Dominée depuis longtemps par quatre groupes étrangers, la concurrence dans le secteur du ciment va s'accentuer avec l'entrée de Ciment de l'Atlas. Une guerre des prix verra-t-elle le jour ? Analyse. Quand l'immobilier va, tout va ! Ce vieil adage n'est pas sans fondements. Et pour preuve, avec la relance du programme du logement social, le secteur du ciment s'est démarqué au terme du premier semestre de l'année en cours avec une évolution de de consommation de 7,1 %. Pour la fin de l'année, les analystes de CFG group, dans une note sectorielle sur le marché du ciment, estiment que le secteur affichera une évolution notable de 5 %, soit 15,2 millions de tonnes. Si le secteur présente des signaux positifs de croissance, il ne profite guère aux opérateurs privés marocains vu que le secteur cimentier marocain est dominé par quatre acteurs contrôlés tous par des groupes internationaux, à savoir, Lafarge Ciments (Lafarge France), Ciments du Maroc (Italcementi Groupe d'Italie), Holcim Maroc (Holcim Suisse) et Asment Temara (Cimpor du Portugal). Cependant, l'année 2010 a été marquée par l'entrée sur le marché du premier cimentier détenu par des capitaux marocains, Ciments de l'Atlas, appartenant au «groupe Sefrioui». Ciment de l'Atlas a mis sur le marché une capacité de production de 1,6 millions de tonnes dans un premier temps, par le biais de la cimenterie de Ben Ahmed, puis une même capacité de production est prévue pour 2012 à Beni Mellal, ce qui correspondra à une capacité de production de l'ordre de 3,2 millions de tonnes contre une capacité globale de 20,3 millions de tonnes à horizon 2012. Le positionnement géographique de Ciments du Maroc dans le Sud le laisse à l'abri des tensions pour cette année. L'arrivée de ce nouvel acteur provoque une surcapacité de production (2,8 millions de tonnes, en 2011, et 4,2 millions de tonnes en 2012, selon une croissance normative du marché de 5 % par an. Cette surcapacité est générée quasi exclusivement par la région de l'Ouest qui connaît la présence de Lafarge Ciments, Holcim Maroc et Ciments de l'Atlas. D'autant plus qu' un effritement des marges est inéluctable dans un contexte de renchérissement des prix du coke de pétrole, doublé des pertes de parts de marché liées à l'arrivé du nouvel entrant. «Les cimentiers ne bénéficient pas trop de la croissance de la production nationale de ciment à cause de l'arrivé de Ciment de l'Atlas sur le marché. Par contre les cimentières ne veulent pas que les prix changent ; mais s'il le faut, elles peuvent engager une guerre des prix face au nouvel arrivant», nous déclare un analyste financier. Pour ajouter : «Dans ce scénario de guerre des prix, c'est Lafarge qui sortirait gagnante. Mais, a priori, il n'y aura pas de guerre des prix car elles tiennent toutes à leur rentabilité et la croissance du marche devrait absorber les nouveaux sans trop affecter les anciens à terme». Toutefois, selon les analystes de CFG group, les parts de marché des quatre anciens seront affectés et une guerre des prix pourrait avoir lieu. De ce fait, le nouvel entrant pourrait acquérir 11,5 % de parts de marché (PDM) à l'horizon 2012, et 15 % de PDM à l'horizon 2014, ce qui correspondrait à un taux d'utilisation de 57,5 % et 73,8 % respectivement pour le groupe. Pour Lafarge Ciments, le plus dur a été encaissé en 2010, les prochaines années connaîtront une baisse moins accentuée des PDM, avec une légère baisse des prix. Le positionnement géographique de Ciments du Maroc dans le Sud le laisse à l'abri des tensions pour cette année, une prise de PDM viendrait après l'entrée en production de la deuxième cimenterie de Ciments de l'Atlas, proche de sa région de prédilection et, plus tard, par l'arrivé de Lafarge dans la région du Souss. Pour sa part, Holcim Maroc verrait sa part de marché baisser de deux points en 2011, d'ailleurs les réalisations du premier trimestre 2011 dévoilent une forte chute des volumes de 8%, doublée d'une légère baisse des prix. En effet, la surcapacité est l'ennemie de toute industrie fortement capitalistique comme celle du ciment. Au moment où les signaux positifs affluent quant à la relance du secteur de la construction, les cimentiers de la place, principalement Lafarge Ciments et Holcim Maroc, se verront confrontés à cette problématique de surcapacité qu'ils vont devoir supporter dans le court et moyen termes. Par contre Ciments du Maroc est bien positionné et Ciment de l'Atlas continuera sa montée en puissance en s'accaparant davantage de parts de marché.