La nouvelle est tombée comme un couperet dans les rangs des professionnels espagnols de l'agriculture. Le vote de la commission du commerce international INTA du Parlement européen (PE) en faveur de la ratification de l'accord agricole, vient bouleverser les plans de ce lobby hostile à l'entrée de produits marocains sur le sol européen. Cependant, la mobilisation ne fléchit pas et les espoirs sont à présent placés sur le vote décisif en plénière du PE, prévu le 15 février prochain. ça chauffe ! Les agriculteurs, voulant minimiser l'impact de cette première défaite, répètent, confiants, que le PE barrera la route au texte, pour le renvoyer à la Commission européenne. Mauvais perdants, les Espagnols peinent à reconnaître ce camouflet. Dans des déclarations à l'agence EFE, le directeur général de FEPEX, la fédération des associations de producteurs et exportateurs de fruits et légumes, José Pozancos, se console en prétendant qu'il s'attendait à un tel verdict, puisque lui et ses pairs savaient par avance que le rapport allait être favorable au Maroc. «Cette commission veille sur le respect du libre-échange et c'était prévu que sa position soit contraire à celle mise en avant par la Commission de l'Agriculture (ndlr, laquelle avait recommandé son rejet)», a-t-il allégué. Le représentant espagnol des agriculteurs a remis en doute les compétences de la commission, laquelle selon lui n'a pas pris en compte «l'impact social, économique et environnemental de l'accord en Espagne et au Maroc». Pour sa part, COAG, la cheville ouvrière de la mobilisation, n'y est pas allée avec le dos de la cuillère pour déprécier le consentement de la commission. Touchée au vif, l'organisation a traité la position des membres de ladite commission d' «attaque frontale» contre le secteur des fruits et légumes. COAG, qui ne fait pas dans la dentelle est allée jusqu'à qualifier le vote de «décevant et hypocrite». Résignée à ne pas rendre les armes, l'association a promis de faire feu de tout bois pour barrer la route aux produits marocains. Le plus étrange est que l'ensemble des contestataires ont préféré faire la sourde oreille aux messages rassurants de la CE. Encore une fois, la Commission européenne a balayé d'un revers de la main les attaques dirigées contre les produits nationaux, niant l'existence de tout déséquilibre dans cet accord de partenariat. Roger Wiler, porte -parole du Commissaire à l'agriculture a exprimé la satisfaction de l'organisme qu'il représente suite à ce premier passage réussi dans l'hémicycle européen. Au point de se répéter, Roger Wiler a reconfirmé le caractère pondéré de l'accord. «Bruxelles croit que c'est un accord équilibré, qui bénéficiera aux deux parties, l'européenne comme la marocaine et consolidera cette importante relation». Wiler a rappelé à tous ceux qui veulent l'entendre que l'accord a reçu la bénédiction des Vingt-sept, dont l'Espagne. Certes, la sentence de l'INTA est salutaire, toutefois il est encore tôt pour crier victoire, puisque le PE a appris à la partie marocaine de garder la tête froide. Le lobby espagnol n'a pas encore épuisé tous ses cartouches et son dernier baroud d'honneur, à savoir le virement de cuti des socialistes, risque de faire des ravages. Si du temps des socialistes au pouvoir, les camardes de Zapatero défendaient bec et ongles le traité agricole, aujourd'hui, ils préfèrent changer leur fusil d'épaule pour suivre le courant et se refaire une virginité politique auprès de leurs électeurs. On se rappelle comment la ministre de l'Agriculture d'alors, Rosa Aguilar avait réfuté, à maintes reprises, les contre-vérités de ses concitoyens sur le non respect des quotas et des normes phytosanitaires par les producteurs nationaux. À l'heure qu'il est, tout cela est de l'histoire ancienne. Jeudi dernier, socialistes et populaires ont mis de côté leurs divergences pour scander en chœur le non espagnol. Une alliance hybride qui fait sans l'ombre d'un doute le bonheur des agriculteurs, lesquels ont garanti l'appui de l'ensemble des formations politiques espagnoles qui siègent dans les bancs de l'hémicycle européen.