Il s'agit d'une sorte d'assurance financière à laquelle les bénéficiaires sont appelés à contribuer pendant leurs années de travail. La création d'un fonds spécial de soutien financier à cette population à l'instar du Fonds de cohésion sociale est recommandée. Pas besoin d'être devin pour comprendre que la situation des personnes âgées au Maroc laisse à désirer. Présenté mardi à Rabat, le rapport annuel 2018 sur les personnes âgées montre que 30% seulement des personnes de plus de 60 ans dont le nombre dépasse 3,2 millions (9,6% de la population) disposent d'une pension de retraite. Le même rapport indique que les seniors profitant de l'assurance maladie obligatoire (AMO) ne dépasse guère 14% et 12% pour le Ramed. S'ajoute à cela une quasi-absence de cette catégorie d'âge (60 ans et plus) dans les programmes sectoriels. C'est dire combien cette frange de Marocains dont le nombre ira crescendo dans les années à venir est presque absente des politiques publiques. Elle ne manquera pas de donner du fil à retordre aux pouvoirs publics si elle n'est pas convenablement prise en compte. Présenté par Jamila El Moussali, ministre de la Solidarité, du développement social, de l'égalité et de la famille, le rapport a surtout mis l'accent sur la nécessité de mettre en place des mesures et des procédures pour lutter contre toute forme de négligence ou de maltraitance des personnes âgées. Il était temps de prendre le sujet à bras-le-corps dans un contexte marqué par des changements dans la société marocaine. La structure de la famille multigénérationnelle cède lentement mais sûrement le terrain à une forme plus cellulaire. Dans ce sens, le rapport, élaboré par le comité de supervision de l'Observatoire national des personnes âgées préconise la création d'un fonds spécial de soutien financier à cette population à l'instar du Fonds de cohésion sociale. Il s'agit également de mettre en place une carte pour personnes âgées leur permettant de bénéficier de leurs droits, de simplifier les procédures en leur faveur et de leur accorder la priorité dans l'accès aux diverses prestations. Les recommandations du rapport ne s'arrêtent pas là. L'on y insiste particulièrement sur les services de santé à travers le renforcement de la protection médicale pour les personnes âgées, un accès plus souple aux prestations sanitaires. Ces bonnes idées ne peuvent prendre forme sans un soutien durable à la protection sociale et la promotion d'une assurance santé au coût abordable, en plus de la généralisation des services hospitaliers en gériatrie, indique le rapport. En matière de protection sociale, le rapport prône fortement la mise en place d'une assurance financière sous forme d'une pension pour les personnes âgées à laquelle les bénéficiaires sont appelés à contribuer pendant leurs années de travail. Autre facteur déterminant pour la réussite de toute politique sociale axée sur les personnes âgées, la facilitation de l'accès aux soins à domicile et aux services de proximité à l'image de ce qui est en vigueur dans les pays développés. C'est la seule manière de préserver la dignité de cette frange de la société et ceci à travers des moyens d'assistance appropriés notamment aux veuves âgées et aux femmes âgées non mariées. Au-delà des aménagements à implémenter en matière d'accès aux services et aux soins, le travail du département de tutelle serait aussi d'agir sur les mentalités. À commencer par lutter contre les idées reçues à propos de l'âge et de la capacité des seniors à apporter une valeur ajoutée et de participer à l'effort de développement. Dans cette optique, El Moussali a souligné la nécessité d'élaborer une politique publique intégrée destinée aux personnes âgées afin de répondre à leurs besoins. La mise en œuvre d'une telle politique nécessite, selon elle, une meilleure connaissance de la situation des personnes âgées sur la base de données statistiques fiables et actualisées régulièrement sur la situation de cette catégorie. En effet, là où le bât blesse, c'est la quasi-absence de statistiques différenciées sur les personnes âgées, leurs attentes ainsi que leur condition. D'où l'importance, voire la nécessité aujourd'hui d'adopter de nouveaux indicateurs pour mesurer le degré de dépendance à autrui ainsi que le niveau de contribution de ces personnes au développement.