 2007 et un guichet pour 7.300 habitants en 2006», détaille encore le rapport. Se basant sur les chiffres réels de 2008, le nombre de guichets bancaires devrait atteindre 7.500 en 2013, soit environ une agence pour 4.400 habitants.