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Rendez-vous raté
Publié dans Les ECO le 20 - 12 - 2011

Qu'une chanteuse de talent et à l'avenir prometteur comme Zahara Hindi ait choisi de se produire à Tel-Aviv, pourrait être considéré comme l'expression libre d'une artiste qui chante là où on veut bien l'inviter ou là où on est disposé à lui payer des cachets mirobolants. On ne lui en voudrait pas, sinon, peut-être, de ne pas considérer le contexte et l'environnement où elle se produit ou encore de se désintéresser des causes justes. Mais elle a le droit de cultiver «l'art pour l'art» ou l'art pour l'argent. On ne peut cependant accepter que ce choix personnel se cache derrière des justifications grotesques, auxquelles personne ne peut croire. Quand les arguments de la défense sont extravagants et si peu crédibles, la meilleure stratégie est encore de se taire. Il existe bien un public qui ne demande à l'artiste que d'avoir beaucoup de talent, sans disposer d'aucune conscience. Toutefois, ce même public ne voudrait pas qu'on lui explique que si Hindi a chanté à Tel-Aviv, c'est pour «la paix». Qui pourrait le croire ? C'est décidément une tradition assommante, celle qui consiste à répondre systématiquement aux détracteurs de toute normalisation avec ce pays : «C'est pour la paix qu'on y a été». Nos universitaires oublient la recherche et s'engagent pour la paix quand ils visitent Israël, nos hommes politiques, nos hommes d'affaires, nos artistes, etc. vont tous travailler pour la paix en Israël, au lieu de continuer à faire leur métier. Dès qu'ils foulent la terre sainte, les senteurs sacrées qui s'en dégagent les transforment en grands soldats de la paix.
On se demande d'ailleurs comment avec tant de bonnes volontés, la paix avance si peu dans la région. Même l'organisateur de la manifestation à Casablanca et à Rabat, n'a aucune responsabilité dans cette affaire, ni d'ailleurs de justification à fournir pour inviter une artiste marocaine à chanter dans son pays. Certes, il y avait des protestataires dehors, mais ils ont aussi le droit de s'exprimer, quand ils le font avec «art» et sans violence.
Hindi a fait un choix. Du moins, on l'espère. Elle doit en assumer courageusement les conséquences. Elle peut toujours dire qu'elle ne savait pas que cela déplairait aux Palestiniens ou que son métier est de chanter, tout simplement. Quand l'artiste ne veut faire que de l'art, il est préférable qu'il ne réponde pas à ses détracteurs par des arguments politiques. Hindi ne devrait pas ignorer la portée symbolique de son geste. Si c'est quand même le cas, on ne peut que se désoler de voir réunis dans la même personne autant d'art et d'inconscience en même temps.
Chanter en Israël a un sens, car ce pays n'est pas comme les autres. Le geste de Hindi a donc une valeur symbolique. Elle doit savoir que si elle n'exploite pas consciemment son image, d'autres le font déjà à son insu.
Boycotter Israël ne relève ni de l'antisémitisme ni de la paranoïa. Il suffit de se documenter correctement pour se rendre compte du drame quotidien des Palestiniens. C'est pourquoi une campagne de boycott internationale s'est mise en place avec des acteurs de différents pays. Plusieurs chanteurs ont refusé de se produire en Israël. Les groupes U2, Snoop dogg, The Klaxons, les Pixies et bien d'autres ont tous boycotté Israël. En mai 2010, Elvis Costello a renoncé à deux concerts pour protester contre le traitement réservé aux Palestiniens. Carlos Santana, Gil Scott Heron, ont suivi la même voie. «Si j'y allais, je donnerais l'impression de me ficher de la souffrance d'êtres innocents», avait alors déclaré Costello. La même année, pas moins de 500 artistes de la seule ville de Montréal et 150 artistes irlandais s'étaient engagés à boycotter Israël culturellement. Pas de doute, la prestation de notre Hindi nationale aurait du mal à compenser tant de talents.
Le même gouvernement israélien, qui a ouvert les portes du pays à notre égérie de la paix, a interdit l'accès de son territoire à un juif américain venu sur la terre promise prêcher une autre vérité. Le 16 mai 2010, après trois heures d'interrogatoire, Noam Chomsky est interdit d'entrée en Israël. Un comble, quand même. Hindi serait-elle plus juste, plus utile à la paix que cet homme? Aurait-elle été autorisée à chanter à Tel-Aviv, si son répertoire était fait de chansons engagées contre l'apartheid israélien ? Un peu de modestie donc ferait du bien à nos artistes, tentés par l'aventure Israélienne. La visite de Hindi à Tel-Aviv n'a pas plus fait de mal à la Palestine qu'elle n'a fait de bien à Israël. Le seul perdant dans l'histoire est peut être Hindi elle-même... et moi qui désirais tellement l'écouter à Casablanca.


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