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Les salaires de l'échec
Publié dans Les ECO le 05 - 08 - 2010

Avez-vous déjà vu un pélican ? Bien sûr, je ne parle pas de ces pélicans des reportages animaliers qui hantent immanquablement les chaînes de télévision après trois heures du matin, mais d'un vrai pélican, bien réel, qui se serait tenu devant moi, et qui aurait gobé un bon gros poisson encore frétillant dans son bec gigantesque. Pour ma part, je dois avouer que non, je n'en ai jamais vu. En fait, je me demande si cet oiseau existe vraiment à l'état naturel. Et si ce n'était qu'un acteur? Une espèce de professionnel de la télévision et des reportages choc qui n'aurait du travail que pendant les marées noires, pour illustrer les dégâts irréparables que l'homme cause à la nature... C'est une vision un peu cynique, il est vrai, mais si j'en parle, c'est qu'on voit souvent ce pélican en ce moment, en gros plan, les plumes collées, dégoulinant de pétrole dans le golfe du Mexique. Il passe d'ailleurs sur toutes les chaînes, c'est tout juste s'il n'enchaîne pas les interviews. Son malheur, c'est la fameuse fuite de pétrole dans les fonds sous-marins du golfe du Mexique, riches en gisements pétroliers. Si elle a pour l'instant été colmatée après d'innombrables essais infructueux, il n'en reste pas moins que les dégâts sont eux bien réels, et les conséquences pour l'écosystème des côtes américaines probablement désastreuses. Mais intéressons-nous au volet financier de l'affaire, et particulièrement au sort de Tony Hayward, le dirigeant de British Petroleum (BP) qui avait en charge l'exploitation de ce gisement sous-marin. Lorsqu'il avait déclaré, le 30 mai, qu'il désirait «retrouver sa vie d'avant», ce n'est certainement pas à la perte de son emploi comme patron de BP qu'il pensait. Pourtant, le 27 juillet, il a finalement accepté ce qui devenait inévitable. Sous sa supervision, des millions de barils de pétrole ont été déversés dans le golfe. Et ce même jour, BP venait d'annoncer une perte record de 17 milliards de dollars, conséquence d'une provision de 32 milliards de dollars destinée à nettoyer la marée noire, indemniser les victimes et s'acquitter des diverses amendes. De plus, en face d'un micro, il ne pouvait apparemment pas s'empêcher de commettre des bourdes. Il était devenu un désastre ambulant en matière de communication.
Pourtant, malgré sa responsabilité et les mois pour le moins catastrophiques qu'il venait de passer, Tony Hayward n'a pas quitté son entreprise les mains complètement vides. Il recevra une indemnité d'un an de salaire, soit 1,6 million de dollars, ainsi que le bénéfice d'un plan de retraite, évalué à 15 millions de dollars. Malheureusement pour lui, il ne pourra pas bénéficier d'une partie non négligeable de sa rémunération indexée sur le cours des actions BP, tant ils ont dévissé en Bourse. L'annonce de ce plan de départ a occasionné, on s'en doute, colère et protestations de la part de la presse et de nombreux députés américains englués (c'est le mot juste !) dans les conséquences de la marée noire. Plus généralement, cette histoire a rallumé le débat sur la rémunération des dirigeants des grandes entreprises, particulièrement lorsque leur management est en cause. La crise financière qui a démarré en 2008 a révélé de nombreuses aberrations de la sorte. Les plus grands banquiers de la planète ont touché des rémunérations fabuleuses pour ce qui s'est révélé être une gestion catastrophique des banques qui leur étaient confiées. La plupart avaient empoché d'immenses bonus les années précédentes lorsque leurs entreprises semblaient saines, et ont gardé le bénéfice de ces rémunérations alors même que leurs banques s'écroulaient littéralement. Bien sûr, il n'y a pas que les politiques pour s'offusquer de cet état de choses. Dans un de ses rapports de gestion, Warren Buffet, président et fondateur de Berkshire Hattaway, l'un des plus importants fonds d'investissement américains, a déclaré : «Si ça ne tenait qu'à moi, si une banque devait recourir à l'aide du gouvernement, je mettrais en faillite personnelle le dirigeant et sa femme !». Il est vrai qu'après les retentissantes déconfitures d'entreprises que le monde a connues ces dernières années le public a probablement besoin de voir punir les dirigeants. De plus, ces salaires de l'échec (ou peut-être de l'incompétence) ne sont pas réservés uniquement au secteur bancaire, loin s'en faut.
Parachutes dorés
The economist a d'ailleurs dressé une liste des parachutes dorés de grands patrons américains, qui sont en fait leurs indemnités de départ, bien entendu négociées à l'avance. Il en ressort des situations pour le moins dérangeantes, où des dirigeants sont débarqués de leurs postes suite à un problème survenu sous leur responsabilité ou tout simplement pour mauvaise gestion, et où ils encaissent des sommes faramineuses pour se consoler d'un départ prématuré. Ainsi, Stan O'Neal, patron de Merrill Lynch, a dû quitter la banque en 2007 après l'annonce de gigantesques provisions pour pertes. Son package de départ s'élevait à 161 millions de dollars. Un an plus tard, au bord de la faillite, Merrill Lynch a dû être rachetée par Bank of America. Robert Nardelli, dirigeant de Home Depot, est également parti en 2007, lesté toutefois de 210 millions de dollars alors que le cours de l'action plongeait comme jamais. Charles Prince, patron de Citigroup, a dû lui aussi quitter le navire, alors que sa banque annonçait d'énormes pertes sur les crédits dits «subprimes». Son indemnité s'élevait à 42 millions de dollars. Il est assez rare de voir des dirigeants de grandes firmes simplement licenciés après un échec. Ils ont généralement l'occasion de démissionner avec dignité, et partent rarement les mains vides. La principale raison en est que les conseils d'administration, plutôt... compréhensifs, sont eux-mêmes composés de patrons ou d'anciens dirigeants d'entreprises, et qu'ils tendent à valoriser la culture de la prise de risque. Capitalisme oblige. Cette «tradition» sera difficile à rompre, mais l'indignation du public et des politiques a permis de poser les premiers jalons dans les réformes financières aux Etats-Unis et en Europe, pour réduire fortement les parachutes dorés des grands patrons.


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