C'est acté. Les députés viennent de statuer pour l'investiture constitutionnelle du gouvernement de Benkirane. 218 voix pour, 135 voix contre, tels sont les résultats de la séance du vote de confiance qui s'est tenue ce matin sous la coupole du Parlement à Rabat. Finalement, le discours mobilisateur, du chef du gouvernement lui a permis d'obtenir le vote de confiance de la majorité des représentants, probablement grâce à la fibre patriotique qui en est ressortie. Sans verser dans le moralisme, Benkirane a défendu sa vision en insistant sur «la coupure qui doit être opérée». Rappelons-le, le chef du gouvernement a adopté une feuille de route «avec des priorités précises aux niveaux législatif et institutionnels qui sont au nombre de 600 mesures» et concernent notamment les lois de finances annuelles et les visions sectorielles. En ce qui concerne la charte de la majorité, l'une des questions les plus récurrentes dans les discours de l'opposition, Benkirane n'a pas rejeté la balle dans le camp du G8. Assurant que les composantes du gouvernement restent homogènes, Benkirane a insisté sur le volontarisme qui avait primé lors de la formation gouvernementale. «Nous voulons avant tout un débat serein en nous positionnant au sein de l'opposition. Nous ne donnerons pas pour autant un chèque en blanc au gouvernement car déjà les premiers indicateurs ne sont guère rassurants. On s'attendait à ce que le nouveau gouvernement passe plus de temps à penser sa stratégie au lieu de rester des semaines à se quereller autour des sièges ministériels. Ce qui a donné finalement un hiatus énorme entre le programme du gouvernement et les programmes électoraux présentés par les partis de la majorité». Hakim Benchamasse, Président des conseillers du PAM «Le programme manque cruellement d'imagination. Les attentes étaient énormes, mais il semble que le gouvernement n'a pu faire un bilan précis du legs du gouvernement précédent. Nous avons beaucoup travaillé avec les élus du PJD, du temps où ils étaient dans l'opposition, sur plusieurs dossiers pendant trois législatures. Nous estimons qu'il est du devoir du gouvernement de rester sur les mêmes engagements qu'il a pris devant les électeurs». Driss Radi, Président du groupe de l'UC «La charte de la majorité est un pas important qui a été réalisé. Les grands axes du programme sont imprégnés par une dimension politique très marquée au lieu de se contenter de chiffres creux, car l'enjeu reste l'impact des indicateurs sur le quotidien des citoyens. Nous avons aussi des objectifs pour réhausser le rendement des deux instances parlementaires. Il est par exemple anormal que l'autonomie financière du Parlement soit toujours absente, et que ce soit le gouvernement qui décide de ce budget». Mohamed Mobdii, Président du groupe du MP «Malgré nos multiples remarques, nous ne continuerons pas à soutenir cette nouvelle expérience et nous ne tenons pas à ce qu'elle se solde par un échec. En tant que centrale syndicale, nous avons une série de demandes urgentes qui n'ont pas été mentionnées». Mohamed Daidiaâ, Président du groupe fédéral.