Autant vous le dire tout de suite : je suis perplexe, indécis, désorienté. Autrement dit, je ne suis sûr de rien. Ça me change, me diriez-vous, car, c'est vrai, il m'arrive souvent, surtout ici, de rouler des mécaniques, genre le mec qui sait tout, qui a réponse à tout, qui a les solutions pour tout, qui distribue remontrances et cartons rouges, qui dresse des procès-verbaux oraux ou écrits à tous ceux qu'il décrie, engueulant les gens qui commettent les gaffes les plus banales, bref, Zorro, Maigret et Einstein avaient laissé un successeur et vous ne le saviez pas. Comment ? C'est qui le successeur ? Vous rigolez ou quoi ? Mais, bien sûr, c'est moi. Enfin, disons que je suis le successeur, mais pas tous les jours. Aujourd'hui, par exemple, je me sens nul. J'aimerais bien l'ouvrir comme d'habitude, effets de manches à l'appui, analyser le sujet, montrer du doigt les coupables, désigner les complices, prononcer le jugement, et, enfin, s'il y a lieu, exécuter le, la ou les coupables. De tout ça, je ne ferai rien, parce que je ne comprends rien. En vérité, je crois avoir compris, mais je ne sais pas ce qu'il faut faire. Et du coup, je ne peux plus faire mon boulot quotidien qui est celui, je le rappelle pour les étourdis qui ne suivent pas ce que je dis, de raconter, de dénoncer, d'accuser, de juger et tout ça, en un seul jet. Qu'est-ce que je suis malheureux ! Alors, si vous le permettez, je voudrais vous soumettre mon problème, en espérant que vous allez pouvoir m'éclairer. Comme vous savez, une radio connue pour son grand esprit sportif a été récemment sommée de la fermer durant 2 jours, sans parler d'une pénalité sonnante et trébuchante – c'est le cas de le dire - et tout ça parce qu'un de ses invités s'est laissé aller à un dérapage sémantique non contrôlé et dont il se mord les doigts alors qu'il devrait plutôt se mordre la langue. Moins d'une semaine plus tard, on apprend qu'une autre radio qui aime bien faire plus que les autres, a été, elle, assignée au mutisme total pendant une semaine entière. La cause? «Propos pouvant porter atteinte à l'intégrité psychique d'un enfant» et «non-respect de la règle de présomption d'innocence». Et là aussi, en plus, une belle amende à la clé. Je ne sais pas s'il y a des mauvaises ondes qui circulent ces derniers temps, mais franchement, je trouve que ces pauvres radios «libres» sont en train de passer un bien mauvais quart d'heure. Que fallait-il faire dans ces cas-là ? Je n'en ai pas la moindre idée ! Pourquoi tout ça pour ça ? Je n'en sais fichtre rien ! Imaginez si on faisait ça pour les journaux ! Ça serait vraiment la cata. Mais, après tout, je crois que c'est un confrère et néanmoins ami qui a tout pigé, en ressortant hier une phrase tristement célèbre, en y ajoutant juste un petit bémol : «C'est peut-être la fin de la récréation». Merci, Khalil, pour le «peut-être». Ça laisse un peu d'espoir...