C'est ce jeudi 26 janvier que les députés statueront sur le sort de l'investiture constitutionnelle du gouvernement de Benkirane . Le «dernier mot» que prononcera le chef du gouvernement reste une étape où il devrait plus s'orienter vers les élus de l'opposition, qui ont exprimé leur scepticisme à l'égard des mécanismes, qui seront mis en œuvre, durant les 5 prochaines années, pour atteindre les objectifs du programme. «Ce sont les lois des finances qui traduiront les visions sectorielles qui seront mises en œuvre, insiste le président du groupe du PJD, c'est très facile de dire que le programme manque de vision». Les députés de la majorité, qui étaient peu nombreux lors de l'ouverture du débat parlementaire, lundi, devront par contre être au complet demain lors de la séance du vote avec la majorité des deux tiers des voix exprimées, qui est requise. Noureddine Madiane, le président des députés de l'Istiqlal est, pour sa part, très confiant sur la cohésion du gouvernement durant cette étape. «Le parti de l'Istiqlal a contribué à ce programme, à partir des programmes électoraux des 4 partis, note-t-il, et il y a une continuation avec le programme du gouvernement sortant». L'opposition affûte ses armes En attendant, les trois partis de l'opposition tentent de mettre en avant le différend de principe qui existe entre les deux parties. Le RNI, qui après une longue période de mutisme, ne s'est pas contenté de lancer des critiques acerbes au programme, mais a visé aussi les soubassements de la nouvelle alliance gouvernementale, «dont les composantes ont déjà commencé à se jeter les responsabilités alors qu'on attendait un programme historique pour cette période historique», comme l'a souligné le président du groupe du RNI, Rachid Talbi Alami. «On sera dans une véritable impasse, si ce gouvernement obtient la confiance de la chambre, et il suffit de constater que le chef du gouvernement a cédé à la logique de la complaisance en créant un poste de ministre d'Etat sans portefeuille», insiste le nouveau leader de l'opposition parlementaire. Le courant ne passe pas uniquement entre l'opposition et le PJD, mais également avec le PPS, qui a été accusé de «cautionner les régressions affreuses en matière des droits de la femme». Le principal parti de l'opposition a déclaré ouvertement que le gouvernement ne lui accordait pas sa confiance, sans pour autant souhaiter qu'elle tombe d'une manière trop prématurée. La tâche sera difficile mais non impossible pour la majorité qui ne pense pas qu'elle soit obligée de sortir ses calculettes pour avoir la confiance des députés. «L'opposition est en droit d'exprimer son désaccord avec le gouvernement. C'est son nouveau statut constitutionnel, constatent certains de la majorité, mais l'opposition au gouvernement n'est pas synonyme d'une absence de la confiance que nous comptons donner demain au nouvel Exécutif pour commencer ses missions». Le débat au sein de la deuxième chambre s'est, quant à lui, ouvert hier. Privés du droit de vote, les conseillers ont exprimé des points de vue qui sont restés fidèles à ceux évoqués par les groupes au sein de la première chambre. Dixit... «Nous voulons avant tout montrer qu'il y a une troisième voie entre la descente dans la rue et le cautionnement des injustices. Nous soutenons ce gouvernement car il s'est engagé à restaurer la confiance entre l'Etat et le citoyen, et dans l'action politique. Notre parti qui a souffert des tentatives de sa diabolisation veut rompre avec la logique de l'arbitraire dans la gestion publique et l'accaparement des richesses. Le programme, qui contient 90 mesures politiques, et plus de 200 autres à caractère économique et social, n'est pas une déclaration d'intention». Abdelaziz El Omari, Représentant des députés du PJD «Nous avons eu droit finalement à une structure classique du gouvernement. Pour ne pas citer que l'effacement de la présence des femmes, le président du gouvernement n'a pas encore bien saisi que le temps de la primature aux pouvoirs limités est révolu, et qu'il faut qu'il assume ses responsabilités. Il n'y a pas de vision dans la «déclaration», et non le programme, du gouvernement. La baisse du chômage d'un peu plus d' 1 point indique que l'emploi sera le cheval de Troie. Au sein du RNI, nous pensons vraiment que le gouvernement n'est pas en mesure d'être à la hauteur des attentes». Rachid Talbi Alami, Président du groupe du RNI «Le gouvernement sera appelé à gérer l'agenda politique très chargé de cette législature. Pour les urgences, il faudra d'abord s'attaquer à la mise en place de l'instance de parité au plus tard d'ici la fin de la première moitié de cette législature. Il y a d'autres mesures urgentes qui n'ont pas besoin de lois, mais d'actions, C'est le cas pour la suppression des privilèges, la lutte contre la corruption et la mise en place de nouvelles règles pour la gouvernance. Les relations avec le Parlement devraient, pour leur part, être renforcées car il y a 20 nouvelles lois à voter, à côté des 16 organiques, et la mise en place de 10 institutions constitutionnelles». Noureddine Médiane, Président des députés de l'Istiqlal Solidarité oblige ! Si Benkirane cherche le quitus parlementaire, les 4 partis de la majorité s'apprêtent, quant à eux, à passer ce jeudi leur premier examen de solidarité avec l'Exécutif. Les partis de l'opposition, qui se cherchaient encore juste avant le début de l'examen, n'ont pas été cléments lors de leurs évaluations dans l'attente du verdict final des députés. A la veille de cette séance, la majorité parlementaire n'a pas de quoi s'inquiéter sérieusement sur le sort du quitus attendu. Si le RNI et l'USFP ont laissé entendre que le programme de Benkirane est peu courageux et qu'ils «comptent faire ce qu'il y a lieu de faire», selon certains de leurs représentants, l'attitude du PAM et de l'UC seront à surveiller. La rencontre du leader du PJD avec celui du PAM au siège du parti de la lampe, et qui a eu lieu juste avant le démarrage des débats, laisse indiquer que l'étau ne s'est pas resserré autour du gouvernement.