L'emploi des jeunes figure parmi les dossiers chauds du nouveau gouvernement. Lors de sa campagne électorale, le PJD a d'ailleurs donné beaucoup d'espoir aux diplômés chômeurs. Pour rappel, le parti de Benkirane avait pour ambition de réduire progressivement le taux de chômage de près de 2 points. Ambition que les opérateurs et les observateurs ont estimé trop optimiste dans la conjoncture économique actuelle. Le parti de la lampe s'est, sur ce point, rallié au programme de ses alliés de l'Istiqlal en prévoyant un taux de chômage de 8% à l'horizon 2016. Cette projection jugée ambitieuse a suscité une certaine déception notamment chez les jeunes lauréats en quête d'emploi et le patronat. «Malgré la révision du ratio, ce dernier reste trop ambitieux dans le contexte actuel», constate Jamal Belahrach, président de la commission emploi de la CGEM. Et d'ajouter que «dans les scénarii les plus optimistes, le taux de chômage ne baissera que de 0,5%. La situation sera accentuée davantage, si le gouvernement met en œuvre sa décision d'augmentation du SMIG à l'horizon 2016». Oui la situation ne sera pas rose comme le souligne d'ailleurs le dernier rapport annuel de l'Organisation mondiale du travail (OIT). L'institution relève que dans les dix ans à venir la situation de l'emploi dans la région de l'Afrique du Nord. Pis, elle sera préoccupante. Le taux de chômage pourrait atteindre dans cette zone les 11% en 2012. Il touchera en premier lieu la population des jeunes diplômés. Ces nouveaux éléments «doivent être pris en considération par le nouveau gouvernement d'autant plus qu'il a fixé des objectifs ambitieux avec un plan d'action limité», commente Belahrach. Un lourd passif à solder On se demande comment l'Exécutif compte solder le passif en matière de chômage, particulièrement parmi les diplômés chômeurs. Cela passera par «le suivi de la mise en œuvre des programmes Taehil, Moukawalati et Idmaj, à travers une série de nouvelles initiatives», a souligné Benkirane lors de la présentation de la déclaration gouvernementale. Il s'agit, en effet, du lancement des programmes «Moubadara», dédiés à promouvoir l'emploi au sein des associations de proximité oeuvrant dans le champ sociopédagogique. Ce dernier permettrait, selon les professionnels, «de réduire le taux de chômage dans les quartiers défavorisés et de créer une sorte d'équilibre régional». Le deuxième programme annoncé par le chef du gouvernement est baptisé «Taatir». C'est une action orientée vers les diplômés en chômage de longue durée. Elle vise à faciliter l'insertion de 50.000 jeunes par an. Enfin, le troisième programme, «Istiaab», doit servir de système incitatif pour assurer l'intégration de l'économie informelle. Pour garantir l'efficacité de ses actions, le programme gouvernemental préconise de doubler le rendement de l'auto-emploi, de mettre en place un observatoire national de l'emploi, de développer un système précis d'études du marché de l'emploi, d'élargir la représentativité au sein du Conseil d'administration de l'ANAPEC et de dynamiser le Conseil supérieur et les Conseils régionaux de l'emploi. Un plan d'action que l'économiste Abdelkader Berrada trouve à la fois ambitieux et pragmatique, mais qui ne pourra se réaliser que si «le gouvernement s'investit dans la redynamisation des secteurs de l'agriculture, de l'industrie et du BTP, ainsi que dans la mise en place d'une stratégie efficace de modernisation de l'administration publique». Consolider les acquis À en juger par la déclaration gouvernementale, L'Exécutif ambitionne de rendre justice à une large frange de citoyens souffrant d'indigences multiformes, tels que les maladies, le handicap, le manque de couverture sociale. Le programme table sur une profonde refonte des institutions publiques opérant dans ce domaine sur la base d'une approche intégrée. Cette démarche ambitionne de permettre à près de 10 millions de citoyens de tirer profit de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) et de mettre en œuvre le régime d'assistance médicale qui devra bénéficier à 30% de la population, soit 8,5 millions de personnes. À cet effet, le programme s'engage à créer un fonds public d'assurance sociale pour les démunis, d'élargir l'AMO aux professions libérales, commerçants, artisans, étudiants ainsi qu'aux salariés du privé, et à réduire les charges assumées par les ménages dans le domaine de la santé. Ce n'est pas tout. Le chef du gouvernement a également annoncé que son programme «préconise de soutenir les droits essentiels des travailleurs, de conforter la stabilité au sein de l'entreprise et de parachever le régime juridique régissant le Code du travail». Il ambitionne une réforme intégrée des régimes de retraite, de manière à en préserver l'équilibre financier et à élargir la base des bénéficiaires, afin de toucher les professions libérales, le secteur informel, l'artisanat, la pêche maritime et les coopératives. Ce projet passera principalement par la réforme de la Caisse de compensation, en vue d'en rationaliser les dépenses et d'en faire bénéficier prioritairement les couches les plus démunies. Enfin, pour ne pas se focaliser uniquement sur la population active en milieu urbain, le gouvernement s'est engagé, à poursuivre la mise en œuvre des programmes de la deuxième tranche de l'INDH. Ces derniers visent à élargir la base des bénéficiaires notamment en milieu rural et dans les zones difficiles d'accès.