78% des 897 internautes qui ont participé à la consultation de Flm, ont indiqué ne pas être inquiets par rapport à la situation actuelle de surcapacité dans le secteur du ciment. Ainsi, seuls 22% des internautes sont inquiets par rapport à la situation actuelle du secteur du ciment. En effet, depuis 2011, le secteur du ciment traverse des turbulences liées au non renouvellement de certains projets d'infrastructure ainsi que l'atonie des logements sociaux. Ainsi, entre 2011 et 2014, le secteur du ciment avait déjà affiché une baisse cumulée des ventes de 13% avant un rebond de 1,4% en 2015 et une quasi-stagnation en 2016 (- 0,7%). Ensuite, le cycle de la baisse semble être reparti avec un recul de 2,5% en 2017 et un retrait de 6,9% au premier trimestre 2018. Dans ce contexte, les opérateurs du secteur cimentier au Maroc que sont Lafarge Holcim Maroc, Ciments du Maroc, Ciments de l'Atlas et Asment Témara affichent un taux de capacité globale de production de 21,1 millions de tonnes, ce qui fait ressortir un taux d'utilisation moyen en local de 65,4% contre près de 85% en 2011. De plus, cette surcapacité est appelée à augmenter avec l'investissement de 2,8 MMDH de Lafarge Holcim dans deux usines à Chtouka-Aït Baha et à Taroudant. Ainsi, ceux qui sont préoccupés par cette surcapacité le sont car l'industrie du ciment est capitalistique avec un investissement moyen de près de 2.000 DH par tonne de capacité. Or une usine à cycle complet est souvent d'une capacité minimale d'un million de tonnes. Aussi, l'industrie du ciment est énergivore avec des quantités importantes de combustibles et d'électricité pour la production du clinker. L'énergie représente près des deux tiers du coût variable avec une nécessité de maintien d'une température élevée du four, indépendamment de la production, d'où l'importance d'une saturation des capacités. De même, le ciment voyage mal, notamment au niveau terrestre avec un coût de transport qui grève les marges. Ainsi, les cimentiers qui ont un marché naturel atone sont obligés d'approvisionner des villes plus éloignées en accordant des remises plus ou moins importantes. Par ailleurs, à court terme, les perspectives du levier des logements sociaux ne sont pas satisfaisantes car tous les acteurs ont évoqué la saturation du segment où la reprise n'est attendue que pour 2019 dans le meilleur des cas. Aussi, les derniers chiffres publics ont évoqué un déficit de logements passé de 800.000 en 2012 à 450.000 unités actuellement. Cette dernière poche semble concerner une demande peu solvable ainsi qu'une offre de moyen-standing non adaptée. Néanmoins, ceux qui ne sont pas préoccupés par cette surcapacité sont optimistes grâce aux exportations de clinker qui représentent désormais des quantités importantes. Ainsi, en 2017, les cimentiers marocains ont exporté 1,9 million de tonnes de clinker en hausse de 20%. Ce volume représente ainsi une saturation supplémentaire des capacités de production de près de 9 points. De plus, si les prix à l'export sont souvent tarifés au coût marginal, les cimenteries bénéficient désormais du régime économique du Drawback, permettant de récupérer la TIC versée sur les combustibles. Par ailleurs, au niveau des résultats, les cimentiers ont globalement résisté à la conjoncture en 2017. Ainsi, pour Cimar, l'EBE 2017 n'a augmenté que de 0,7% à 1.803 MDH, ce qui fait ressortir une marge de 44,6%. Aussi, celui de CIMAT a progressé de 1,9% à 1.214 MDH avec une marge de 44,8%. Enfin, Lafarge Holcim Maroc a affiché un EBE de 3.859 MDH en baisse de 3,2% en proforma avec une marge de 47,7%. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Peut-on parler de crise au niveau du secteur du ciment ? Farid Mezouar : Probablement, il ne s'agit pas d'une crise car malgré la mauvaise conjoncture, les marges demeurent largement supérieures à 40%, ce qui représente un pic de productivité au niveau des sociétés, tous secteurs confondus. Par contre, un trou d'air existe depuis 2011 avec une chute de près de 20 points d'utilisation des capacités de production. Aussi, les choses ne semblent pas s'arranger en 2018, notamment avec l'atonie des logements sociaux. Qu'en est-il des perspectives ? À moyen et long termes, les perspectives demeurent prometteuses car la consommation par habitant est inférieure de 33% par rapport à celle présente en Algérie ou en Egypte et de 43% par rapport au niveau de la Tunisie. Aussi, le développement quasi-structurel de l'export de clinker est intéressant car il permet de lisser l'utilisation des capacités tout en glanant des parts de marché à l'étranger. l