Non, je ne fais pas de fixation sur nos ministres. Si j'en ai parlé longuement dans mon billet d'hier, c'est parce que j'ai été acculé à le faire, mini remaniement oblige. C'est vrai, il était assez remarquable, et je ne pouvais pas faire semblant de ne pas l'avoir remarqué, même si, comme vous avez dû le constater, j'ai essayé de l'aborder sous un angle quelque peu philosophique. D'ailleurs, je n'ai pratiquement parlé que des partants déjà partis, alors qu'en vérité, il y a tellement à dire sur certains non partants qui ne veulent jamais partir. Aujourd'hui, je voudrais axer mon propos sur l'état de santé actuel de notre gouvernement. En fait, ce qui m'a poussé à enfiler une blouse blanche, c'est l'information ou la rumeur, allez savoir, qui a circulé hier dans toutes les rédactions et toutes les chaumières, selon laquelle notre charmante ministre de la Santé aurait contracté le méchant virus A/H1N1. Cette vraie info ou fausse rumeur ressemble à s'y méprendre à un vulgaire canular. D'ailleurs, je me suis amusé, à mon corps défendant – et je le regrette sincèrement - à en faire une perle douteuse dans l'édition d'hier. (À ce propos, je précise aux nouveaux et rappelle aux étourdis que j'ai la délicatesse et la gentillesse de vous offrir un collier de perles, rien que pour vous, perles que vous pouvez trouver, tous les jours, à l'intérieur de votre canard préféré, en page «Médias». C'est noté? À la bonne heure!). Franchement, j'ai eu tort d'en rire, alors que notre ministre souffre le martyre. En fait, je devrais dire «souffrirait» car, à l'heure où j'écris ces lignes, personne n'a confirmé ou infirmé quoi que ce soit. Et moi, en tant que billettiste cyniquement sérieux et légitimement curieux, je trouve ça pas normal du tout. Souvenez-vous, il y a quelques semaines déjà, on a attribué, à tort ou à raison, cette saloperie de grippe cochonne à notre sympathique et néanmoins dynamique ministre de l'Emploi et de ceux qui en demandent. Là aussi, black-out total. Mais, aujourd'hui, c'est encore plus grave, puisqu'il ne s'agit pas moins de la ministre chargée, institutionnellement et techniquement, de veiller sur la santé de toutes les citoyennes et de tous les citoyens que nous sommes. Vous me direz, comme l'a si bien dit un de ses représentants mardi soir à la radio, qu'elle est une citoyenne comme les autres et de ce fait, elle a le droit de tomber malade quant ça lui chante. J'en conviens, mais là où ça tombe mal, c'est qu'elle aurait attrapé le fameux virus qu'elle est censée combattre depuis des mois à coups de millions de vaccins achetés à coups de millions de dirhams qui seront, d'une manière ou d'une autre, payés, justement, par les contribuables que vous êtes. Mesdames et messieurs, si, malgré ma si brillante analyse, vous n'avez pas encore pigé où je veux en venir, vous allez être tout de suite éclairés : si Madame la ministre a attrapé ce maudit virus, c'est de deux choses l'une : soit qu'elle ne s'est jamais fait vacciner car elle n'est pas convaincue de l'efficacité du vaccin, soit qu'elle s'est effectivement fait piquer pour se protéger et pour donner l'exemple, mais, malheureusement, le vaccin s'est avéré déficient. Tout ça, bien sûr, est à mettre au conditionnel le plus parfait. Maintenant, si avec tout ça, vous pensez toujours que les ministres ont le droit de tomber malades sans nous rendre des comptes, je n'ai plus qu'à jeter mon tablier et changer de métier. Tiens! Ministre, au fond, ce n'est pas si mal... Dernière minute : je viens d'apprendre à l'instant que selon «des sources proches» de Madame la ministre, elle ne serait atteinte que «d'une grippette». Oh, comme c'est chouette !