53% des 723 internautes qui ont répondu à notre consultation hebdomadaire online, se sont montrés sceptiques au niveau du développement des obligations perpétuelles. À contrario, 47% des internautes sont plus optimistes. En préambule, rappelons qu'en décembre 2016, 80% des 532 internautes qui ont répondu à la question hebdomadaire de Flm, s'étaient montrés disponibles à investir dans une obligation perpétuelle. Toutefois, cette nouvelle consultation apporte une nuance en évoquant le développement du marché des obligations perpétuelles et non le désir d'y investir. En effet, l'obligation subordonnée perpétuelle se distingue de l'obligation classique par sa maturité indéterminée, car le capital initial peut n'être jamais remboursé. Aussi, le principal et les intérêts relatifs à ces obligations perpétuelles, constituent des engagements subordonnés de dernier rang. De plus, souvent, l'obligation subordonnée perpétuelle intègre une clause de différé de paiement des intérêts, sous réserve du respect de certaines conditions. Mieux ou pire, parfois des émetteurs font assortir les obligations perpétuelles de mécanismes d'absorption des pertes et d'annulation ou de différé du paiement des coupons. Il s'agit en gros de mesures prévues de non-paiement de coupon ou de réduction du nominal, en cas de difficultés financières. In fine, cet instrument financier est davantage proche d'une action que d'une obligation classique, sachant que souvent des dates de Step-up (hausse de la prime de risque), sont prévues pour motiver les investisseurs. Ainsi, au-delà du montage juridique ou de l'ingénierie financière, l'obligation perpétuelle est quasiment une action sans droit de vote avec un dividende statutaire prioritaire. C'est dans ce contexte que ceux qui sont favorables au développement de ce marché, le sont tout d'abord par un souci de diversification de l'offre des instruments financiers pour les investisseurs. Aussi, l'investisseur, qui accepte les contraintes des obligations perpétuelles, bénéficie en retour d'un taux d'intérêt intéressant avec une prime de risque qui a atteint 200 pbs pour certaines émissions. Par ailleurs, certains institutionnels comme les assureurs ou les gérants d'OPCVM monétaire de grande taille, ont besoin d'adosser une partie du passif pour éviter le risque de réinvestissement et/ou d'adossement actif-passif. Surtout que souvent les taux sont révisables avec une fréquence qui peut atteindre un niveau annuel. Pour ceux qui sont plus sceptiques, la crainte est probablement liée au manque de liquidité du marché secondaire. En effet, le caractère perpétuel n'est théoriquement nuancé que par l'existence d'un marché secondaire et/ou une prime de risque importante supplémentaire payée par l'émetteur qui dispose souvent d'une possibilité de remboursement anticipé. De plus, les investisseurs particuliers ne peuvent pas encore participer directement à ces émissions, même s'ils peuvent rechercher les OPCVM surpondérées en obligations perpétuelles, ou des contrats offerts par les banques privées. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Quelle a été votre réponse à la consultation ? Farid Mezouar : J'ai répondu oui pour le développement du marché des obligations perpétuelles. En effet, toute diversification des classes d'actifs éligibles aux portefeuilles des investisseurs, est la bienvenue surtout que les institutionnels et les gérants d'OPCVM, sont bien outillés pour mesurer le couple rendement-risque. De plus, du côté des émetteurs, les obligations perpétuelles sont la solution idoine pour renforcer les ressources de long terme, sans modifier la structure du capital. Quid de la profondeur du marché des obligations perpétuelles ? Avec la nouvelle émission de l'OCP, l'encours pour les sociétés non-financières va atteindre 10 MMDH. Aussi, au niveau des banques, BMCE BOA a désormais un encours de 3 MMDH quand Attijariwafa en est à 500 MDH. Ainsi, avec 13,5 MMDH, le marché des obligations perpétuelles, offre une profondeur satisfaisante qui sera certainement renforcée par la sortie d'autres grands groupes.