42% des 528 internautes qui ont répondu au sondage en ligne de FLM ont donné une appréciation positive aux opérations de titrisation. À contrario, 58% ont exprimé une opinion neutre-négative. Cette question est d'actualité car le marché financier a récemment connu deux opérations de titrisation de la part de deux émetteurs. Surtout, les maturités et la nature des actifs ont été différentes.Ainsi, via FT Energy - Compartiment II, l'ONEE a lancé une nouvelle opération de titrisation de ses créances commerciales nées et futures pour un montant de 1,5 MMDH. Maghreb Titrisation est l'arrangeur et le gestionnaire de l'opération, tandis que CDG Capital en sera le dépositaire et l'organisme de placement. La période de souscription, qui a débuté le 12 octobre dernier, s'est terminée le 13 octobre avec un taux de sursouscription de trois fois. La date d'amortissement est, in fine, prévue pour le 19 octobre 2018. Aussi, FT Olympe a été lancé pour lever un montant de 600 MDH via la titrisation d'actifs immobiliers détenus par Résidences Dar Saada et certaines de ses filiales. La période de souscription débutera le 30 octobre 2017 et sera clôturée le 1er novembre 2017 (inclus). Ce fonds a été constitué à l'initiative de BMCE Capital Titrisation qui sera la société de gestion, avec BMCE BOA comme dépositaire. La maturité est de 5 ans, avec un amortissement prévu en 3 temps avec 134 MDH le 03/11/2020, 219 MDH le 03/11/2021 et le reliquat le 03/11/2022. Pour rappel, les compartiments de fonds de placements collectifs en titrisation bénéficient d'un statut particulier en vertu du droit marocain. Le compartiment est ainsi un fonds de titrisation et une copropriété qui n'a pas la personnalité morale. En gros, il a dans son passif les obligations émises en contrepartie d'actifs réels transmis temporairement par l'établissement qui initie l'opération de titrisation. Justement, ceux qui apprécient l'investissement dans ces supports le font grâce à l'existence d'actifs réels qui garantissent quasiment l'investissement en dette privée. L'exposition ne concerne plus directement l'émetteur mais des actifs choisis par ces derniers avec un mécanisme de couverture censé prémunir contre le risque de défaillance. Aussi, souvent, les taux d'intérêt proposés sont plutôt attractifs. Ainsi, pour la titrisation de l'ONEE, la prime de risque était de 65 points de base sur une maturité d'un an. Pour Dar Saada, la prime de risque offerte est de 200 pbs sur la base d'une maturité de 5 ans avec un amortissement en 3 temps. Pour les plus sceptiques, le souci réside probablement dans le fait que souvent, ni les titres, ni les créances ne sont garantis par l'arrangeur, la société de gestion, le dépositaire, le cédant, le recouvreur ou tout autre intervenant à l'opération. Aussi, la formulation juridique peut faire hésiter car les notes d'information rappellent souvent l'absence de due diligences réalisées en direct par la société de gestion, le fonds, le dépositaire ou le conseil juridique sur les caractéristiques des actifs transférés et leur conformité aux déclarations des établissements initiateurs. Ainsi, même s'ils se font aider par des cabinets externes, les établissement initiateurs sont de ce fait les seuls responsables de la non-conformité des actifs transférés aux conditions d'éligibilité du Fonds. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Quelle est votre appréciation des opérations de titrisation ? Farid Mezouar : C'est très positif d'offrir aux investisseurs une diversification de choix, notamment au niveau de la dette privée. Surtout, je pense que ces opérations de titrisation sont une reformulation juridique et financière des émissions obligataires plus classiques. Ainsi, les investisseurs qualifiés disposent presque directement d'actifs réels en contrepartie de leurs créances. En contrepartie, ils doivent être assez outillés pour apprécier le niveau de risque des actifs titrisés. La titrisation est-elle plutôt réservée aux investisseurs qualifiés ? Oui, car les montages sont plutôt complexes avec des clauses juridiques qui doivent être bien étudiées, notamment au niveau de la substitution des actifs ou du ratio de surdimensionnement. Toutefois, les personnes physiques peuvent y être indirectement exposées quand elles investissent dans des OPCVM qui ont acheté ces instruments de dette.