Meriem Zairi. Présidente de la commission Entrepreneuriat et Startups à la CGEM Meriem Zairi, présidente de la commission Entrepreneuriat et Startups à la CGEM, porte aujourd'hui haut et fort la voix des start-up marocaines en proposant la mise en place des «quick wins».Elle croit beaucoup à la brique fiscale qui constituera, selon elle, un signal fort de la volonté du pays à promouvoir et soutenir entrepreneuriat. Lors des 3èmes Assises nationales de la fiscalité, les 3 et 4 mai, vous avez défendu la mise en place des «quick wins».En quoi consiste-t- ils ? Lors de ces Assises, la CGEM s'est en effet engagée, à travers une démarche inclusive et participative, pour la promotion d'un environnement fiscal favorable aux startups, à l'entreprenariat et à l'innovation au Maroc. Des actions phares ont ainsi été identifiées avec des recommandations de mesures fiscales clés ainsi qu'une proposition de définition de la startup, pré-requis incontournable pour la mise en place d'un cadre favorable à la promotion et au développement de la startup. Ces « quick wins » se sont focalisés sur trois volets prioritaires. Il s'agit de l'accès au talent, de l'accès au marché et de l'accès au financement. Les entrepreneurs marocains sont en train de fuir le pays à cause d'une fiscalité sévère. En quoi, une défiscalisation pourrait être une solution contre la fuite des talents ? Nous vivons une ère d'économie globale et les entrepreneurs talentueux et innovants sont ouverts sur le monde et recherchent bien entendu les environnements et écosystèmes les plus favorables pour le développement de leur startup. La fiscalité est l'un des critères fondamentaux dans le choix fait par ces entrepreneurs pour maximiser les chances de succès de leur startup et en la matière le Maroc n'offre aucune incitation fiscale aux startuppers. Le premier obstacle au développement des startups soulevé de manière systématique par les entrepreneurs est la lourdeur de la fiscalité de travail qui handicape l'accès aux talents, ressources oh combien critiques à la survie et la compétitivité des startups. L'enjeu pour nous est de retenir nos talents Marocains pour garder la création de valeur et la création d'emplois au Maroc plutôt que de voir cette valeur se perdre pour notre pays et lui préférer le choix de l'Europe, des US ou encore du moyen orient.Le plafond de défiscalisation pour les startups est prévu est uniquement pour l'impôt sur les sociétés. Faut-il corriger cette lacune et comment ? Nous avons effectivement ciblé ce point particulier dans les mesures fiscales proposées sur le volet accès au financement. Du fait de son profil d'investissement perçu comme risqué, la startup peine à attirer des capitaux et des fonds nécessaires voire vitaux à son développement. Ce constat est d'autant plus criant lorsque qu'il s'agit de la phase d'amorçage de la startup, phase critique pour sa survie et durant laquelle elle doit faire la preuve de la viabilité de son business model. Dans ce cas l'entrepreneur se tourne vers le cercle familial/amical pour lever les financements nécessaires. Dans les écosystèmes entrepreneuriaux matures, les investisseurs providentiels « business angels » jouent un rôle crucial pour répondre aux besoins de financement et bénéficient d'avantages notamment fiscaux qui encouragent l'investissement dans les startups. Au Maroc une première avancée a été réalisée. Cependant, pour que ce texte puisse avoir l'impact et les résultats escomptés, nous recommandons de modifier les 3 principaux points suivants : La définition de jeunes entreprises innovantes devrait se rapprocher de la définition proposée par la CGEM que nous estimons plus inclusive et en ligne avec les pratiques à l'échelle internationale ; Le plafond d'investissement « défiscalisé » devrait passer de 200.000 DH tel qu'il est prévu actuellement à un minimum de 1 million de DH. En effet, le plafond actuel est beaucoup trop faible et le mécanisme de mise en oeuvre beaucoup trop compliqué pour constituer un véritable levier pour attirer des capitaux privés sur cette classe d'actifs. Le dispositif en vigueur de réduction d'impôt ne s'applique qu'aux personnes morales, notre recommandation est d'inclure les personnes physiques dans un souci d'équité fiscale afin qu'elles puissent également bénéficier des mêmes avantages. Notons par ailleurs par ailleurs que ces derniers constituent le vivier le plus important d'investisseurs providentiels potentiels. Les jeunes pousses sont également confrontés à d'autres problèmes majeurs tels que l'accès au financement, au marché, et à la formation et l'encadrement. Que propose, à ce niveau, la commission Startup pour renverser la tendance ? La problématique ne se résume pas en effet au volet fiscal et est beaucoup plus globale. Au sein de la commission startup et entrepreneuriat, nous avons travaillé sur la promotion de l'entrepreneuriat autour de quatre axes majeurs que sont : l'information, la formation, l'accompagnement et la mise en relation. Dans ce contexte, la commission prépare le lancement en 2019 d'une plateforme communautaire au service des entrepreneurs marocains proposant des services autour des 4 axes cités ci-dessus. Cette plateforme intervient dans le contexte plus global de l'Académie des entrepreneurs qui est en cours de déploiement également. Où se situe aujourd'hui le Maroc dans la lutte contre la mortalité précoce des entreprises naissantes ? Le chemin est malheureusement encore long et doit être construit brique par brique. Nous croyons beaucoup à la brique fiscale qui constituera, à notre sens, un signal fort de la volonté du pays à promouvoir et soutenir entrepreneuriat et notamment entrepreneuriat innovant créateur de valeur.