Aujourd'hui, j'ai vraiment envie de ne pas être sérieux. C'est pour changer un peu. Pourquoi vous rigolez ? Ah ! Parce que, vous aussi, vous croyez que je m'amuse ? Détrompez-vous ! Ce n'est pas parce qu'on se marre qu'on n'est pas sérieux. Tenez, prenez les clowns ! Leur nez rouge, leur large sourire dessiné en blanc, leurs chaussures géantes, leur chapeau rigolo et leur pistolet à eau, tout cet arsenal, c'est juste pour vous faire croire qu'ils jouent à vous divertir, pour vous arracher un rire ou, au moins, un petit sourire, mais au fond, leur message, ce qu'ils ont envie de vous dire en dessous de leur maquillage, n'est pas drôle du tout. Heureusement que personne ne fait l'effort de le décoder, sinon tout le monde sortirait en chialant. Moi, je ne suis pas un clown, mais je ne vous cache pas qu'il y a des fois où je me demande ce que je fais dans ce cirque. Car j'ai beau gueuler, râler, gesticuler, beugler, jeter des seaux d'eau froide sur le public pour le faire réagir, jongler avec les mots, oh, pas trop gros, mais quand même, pour le faire sursauter, inventer des histoires à dormir debout pour le réveiller, lui raconter des choses insensées et leur contraire aussitôt après pour le faire bondir, mais, oualou ! Rien du tout ! Il ne bouge pas. Il n'est pas là. VOUS n'êtes pas là. Ou, peut-être, que vous êtes là, mais que vous jouez aux absents pour me narguer, pour me provoquer, pour me faire sortir de mes gonds, pour que je continue, pour que je tombe dans le panneau, que je me casse la gueule, mais que je continue de l'ouvrir. Et vous, bien sûr, c'est ça qui vous fait marrer, alors que c'est moi qui suis censé me fendre la poire. Mais c'est bon pour ma pomme ! J'avais tout faux, mais grâce à vous, je crois que je commence à comprendre. Et c'est pour ça qu'à partir d'aujourd'hui, je ne vais plus rien vous dire. Ou plutôt, je vais me contenter de vous raconter qu'au Maroc, il fait toujours beau même quand il tombe des seaux, que la vie est belle même si certains font des choses plutôt moches, que ceux qui disent que nous sommes pauvres, c'est pour nous faire des misères, qu'il n'y a pas de corrompus, mais juste des gens qui arrondissent leurs fins de mois, que ceux qui grillent des feux rouges ou passent des sens interdits ne sont que de petits étourdis, que nos patrons, et nos managers sont super généreux, nos ouvriers et nos fonctionnaires hyper bosseurs, nos ministres très cool, nos députés trop assidus, nos partis bien partis pour arriver nulle part, nos syndicats bien sympas de ne pas franchir le pas, et nos concitoyens sont inciviques par faute de moyens, bref, répéter comme tout le monde que tout est bien dans le meilleur des mondes... Alors, ça vous fait marrer, ça ? Non ? Dans ce cas, je vais vous raconter une blague qui n'en est pas une et qui m'a été rapportée par un pote : ce mois d'octobre 2010, il y a 5 vendredi, 5 samedi et 5 dimanche. C'est un phénomène qui, paraît-il, n'arrive que toutes les 823 années ! Peut-être que le Maroc n'y est pour rien, mais je crois que c'est un mois qui nous va sur mesure. Bon week-end, les privilégiés !