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Chambre des représentants : Le gouvernement investi à une large majorité : 218 voix contre 135
Publié dans Albayane le 26 - 01 - 2012

Le nouveau gouvernement a été, conformément à la Constitution, officiellement «investi» après le vote, hier à la mi-journée, de la Chambre des représentants en faveur du programme gouvernemental à une large majorité. Le programme présenté par le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane, a été adopté par 218 voix contre 135. Aucune abstention n'a été enregistrée. Après les débats au sein des deux chambres du Parlement, entamés depuis lundi dernier sur le programme gouvernemental, le chef de gouvernement a répondu, lors de deux réunions séparées, aux critiques et remarques exprimées par les groupes parlementaires.
Abdelilah Benkirane a estimé que les interventions de la majorité et de l'opposition émanent d'une volonté sincère de coopération constructive pour l'édification d'un Maroc meilleur afin de gagner les défis de la mutation démocratique, du développement économique et de la justice sociale ».
Aussi, malgré les critiques souvent stériles, le chef du gouvernement n'a pas recouru à l'arme de la polémique, préférant voir en les souhaits de succès adressés par l'opposition au gouvernement, au-delà de ses critiques et remarques, «une haute conscience collective de la nature de l'étape politique, exceptionnelle et critique». Il a relevé qu'il y a «un point commun à l'opposition et à la majorité qui consiste en la primauté de la lutte contre la dépravation et l'hégémonie ainsi que la consécration de la bonne gouvernance ».
Il fera de la gouvernance un véritable cheval de bataille, étant à la base du programme gouvernemental qui «procède d'une analyse et d'un diagnostic profonds de la problématique de l'absence d'une bonne gouvernance».
Il poursuivra : «Le programme gouvernemental que nous avons présenté au parlement procède d'une analyse et d'un diagnostic profonds de la problématique essentielle qui hypothèque l'avenir de notre pays, entrave notre capacité à produire la richesse et ne permet pas une répartition équitable de celle-ci en dépit des ressources humaines et financières dont nous disposons».
Cette problématique, a-t-il précisé, réside dans l'absence dans notre société d'une bonne gouvernance, qui «réhabilite le travail et la production, en tant que valeur religieuse, humaine et sociale qui conforte l'efficacité et la compétence dans la réalisation et la lutte contre la corruption en matière de gestion de la chose publique, qu'il s'agisse de la corruption, du népotisme, du détournement des deniers publics et de l'abus du pouvoir, et sur la base d'une approche prospective visant à bâtir un avenir meilleur».
Pour Abdelilah Benkirane, qui répondait à l'accusation de continuité sans changement » ou «changement dans la continuité», a affirmé que «l'équilibre entre le changement novateur et la continuité responsable des stratégies et politiques, s'est traduit par l'adoption de 10 stratégies qui existent déjà et l'ajout de plus de 20 nouveaux stratégies et programmes».
La méthodologie basée sur la poursuite des actions et la capitalisation sur les acquis, a expliqué le chef de gouvernement, «induisent la nécessité de poursuivre l'adoption des stratégies et des chantiers, que nous avions considérés, dans notre programme électoral alors que nous étions dans l'opposition, comme étant un acquis devant être mis en valeur et promu».
Le chef de gouvernement a également affirmé que le programme gouvernemental «a traité l'ensemble des questions abordées par l'article 88 de la constitution qui constitue l'unique référence pour en définir le contenu ».
Contrairement aux détracteurs du gouvernement, il a démontré que «le programme gouvernemental a néanmoins défini la vision adoptée par le gouvernement, avancé les chiffres et tracé les objectifs structurants et détaillé les mesures prônées pour donner corps à cette vision et à ces objectifs, soulignant qu'il s'agit d'"un programme ambitieux traduisant clairement une volonté d'une réforme profonde et progressive dont notre pays a besoin».
Il a ainsi insisté sur «la nécessité de faire le distinguo entre le programme gouvernemental et les lois de finances qui explicitent la programmation des différents projets et réformes évoqués de manière globale dans le programme gouvernemental et l'action sectorielle du gouvernement dont il définit les mesures d'exécution, prévoit les ressources financières et humaines et arrête l'échéancier y afférent».
Quant à l'attitude de l'opposition, depuis la nomination du nouveau gouvernement et particulièrement lors des débats sur le programme gouvernemental, Benkirane dira qu'elle «devra se mouvoir en un partenaire efficient et constructif dans le processus de développement que connaît le Maroc, en développant un discours de qualité, en approfondissant son analyse de la situation du pays et en se hissant au rang de force de proposition afin d'être à la hauteur de la position que lui confère la nouvelle constitution».
Il a aussi reproché aux partis de l'opposition de s'être bornés à «critiquer le programme gouvernemental sans apporter des propositions concrètes».
Pour ce qui est de la majorité gouvernementale, le chef du gouvernement a rappelé qu'elle ouvre la porte à la mise en place d'un «gouvernement solide, efficient et solidaire basé sur le ferme attachement à la charte de la majorité et traduit la volonté du peuple marocain de se doter d'un exécutif responsable qui soit sensible à ses préoccupations et attentif à ses attentes». Pour lui, «le processus de concertations mené avant la formation du gouvernement a été couronné par la mise en place d'un cabinet renouvelé à hauteur des deux tiers et marqué par une forte présence des jeunes».
Concernant la sous représentativité de la femme au sein du gouvernement, Benkirane a reconnu que les partis de la majorité «avaient été confrontés à d'innombrables difficultés pour le choix des ministrables en l'absence de procédures de choix des membres du gouvernement qui consacrent la discrimination positive en faveur des femmes tant dans les propositions des partis que lors de la composition de l'exécutif».
Il a estimé à ce propos que la présence distinguée de la femme au sein du parlement a été rendue possible à la faveur de plusieurs dispositions légales notamment à travers la circonscription nationale, relevant toutefois que la gente féminine a brillé par une absence palpable au niveau des circonscriptions locales (quatre sièges seulement dont trois sont revenus aux partis de la majorité gouvernementale) et que tous les partis confondus «n'avaient présenté de femme-tête de liste aux Législatives qu'à hauteur de 5% ».
Abdelilah Benkirane a toutefois affirmé s'engager à ce que «la femme puisse occuper des positions avancées dans la gestion de la chose politique et publique à travers la promulgation de dispositions législatives et réglementaires leur garantissant une représentativité équitable notamment dans le gouvernement et au sein des conseils d'administration dans le respect des dispositions de la constitution ».
Pour ce qui est de la répartition des portefeuilles au sein du gouvernement, Benkirane a assuré avoir veillé à ce que les membres du gouvernement remplissent les conditions de compétence et de droiture, loin de tout esprit partisan étriqué, ajoutant qu'il assume la responsabilité entière du rendement du gouvernement qui doit être responsable, solidaire et homogène dans son action.
Dans le domaine social, le gouvernement préconise «une nouvelle approche intégrée, basée sur des objectifs structurels en vue de faciliter l'accès aux prestations sociales».
Benkirane a souligné que cette approche vise à «assurer la promotion sociale, à lutter contre la pauvreté, et à intégrer toutes les régions, catégories et générations dans le circuit économique et le processus de développement du pays».
Elle a également pour objectif de «faciliter l'accès à la politique et aux prestations sociales, notamment l'enseignement, la santé, l'habitat, la protection sociale et la généralisation de la couverture sociale et sanitaire».
Un souci particulier de l'action gouvernementale est réservé à «certaines catégories, dont les femmes en situation difficile, les jeunes et les personnes aux besoins spécifiques, qui seront ciblées par des politiques adaptées qui viendront compléter les prestations transversales».


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