L'étau se resserre autour du commerce de contrebande à Sebta. Les appels à une révision de l'impact de cette activité transfrontalière fusent de toutes parts. La Chambre de commerce de l'enclave a mené une action de protestation devant la représentation du gouvernement central afin d'exprimer ses griefs contre le rush des porteurs aux frontières. Les tenanciers des échoppes à Sebta ainsi que les professionnels du secteur du tourisme souhaitent «que des espaces soit libérés permettant l'accès aux personnes sans marchandises». «Nous voulons une relation fluide et continue avec nos voisins du Maroc et ses autorités» ont souligné les manifestants. Dans leur cahier revendicatif, les représentants des commerçants ont appelé à une stricte application du Traité de Schengen. En clair, seules les personnes munies d'un visa européen peuvent accéder à l'enclave. Une démarche qui coïncide avec celle préconisée par les hautes autorités de la ville. Celles-ci estiment qu'il est temps de réglementer l'exception accordée aux habitants du voisinage leur permettant d'accéder à la ville sous la simple présentation d'une pièce d'identité attestant leur résidence dans la province de Tétouan. Une chose est sûre, les commerçants finiront par obtenir gain de cause étant donné que toutes les institutions de l'enclave sont unanimes quant à l'urgence de réduire le flux des fardeaux vers le royaume. À son tour, le gouvernement espagnol aurait manifesté son intérêt d'en finir avec ce trafic. En effet, le président de la ville, Juan Jesus Vivas a souligné que durant une entrevue à Madrid avec le ministre des Finances, ce dernier lui a transmis le souhait du gouvernement de mettre un terme à «l'économie informelle, la fraude ainsi que la concurrence déloyale» qui règne à Sebta. En somme, les jours du commerce transfrontalier sont comptés. En attendant, la cadence de cette activité ne fléchit point et les tensions sont légions aux abords des frontières. Hier mercredi, un groupe de porteurs de ballots chargés ont entrepris une course effrénée pour pouvoir passer le poste-frontière de Bab Sebta, fermé devant le commerce de contrebande à partir de 13h30. De fait, une fermeture technique est prévue à partir du 22 décembre au 8 janvier, coïncidant avec la période des fêtes en Espagne. Cette pause imposée oblige les commerçants à se ravitailler en abondance afin d'accumuler un stock conséquent pour répondre à la demande durant ces deux semaines d'arrêt d'où les bras-de-fer entre porteurs et agents espagnols.