À quelque chose malheur est bon. Au moment où les Espagnols pleurent les mesures d'austérité draconiennes annoncées par Mariano Rajoy pour réajuster les comptes et résorber le déficit, le gouvernement espagnol a décidé de proroger l'aide de 400 euros, destinée aux familles ayant épuisé leurs droits aux indemnités de chômage. La décision, qui est destinée aux nationaux comme aux immigrés, profite à plusieurs familles marocaines en fin de droit, lesquelles peinent à joindre les deux bouts. Selon les dernières statistiques disponibles, 100.000 foyers marocains se trouvent actuellement sans aucune source de revenus du fait que l'ensemble de leurs membres se trouvent actuellement sans emploi. «Nous applaudissons vivement cette initiative car dans la communauté de Madrid où se trouvent environ 80.000 marocains, nombre d'entre eux ne survivent que grâce à cette aide caritative», se réjouit Hassan El Arabi, président de l'association Solidaire pour l'intégration socioprofessionnelle des immigrés ASISI. Un avis partagé par cet activiste associatif de la région de Catalogne, lequel considère que la décision tombe à point nommé. «L'on imagine mal comment ses familles allaient s'en sortir avec zéro revenu. La situation empire davantage et chaque fois, la liste des nécessiteux s'allonge». Et ce ne sont pas que les travailleurs temporaires ou non-qualifiés qui boivent le calice. La crise économique espagnole frappe sans distinction, ne faisant plus la différence entre un universitaire, un travailleur qualifié ou un dépourvu de toute formation. Le gouvernement sortant de Zapatero avait prévu la fin de cette aide le 15 février mais fort heureusement, le nouvel Exécutif a décidé de la reconduire pour les six prochains mois. Seulement, elle est loin d'être ouverte à tout le monde. À condition... L'aide est destinée aux personnes sans emploi, inscrites dans l'un des cours de formation prodigués par l'Etat. Dans ce sens, les Marocains se plaignent du fait que ces cours sont réservés exclusivement aux nationaux et les immigrés ont peu de chance d'y accéder. Un fait nié en bloc par ASISI, dont le dirigeant considère que ce prétexte est répandu au sein de la communauté marocaine pour justifier le manque d'initiative de ses membres. «Les Marocains opérant dans les secteurs temporaires accordent peu d'importance à la reconversion professionnelle, contrairement aux immigrés issus des autres nationalités comme les latino-américains. Ce qui explique d'ailleurs le taux très élevé de précarité dans les rangs du collectif marocain», se lamente El Arabi. Le chômage continue à faire des ravages auprès des résidents d'origine marocaine. Plusieurs études s'accordent à dire que la crise a durement sanctionné nos compatriotes. En 2010, 42,4% des 775.054 résidents marocains sur le sol espagnol n'occuppaient aucun emploi. Alors qu'en 2006, ce taux était à peine de 16,2%. Cela s'explique par le fait que les Marocains occupent surtout des postes dans le travail temporaire ou dans les secteurs frappés de plein fouet par la crise comme celui du bâtiment. À cela s'ajoute le fait qu'un nombre important d'espagnols se ruent désormais sur les secteurs occupés auparavant par les immigrés comme l'agriculture. Crise oblige...