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Etude financière: Les banques, principal émetteur sur le marché de la dette privée au Maroc
Publié dans L'opinion le 29 - 06 - 2014

Le marché de la dette privée au Maroc a connu un essor très important au cours des dix dernières années, avec comme principal émetteur le secteur bancaire, selon les résultats d'une étude financière présentée mercredi à Casablanca.
Dans un contexte de resserrement progressif de la liquidité de l'économie, les émissions de la dette privée, soutenues notamment les émissions de plus en plus importantes des établissements bancaires (le plus souvent sous forme de certificats de dépôt), ont évolué de 22 milliards de dirhams (MMDH) en 2007, à 77 MMDH en 2010, soit plus 250 pc en 4 ans, a relevé Brahim Sentissi, directeur du cabinet de conseil Cejefic Consuling, initiateur de cette l'étude, ajoutant que cette dynamique haussière, qui s'est poursuivie jusqu'à 2010, a été suivie par un ralentissement.
Selon l'étude qui s'intéresse au "Marché taux: positionnement et analyse", ce ralentissement s'explique notamment par la hausse des taux, qui a découragé les émetteurs et créé un effet d'éviction en faveur des bons du Trésor, un climat d'aversion au risque de la part des investisseurs ainsi que la stagnation des encours des Organismes de placement collectifs en valeurs mobilières (OPCVM), principal investisseur de la dette privée.
D'autres causes structurelles, telles que l'opacité du marché, son manque de liquidité et le manque de protection des obligataires (investisseurs), ont été également identifiées par l'étude, qui fait partie d'une série d'études visant à identifier des pistes d'amélioration pragmatiques pour le marché financier national.
M. Sentissi a également noté que la baisse importante du montant des émissions en 2013 est due à la fois à une aversion au risque du marché et à la hausse sensible des taux (à titre d'exemple le taux de coupon d'une immobilière sur 5 ans aurait été d'environ 7pc).
Et d'ajouter que les émissions de dette privée sont clairement dominées par les titres de créances négociables (TCN) qui représentent, sur la période 2003-2013, environ 75 pc du montant total des émissions.
Les émissions de Billets de Trésorerie représentent 15 pc du total des montants de TCN émis sur les 10 dernières années, tandis que 81 pc des émissions ont été effectuées par Maghreb Steel, le groupe ONA/SNI, Afriquia Gaz, Addoha et Alliances, a-t-il poursuivi.
Sponsorisée par la Bourse de Casablanca, cette étude met en avant des propositions pour redynamiser le marché de la dette privée, comme l'introduction des programmes d'émission et des statistiques sur le marché secondaire, une meilleure protection des investisseurs et la banalisation de ce marché auprès des chefs d'entreprises.
Elle décrit également d'autres pistes d'amélioration du marché de taux, notamment l'introduction de nouveaux instruments tels que EMTN (Euro Medium Term Notes, des titres de créances dont la maturité est comprise en général entre 1 et 10 ans, émis par des banques d'investissement ou de financement), obligations sécurisées et obligations indexées à l'inflation.
L'étude, qui propose aussi l'évolution de la courbe des taux d'une courbe de transactions vers une courbe de cotations, présente une analyse des obligations cotées et non cotées.
Selon Cejefic Consulting, le marché des obligations cotées peine à se développer, notamment à cause d'une liquidité très faible, d'une divergence des valorisations avec le marché de gré à gré et des frais de transaction.
L'étude a ainsi analysé les pistes à même de permettre une convergence entre le marché de gré à gré et le marché obligataire coté (convergence des valorisations piste du market making sur la dette privée et avantages compétitifs que pourrait présenter la Bourse).
La publication des primes de risques est également une piste très importante pour l'amélioration de la transparence et l'efficience du marché, selon M. Sentissi.
Enfin l'ouvrage, d'une cinquantaine de pages, se penche sur le risque de crédit, qui est plus que jamais une préoccupation des acteurs de la place, avec une analyse des clauses juridiques qui devraient permettre une meilleure protection des obligataires, la question de la notation (rating) au Maroc ainsi que les primes de risque et l'organisation du marché.
Basée en grande partie sur des réflexions avancées par les professionnels du marché, cette étude vise à alimenter le débat des opérateurs mais aussi à intéresser le grand public à travers une approche pédagogique et des annexes riches en informations.
Bien que moins connu du grand public que le marché actions, le marché de taux est une composante fondamentale du marché financier marocain. Il constitue pour l'Etat et les entreprises privées un outil de financement de poids avec plus de 432 MMDH levés via la dette privée ces 10 dernières années.
Il est également très prisé par les investisseurs. A titre d'exemple, plus des trois quarts des actifs sous gestion des OPCVM sont investis en titres de créance.
Depuis la première émission de dette obligataire réalisée sur le marché financier au Maroc, à l'initiative du Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH) en 1997, le marché de la dette privée s'est développé d'une manière remarquable.
Cependant, il fait face aujourd'hui à de nombreux challenges: manque de liquidité, aversion au risque de crédit de la part des investisseurs et faible dynamique du marché obligataire coté.


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