Les courbes de production et les débouchés à l'export des fruits et légumes ne suivent pas le même chemin. C'est le constat largement partagé par les participants à la conférence initiée, par Tanger Med, mercredi dernier à Meknès, en marge de la 13e édition du SIAM sur les corridors logistiques agricoles au service de la compétitivité logistique. Avec six millions de tonnes prévues par la pléthore de production du Plan Maroc Vert d'ici 2020 pour les maraîchers et les agrumes, respectivement avec 1,7 et 1,3 tonne à l'export, le grand challenge selon Kacem Bennani Smires, président de Citrus Export est d'augmenter les exportations et diversifier les marchés; alors que la croissance de production est également prévue par l'Egypte, la Turquie, la Chine et les USA; d'où l'importance du développement de la question de la logistique à travers la mise en place de lignes directes entre les bassins de production et les débouchés commerciaux. Mais malgré cette réalité, le transit time est fixé aujourd'hui à 9 jours pour la Russie et le marché nord américain; alors qu'il est de 10 jours pour le Moyen Orient, près de 20 jours pour l'Afrique de l'ouest et 30 jours pour l'Asie. «Même si on a augmenté notre part en Europe et Amérique du nord, aujourd'hui, cette évolution ne sera suffisante si on veut absorber tout le tonnage qui est en passe d'être produit alors que les vergers sont entrain de pousser et la production d'augmenter» explique Kacem Bennani Smires. En effet, après la crise en 2013-2014, la profession agrumicole s'est organisée dans le cadre du comité de coordination des exportations; alors qu'elle a mandaté un bureau en 2017 pour effectuer une étude sur les problématiques rencontrées par la filière à l'export. «Il y a des pays où les exportations d'agrumes sont bien implantées; notamment en Russie et le marché nord américain, mais au niveau des marchés proches du Maroc, les exportations sont inexistantes» ajoute Kacem Bennani Smires, d'où les marchés ciblés par ladite étude qui sont l'Allemagne qui reste le premier pays importateur d'agrumes avec moins d'1% pour les exportations marocaines, la France avec moins de 10% en plus de la Pologne et l'Afrique de l'ouest qui verra la réalisation de la plateforme logistique au port autonome d'Abidjan . Dans ce sens, les professionnels ont demandé un soutien temporaire de l'Etat sur une période de 3 années afin que le secteur s'implante dans les destinations ciblées. Du côté d'Ahmed Benhaddou, directeur général de Maroc fruit board, «la nécessité de développer le potentiel au port d'Agadir et des autres ports qui se trouvent à proximité des bassins de production» estime-t-il. Aujourd'hui, le coût du transport routier entre la région du Souss et Tanger Med mobilise 15.000 DH pour le transport routier pour les professionnels. Actuellement, 56% des volumes exportés quittent le port de Tanger Med; alors que 43% de cette production sont acheminés au départ du port d'Agadir. Le constat est le même pour la région du centre puisqu'à peine 50% des volumes sortent de Casablanca contre 40% de Tanger Med. Hassan Abkari Directeur du Port Tanger Med Passagers Est-ce que la question du transit time est satisfaisante pour les fruits et les légumes au départ de Tanger Med ? Le temps de transit comprend des composantes incompressibles qui sont liées au temps de roulage de camions et aussi au temps de contrôle qui se réalise à l'intérieur de l'enceinte portuaire, aussi bien des temps d'attente entre les différents processus, notamment l'attente avant le pré-embarquement et avant de passer au scanner...Sur les temps incompressibles, nous avons des niches avec un potentiel d'amélioration qui est, bien sûr, développé par les opérateurs en mettant deux chauffeurs et en garantissant aussi un temps de travail 24h/24 au niveau du port pour qu'il n'y ait pas d'attente avant le passage des formalités administratives. Le second volet est, lui, géré directement par les autorités portuaires et dans lequel l'implication est requise pour l'ensemble des administrations en charge des contrôles frontaliers aussi bien au niveau sanitaire qu'au niveau de la valeur (EACCE, ONSSA et Douane). Le port s'est doté de moyens de contrôle et il a mis à la disposition des acteurs des bureaux dédiés pour pouvoir garantir un temps de transit de 2 heures. L'objectif du nouveau SAS export, qui a ouvert ses portes en juillet 2017, a permis à un camion qui sort d'Agadir, d'arriver en 48 heures à Perpignan. Et pour les marchés lointains ? C'est le conteneur qui prend le relais. Tanger Med est un acteur prépondérant dans ce secteur avec deux acteurs de renommée mondiale qui partagent 50% du marché de conteneurs frigorifiques avec une connectivité de 164 ports au niveau mondial. Des opérateurs critiquent le temps d'attente au scanner. ... Notre port garantit, avec sa capacité de deux scanners opérationnels, de réduire le délai d'attente. En effet, un 3e scanner, qui vient d'être livré, sera mis en service d'ici la fin de l'année avec une capacité de 60 camions par heure. Aujourd'hui, avec les trois scanners, on passera à un taux de 80% et un temps de transit moyen d'1h 40 min pour l'ensemble de l'export marocain, y compris les produits périssables (fruits et légumes) avec un maximum de deux heures. L'année 2019 verra l'ouverture du second terminal à conteneurs à Tanger Med qui assure 48 départs par jour vers les ports internationaux afin de porter la capacité globale de 3,3 millions à 9 millions conteneurs EVP.