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Banques : Les «islamiques» arrivent...
Publié dans Les ECO le 23 - 12 - 2011

Après des années de tergiversations, la finance islamique semble enfin prête à connaitre son vrai départ au Maroc. La victoire du PJD aux législatives du 25 novembre dernier n'y serait certainement pas étrangère. Plus encore, l'arrivée du parti islamiste au pouvoir représenterait même un vrai déclic pour ce dossier qui n'a que trop trainé dans les tiroirs des gouvernements sortants et surtout chez Bank al Maghrib. En fait, le blocage était jusque là plus dû à des aspects psychologiques qu'économiques ou techniques proprement dits. «On a trop idéologisé la question de la finance islamique», avance Lahcen Daoudi, l'une des éminences économiques du parti de la lampe. Ainsi, la finance islamique représentait un épouvantail pour les acteurs de la banque classique. Pour certains, l'éclosion de banques «halal» allait indubitablement jeter l'opprobre sur l'activité des banques de la place, dites classiques. Ceci avait poussé les autorités à se munir de gants pour un lancement des plus timides des produits islamiques rebaptisés, pour l'occasion, «Produits alternatifs». Fin 2008, alors que les principales banques de la place s'apprêtaient à lancer ces produits, un responsable communication d'une grande banque de la place expliquait : «Nous avons reçu des consignes pour ne pas faire trop de zèle dans la communication qui accompagnera le lancement des produits alternatifs».
L'épouvantail est tombé
C'est dire la hantise des tops managements qui avaient peur que ces nouveaux produits ne concurrencent «trop» leurs produits classiques. Mission accomplie puisque le moins que l'on puisse dire, c'est que les produits alternatifs n'ont pas eu le succès escompté. Les banques de la place avaient même du mal à communiquer les réalisations au titre de ces produits, vu la difficulté inhérente à tout lancement. Aujourd'hui, le ton semble avoir changé. De l'eau a coulé sous les ponts et la création de Dar Assafa, filiale spécialisée dans le financement alternatif, par Attijariwafa Bank, a œuvré pour la banalisation de ces produits. L'épouvantail de la finance islamique est donc tombé , et les discussions sur ce dossier se dépassionnent. «Il faut prendre l'argent là ou il est», avance Lahcen Daoudi en signifiant que le Maroc ne peut s'offrir le luxe de se passer d'un canal qui peut drainer des capitaux importants. Avec la crise économique et financière européenne, cette assertion prend d'autant plus d'ampleur. En effet, il faut désormais de plus en plus viser les capitaux du golfe pour compenser le manque à gagner dû aux politiques d'austérité de nos principaux partenaires européens. Or, il est de notoriété publique que beaucoup de bailleurs de fonds issus du Moyen-orient privilégient le canal de la finance islamique pour leurs investissements. Mieux, un rapport de la Banque africaine de développement, publié la semaine dernière, explique la sous-représentation des financements émanant du golfe au Maroc ecomme suit : «La législation bancaire au Maroc n'autorise pas le type d'activités d'investissement direct auxquelles s'adonnent de nombreuses banques islamiques». Il devient désormais plus qu'urgent pour le système bancaire marocain de se mettre à jour à ce niveau pour accueillir des pétrodollars indispensables pour le financement des grands projets du royaume.
Un réceptacle pour pétrodollars
L'accord signé, le 24 novembre dernier, avec les pays du golfe, notamment le Qatar, portant sur le financement de la vision touristique marocaine en est l'illustration idoine. Près de 20 milliards de dollars seront fournis dans ce cadre par nos partenaires du golfe. Aussi faut-il d'urgence en préparer le réceptacle. Plus récemment, QIIB, une banque qatarie spécialisée dans la finance islamique, a approché le nouveau chef de gouvernement pour défendre un projet d'implantation, via une joint-venture, d'une banque islamique au Maroc. Elle se rajoutera t à la liste des établissements financiers spécialisés du golfe, notamment Emiratis, qui ont déposé une demande d'agrément auprès de Bank Al-Maghrib. Ces derniers s'étaient heurtés jusque-là au veto d'un Abdelatif Jouahri très sceptique quant à l'implantation de banques alternatives proprement dites dans le royaume. Il se dirait même que c'est lui qui a imposé l'option «produits alternatifs», au détriment de celle des «banques alternatives». Toujours est-il qu'aujourd'hui, le wali semble de plus en plus ouvert en la matière. A l'issue de la dernière session du conseil de la banque centrale qui s'est tenue mardi dernier, il avait déclaré : «L'introduction d'un chapitre sur la banque islamique est dans le pipe». Une déclaration qui ne laisse pas indifférent les observateurs qui y voient même une levée définitive du veto de BAM. Les choses s'accélèrent donc à vue d'œil et les candidats commencent à se bousculer au portillon. Ainsi, la banque populaire aurait apparemment changé son fusil d'épaule. La banque au cheval aurait abandonné ses produits alternatifs avec en ligne de mire la création d'une filiale dédiée à cette activité. Du côté du Crédit Agricole, même son de cloche. La banque serait dans les starting blocks pour s'activer sur ce segment porteur.
Les banques classiques bousculées
«Le marché marocain va être bousculé et c'est aux banques de la place de s'adapter», analyse Daoudi. Création de filiales dédiées, ouverture de capitaux, arrivée des banques moyen-orientales spécialisées, les grandes manœuvres ont commencé. En attendant, la loi bancaire doit être revue avec l'introduction d'un chapitre dédié à la finance dite «alternative». Ce projet serait, de sources proches, ficelé. Cependant, l'urgence de l'adoption des lois organiques pourraient en retarder le passage par le circuit législatif. D'ici là, d'autres mesures doivent être prises à coté. Lahcen Daoudi annonce celles qui paraissent, aux yeux du PJD, prioritaires. «La mesure la plus urgente en la matière porte sur la promulgation d'un décret concernant la conservation foncière». Cette mesure concerne plus spécifiquement les produits alternatifs liés à l'immobilier et devrait leur permettre de devenir concurrentiels par rapport aux produits classiques. Il faut dire qu'un certain nombre de mesures ont d'ores et déjà été prises durant ces derniers mois notamment en ce qui concerne la TVA et les crédits. Ces dernières étaient mises en avant car elles étaient seules garantes de l'accessibilité de ces produits à de larges tranches de la population. Ce qui reste encore la condition sine qua none de la réussite de la finance islamique dans le royaume. Le nouveau ministre des finances du gouvernement Benkirane est très attendu, la question de la finance islamique, aux cotés des amendements de la loi de finances, représentera pour lui un baptême du feu aussi symbolique que factuel.
Belkacem Boutayeb,
Expert en finance islamique.
«La finance islamique peut aisément drainer 3 à 5 milliards de dollars»
Les échos quotidien : La victoire du PJD peut-elle agir comme un déclic pour le développement de la finance islamique au Maroc ?
Belkacem Boutayeb : Il est évident et logique que la nouvelle gouvernance politique, sous la houlette du PJD, va accélérer la volonté politique du Maroc autour de l'implantation de banques Islamiques, avec le prérequis de modification et d'adaptation de la Loi bancaire.
Quels sont les obstacles qui freinent l'essor de cette discipline dans le royaume ?
Les obstacles majeurs étaient précisément cette absence de volonté politique, un environnement économique non initié à ces mécanismes pourtant séculaires de l'économie et de la finance islamique, et la frilosité quelque peu justifiée du lobby bancaire classique.
Des opérateurs du golf, notamment qataris, ont formulé leur intention de s'implanter au Maroc, est ce qu'il y a des chances pour qu'ils reçoivent l'agrément de Bank al Maghrib ?
Le Gouverneur de Bank al Maghrib avait déclaré, il y a quelques mois, avoir plus d'une dizaine de demandes d'agréments sur son bureau, en provenance de plusieurs pays du Golfe, lui posant un certain «embarras politique». La démarche Qatarie a eu le mérite d'intervenir quelques jours après l'annonce du nouveau paysage politique, de manière officielle et publique, proposant des termes attrayants à notre pays en terme d'actionnariat national, de création de valeur ajoutée enrichissant le financement de l'économie Marocaine. Cette demande a, assurément, de bonnes chances d'aboutir. C'est une question de temps, à très moyen terme.
Quel est le potentiel de capitaux susceptible d'être drainé par le truchement de la finance islamique ?
L'implantation d'une banque Islamique, ou de plusieurs, oserai-je espérer, ne pourra être que bénéfique et profitable pour le Maroc, en termes d'attraits de nouveaux investisseurs des pays du Golfe et d'Asie, mais également de la part des marocains, maghrébins et africains immigrés qui seront nombreux à investir et bénéficier des financements islamiques. Ceux-ci seront mis en place progressivement. Le niveau des capitaux entrants, par le canal de la finance islamique, peut aisément être estimé entre 3 et 5 milliards de dollars US.
Quel serait le degré de complémentarité avec
la banque classique ?
La finance islamique aura sa phase de démarrage et d'initiation au marché, avec des pointes de croissance et d'équilibre, mais saura cohabiter de manière intelligente et complémentaire avec la banque classique, suscitant les règles de compétitivité et de culture du risque entrepreneurial, souvent absentes du réflexe bancaire traditionnel. Les PME/PMI se retrouveront un peu plus en terme de facilités de financement, et la démocratie économique et financière aura acquis enfin ses lettrest de noblesse.


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