Zouhair Lahna, médecin bénévole, a lancé un coup de gueule sur les réseaux sociaux, suite à une visite désagréable à l'hôpital de Meknès. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Après une vingtaine d'années de bénévolat, Zouhair Lahna a décidé de suspendre toutes ses activités bénévoles au Maroc. Il se dit exténué par ce « système et ses acteurs ». « L'échec !! Il est difficile de parler d'échec après tant d'interventions chirurgicales et de séances de formation de médecins et de sages-femmes au Maroc. Et pourtant, je suis revenu après mon dernier séjour à l'hôpital de Meknès avec un goût amer d'échec. Et j'ai décidé de suspendre toutes mes activités au Maroc », peut-on lire sur le profil du médecin, qui a partagé un diagnostic amer de la situation l'ayant conduit à prendre cette décision. Le chirurgien obstétricien évoque ainsi dans sa publication la fermeture du cabinet gratuit qu'il avait mis en place à El Oualfa (Casablanca) au profit des réfugiés et démunis, par l'ancien ministre de la Santé. Il n'a pas lâché et a entamé une série de formation de sages-femmes en obstétrique d'urgence, en attendant l'autorisation de l'Ordre des médecins. Lahna a formé ainsi plus de 600 sages-femmes qui travaillent dans les hôpitaux et centres de santé auprès de la population démunie et fragile afin de « renforcer leurs capacités face aux urgences pour être efficaces avec plus de matériel et dans des zones précaires ». Néanmoins, le médecin a été étonné de découvrir que « rien n'a changé, qu'aucun hôpital ni centre de santé ne possède des bandelettes urinaires, moins de monitoring fœtal sans parler des analyses de bêta HCG pour détecter les grossesses extra-utérines ». Et d'ajouter que « cela ne veut pas dire qu'il y a des centaines de soignants qui se débrouillent avec peu et sauvent des vies tous les jours ». Le médecin blâme également les résidents et jeunes gynécologue pour leur manque de témérité: « Ce ne sont plus 20 personnes qui viennent apprendre, mais 2 ou 3 et dernièrement, zéro. Non pas parce que les jeunes gynécologues et résidents en fin de cursus ont appris ce qu'il fallait dans leurs CHU, mais parce que ça ne les intéresse pas. Ce manque d'expérience est funeste parce que j'ai été le malheureux témoin d'un décès maternel par hémorragie de la délivrance suite à un retard de décision et de l'inefficacité de l'action ». Le médecin a donc décidé de se désinscrire de l'Ordre des médecins de son pays de naissance et de se réinscrire dans celui de France.