Selon le gouvernement espagnol, Rabat et Madrid mènent des négociations discrètes pour aboutir à une solution définitive concernant le rapatriement des migrants mineurs et adultes. Les autorités marocaines et espagnole ont entrepris, discrètement, des négociations pour mettre au point une solution équitable et respectueuse des droits humains, au dossier des migrants mineurs marocains. En visite à Sebta, Maria Luisa Carcedo, la ministre espagnole de la Santé, a déclaré que des négociations sont en cours entre les deux parties, marocaine et espagnole, pour coordonner un «retour concerté» des mineurs au Maroc, pays d'origine de la majorité de ces migrants, a-t-elle souligné. Cette opération sera conforme aux dispositions du protocole signé en 2012 mais jamais appliqué, selon la ministre du gouvernement de Pedro Sanchez. De fait, le protocole a été ratifié en 1992 suite à une entrée massive de migrants via Mélilia. Mais ce n'est qu'en 2012 qu'il fut appliqué pour la première fois. «Nous menons un programme global pour aborder ce sujet, non seulement à partir de l'accueil des mineurs pour contrôler la situation et donner des solutions au Maroc, mais une fois que ces mineurs sont ici, nous avons la responsabilité, en tant que pays, de venir à leur aide», a-t-elle affirmé. Interpelée sur le contenu de ces négociations et leur rythme, la ministre espagnole s'est abstenue de donner davantage de détails. «Je ne suis pas en mesure de livrer des détails mais dans ces pourparlers, il est question de trouver une solution pertinente et en accord avec les droits humains, au sujet des migrants mineurs et des non-mineurs», a-t-elle soutenu. L'Exécutif de Sanchez joue à présent la carte de la discrétion, après les fracassantes révélations sur les colonnes d'El Pais, aussi vite démenties par le Maroc, au sujet de l'accosatge des bateaux de sauvetage espagnols transportant des migrants. En ce qui concerne le rythme de ces discussions, la ministre s'est refusée d'avancer des dates. Toutefois, celle-ci a laissé entendre qu'un accord sera pacté «à court terme». «Nous devons accueillir ces mineurs qui débarquent chez nous car notre législation est protectrice et parce que, en tant que pays, nous sommes responsables de le faire dans les meilleures conditions. La loi nous y oblige et nous ne voulons pas les abandonner», poursuit-elle. Les déclarations de la ministre espagnole pourraient être interprétées comme une réplique aux propositions de l'antenne sebtie de la formation d'extrême droite VOX au sujet de ce dossier. VOX a, en effet, appelé au refoulement, manu militari, des mineurs marocains. Pis encore, la formation a suggéré la création d'une commission chargée d'analyser, du point de vue juridique, la possibilité d'interner ces jeunes dans des centres de placement fermés, en attendant leur extradition. VOX a déjà un endroit en tête pour regrouper ces jeunes : un centre pénitencier abandonné! La sortie de la ministre espagnole serait donc une tentative de l'Exécutif central de calmer la population sebtie et celle de Mélilia, à propos de cette affaire qui occupe une place importante dans les débats politiques espagnols en cette période électorale. L'annonce de la réunion maintenue, en février dernier, entre le wali Khalid Zerouali, directeur en charge de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l'Intérieur et des responsables du gouvernement local de Madrid avait aussi pour finalité de démontrer qu'une solution imminente serait sur le point d'être trouvée.