L'Association des travailleurs et immigrés marocains en Espagne (ATIME) a effectué une enquête pour savoir ce que pensent les immigrés marocains du plan espagnol du retour volontaire. Kamal Rahmouni, président de cette ONG, dévoile les résultats de cette enquête. ALM : Quelle est votre lecture des résultats de l'enquête effectuée par votre association ? Kamal Rahmouni : Notre enquête peut avoir comme grand titre «Les immigrés marocains en Espagne refusent le plan du gouvernement Zapatero». Les résultats de l'enquête annoncent que les immigrés marocains rejettent catégoriquement l'offre espagnole consistant à verser aux immigrés sans emploi leurs indemnités de chômage capitalisées pour qu'ils acceptent de retourner à leurs pays d'origine. Cette enquête a concerné des immigrés appartenant à différentes tranches d'âges et aux différentes classes sociales. Plus de 78% ont affirmé qu'ils ne pensent pas au retour. Ce plan peut intéresser les immigrés issus de l'Amérique latine en Espagne, mais pas les immigrés marocains. La majorité de ces immigrés qui se trouvent en Espagne depuis à peine une année rejettent catégoriquement ce plan, alors que la catégorie qui reste relativement favorable y réside depuis un à cinq ans. Il y en a qui proposent entre 20.000 et 300.000 euros pour renoncer à leurs «papiers» et accepter de retourner volontairement au Maroc. Mais, je peux vous assurer qu'ils ne pensent pas vraiment au retour.
Comment imaginez-vous l'avenir de ce plan du retour volontaire des immigrés ? Je suis convaincu que le plan lancé par le gouvernement espagnol se soldera par un échec. D'abord, c'est qu'au départ l'opération concernait un million d'immigrés. Aujourd'hui le nombre a été réduit et on parle désormais de 6000 à 10.000 immigrés. Ce plan n'est qu'une nouvelle formule visant l'extradition des immigrés vers leurs pays d'origine. L'autre facteur qui joue à l'encontre de ce plan, c'est que l'immigration en Espagne est un nouveau phénomène comparé aux autres pays d'Europe. Dans le sens où nous sommes à la troisième génération, et les immigrés cherchent plutôt à s'intégrer. L'autre facteur qui peut contribuer à l'échec du plan du retour volontaire réside dans le fait que les pays d'origine n'encouragent pas suffisamment les immigrés pour revenir et investir.
Une polémique a éclaté autour du plan espagnol du retour volontaire. Qu'est ce qui a poussé le gouvernement espagnol à prendre une telle initiative ? Nous sentons, depuis l'élection de Zapatero à la tête du gouvernement, que la situation des immigrés a empiré. On parle actuellement de la crise économique que connaît le pays. Et les immigrés sont considérés comme responsables de cette crise. À tel point que les partis politiques ont fait du dossier de l'immigration leur cheval de bataille électorale, notamment les partis de la droite.
La crise économique que connaît l'Espagne justifie-t-elle cette initiative ? Assurément la crise économique constitue l'un des dossiers chauds de l'agenda du gouvernement espagnol. La situation va de mal en pis. Les chiffres annoncés chaque jour sont alarmants. Les banques font faillite. Les sociétés ferment leurs portes. Et le contexte économique mondial n'arrange pas les choses. Toutefois, on s'attendait à une telle situation. Puisque la politique économique est axée sur le secteur du bâtiment, du tourisme… Il faut penser absolument à diversifier les secteurs d'activités pour sortir de cette impasse. Les immigrés en chômage rejettent le plan du retour volontaire La majorité des immigrés marocains en situation de chômage en Espagne suite à la crise économique qui frappe le pays réclament une indemnité oscillant entre 20.000 et 300.000 euros chacun pour renoncer à leurs «papiers» et accepter de retourner volontairement au Maroc, a-t-on relevé lundi dans une récente enquête. Selon les résultats de cette enquête menée par l'Association des travailleurs et immigrés marocains en Espagne (ATIME), 83% des immigrés marocains rejettent catégoriquement l'offre du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, consistant à verser aux immigrés sans emploi leurs indemnités de chômage capitalisées pour qu'ils acceptent de retourner à leurs pays d'origine. Des associations de défense des immigrés estiment que cette indemnisation ne dépasserait pas, dans le meilleur des cas, les 7.000 euros, versée en deux tranches : 40% en Espagne et 60% une fois dans le pays d'origine. Les immigrés qui acceptent de bénéficier de ce plan doivent renoncer à leur carte de séjour et permis de travail et s'engager à ne pas retourner en Espagne durant les trois années suivant leur départ. Une fois passé ce délai, ils devront solliciter le retour en Espagne, après décision favorable des autorités espagnoles compétentes.